Les discothèques, de retour dans la danse !

Publié : 16 février 2022 à 6h45 - Modifié : 16 février 2022 à 7h09 par Dolorès CHARLES

Jessica Chapelain, Franck Le Gourrierec et Régis Toutain
Jessica Chapelain, Franck Le Gourrierec et Régis Toutain
Crédit : Yann Launay

Après deux mois de fermeture, les discothèques peuvent rouvrir leurs portes depuis minuit une, et certaines n’ont pas attendu. Pas de jauge imposée mais le pass vaccinal est obligatoire. C’est aussi la reprise des concerts en mode debout, et des consommations debout dans les bars, les stades, les transports en commun et puis ... le pop-corn fait son retour au cinéma !

Ce mercredi 16 février marque une nouvelle étape dans l'allègement des restrictions sanitaires en France, avec notamment la réouverture des discothèques, qui vont remettre le son ! Elles avaient dû le couper le 10 décembre dernier, initialement pour trois semaines, et au final elles seront restées fermées deux mois. Beaucoup attendront jeudi ou vendredi, mais certaines rouvriront dès ce mercredi  : c'est le cas par exemple de la discothèque "Le Duplex", à Carnac dont la gérante Sophie Fortune, n'est pas inquiète quant au retour des clients :

"On sait que les clients sont avec nous, même pendant les 2 mois de fermeture : on avait plein de messages des clients, pour savoir quand on rouvrait... On a pas mal de réservations, et puis on a hâte de les retrouver. Ils nous manquent nos petits clients. Les jeunes d'aujourd'hui, on les a privés de jeunesse. Je sais qu'ils ont hâte de revenir. Les inquiétudes que l'on a c'est surtout au niveau du pass vaccinal : là ils ont encore changé les modalités du pass, beaucoup de clients sont dans l'incompréhension. Certains auront des surprises : quand on scannera leur QR code, ça marquera "pass non valide", on ne pourra pas les accepter... complexe à gérer."

Sophie Fortune
Crédit : Yann Launay

Les discothèques ne sont pas là pour propager le virus

Les gérants de boîtes de nuit disent vouloir regarder vers l'avenir, mais ils sont nombreux à exprimer une incompréhension. Pour Franck Le Guirrierec, patron du "Bash" à Plouhinec, la vague Omicron a prouvé l'incohérence de cette fermeture des discothèques : "on a été fermés les premiers, et ce n'est pas ça qui a empêché la vague de se faire... Ils auraient pu laisser les discothèques ouvertes, ce n'est pas là qu'on aurait eu le plus de contaminations, la preuve... On voit bien que les discothèques ne sont pas là pour propager le virus. On aurait dû rester ouvert comme tous les commerces de France..."

Nettoyage avant ouverture
Crédit : Yann Launay
Franck Le Guirrierec, patron du "Bash" à Plouhinec
Crédit : Yann Launay

Le risque des reports de remboursements

Les discothèques ont été aidées par le gouvernement, pour compenser les pertes, même si le versement est parfois un peu tardif, et les règles financières pas toujours optimales, aux yeux de Régis Toutain, co-gérant du "Missyl" à Pontivy, et vice-président du secteur discothèques à l'UMIH 56 :

"Nous on a touché il y a quelques jours les aides renfort du mois de décembre, par contre on attend toujours le chômage partiel. On passe notre temps à faire du yo-yo avec la trésorerie, ça rentre et ça sort... Le gouvernement a annoncé qu'on pouvait encore une fois repousser le remboursement des PGE - prêts garantis par l'Etat, sauf qu'on s'est aperçu que les établissements qui vont demander de repousser vont être mis en rouge, classés à risque... Ce qui fait que plus tard, pour avoir un crédit pour votre entreprise, vous ne l'aurez pas, vous serez classé à risque..."

Régis Toutain, co-gérant du "Missyl" à Pontivy
Crédit : Yann Launay

Les nouvelles habitudes des jeunes ?

Après deux ans d'ouverture en pointillé des discothèques, et alors que de nombreuses soirées privées se sont organisées, de nouvelles habitudes ont-elles été prises ? Le nombre de clients pourrait-il baisser, dans les boîtes de nuit ? La menace semble faible pour Jessica Chapelain, gérante du club "Le Vogue" à Lorient, et présidente du secteur discothèques à l'UMIH 56 : 

"Les soirées privées, ça va un temps... Quand on parle avec les jeunes, ils disent que ce manque de lien social, ça va 5 minutes... D'être tout le temps avec les mêmes personnes, ça ne les intéresse plus au bout d'un moment. Non, ce qu'ils veulent, c'est déjà, de ne pas avoir à gérer leur soirée, ils arrivent dans un endroit, ils se posent, on s'occupe d'eux et c'est ce qu'ils aiment... On l'a vu avec l'ouverture du mois de juillet : on a fait des chiffres énormes, les clients étaient là, heureux... Moi j'ai un jeune de 24 ans, je préfère le savoir en discothèque que dans des soirées où je ne sais pas ce qui circule."

Jessica Chapelain, gérante du club "Le Vogue" à Lorient
Crédit : Yann Launay

Reste que les discothèques vont devoir, comme les restaurants, et bon nombre de secteurs, s'adapter aux nouvelles réalités de l'emploi. Sophie Fortune peine à recruter des employés pour les postes de barmen ou agents de sécurité. "Ils se sont reconvertis selon elle, mais elle cherche et va trouver, quitte à payer plus cher..."