Les chauffeurs de cars scolaires très prisés
Publié : 22 septembre 2021 à 11h47 - Modifié : 22 septembre 2021 à 11h52 par Dolorès CHARLES
Recherche conducteurs désespérément : le transport routier peine à recruter, en Bretagne, alors que des centaines de postes sont à pourvoir. Pôle emploi et les entreprises du secteur se mobilisent cette semaine.
Portes ouvertes, job-dating et autres simulateurs de conduites sont organisés cette semaine pour tenter de séduire des candidats intéressés pour intégrer la filière du transport routier. On recherche en effet des chauffeurs poids-lourds, des chauffeurs-livreurs... mais aussi - et tout particulièrement - des chauffeurs de cars scolaires. Le phènomène n'est pas spécifiquement breton, il s'observe ailleurs en France et ailleurs dans le monde. Mais pourquoi cette pénurie ? Plusieurs facteurs l'expliquent, selon Olivier Gougeon, délégué régional Bretagne de la Fédération des Transports de Voyageurs :
"Le Covid a fait qu'on a eu du mal à remplir les sessions de formation, et puis le covid a généré un autre phénomène. On a des conducteurs d'un certain âge, pour qui c'est une activité complémentaire à leur retraite. Pour certains, leur famille leur ont dit : est-ce qu'il ne vaut mieux pas t'arrêter pour le risque sanitaire ? Et là on a vu un nouveau phénomène, juillet-août : des gens qui se sont posé des questions sur leur choix de vie personnelle, et le coût de l'immobilier... Ils ont choisi de déménager, et on a eu une vague de démissions inattendue."
Transdev recrute des chauffeurs de car scolaires
Parmi les sociétés en quête de conducteurs : Transdev, qui organisait une opération portes ouvertes, sur son site de Rennes. Gaël et une dizaine de demandeurs d'emploi, ont pu découvrir l'entreprise, des bureaux aux cars scolaires, guidés par des cadres de la société : "j'ai roulé pas mal ma bosse en intérim, en tant qu'agent de fabrication. Le métier de chauffeur de bus me tente déjà depuis pas mal d'années. Si on fait le transport scolaire d'enfants, il y a le matin et l'après-midi. J'ai un ami qui a fait ça avant de partir en retraite, mais il n'a jamais réussi à trouver une seconde activité dans la journée, donc il arrivait à des fins de mois à 600, 700 euros... Là, maintenant, de ce qu'on m'a expliqué, c'est un peu plus facile..."
Des bi-emplois
Pour Gaël, le ramassage scolaire est le plus souvent une activité à temps partiel, et c'est ce qui fait hésiter les candidats. Même si des solutions peuvent exister, comme l'explique Olivier Gougeon : une expérimentation a d'ailleurs démarré dans le Finistère, où des conducteurs de cars scolaires vont aussi assurer de l'aide à domicile, en journée, chez des personnes âgées ou dépendantes : "les candidats vont faire une formation à la conduite, et le premier degré de qualification du métier d'aide à domicile. Avant de rentrer en formation, ils savent qui seront leurs employeurs à la sortie, et les deux employeurs ont combiné leurs plannings pour être organisé le mieux possible dans l'intérêt des candidats, qui se retrouvent avec un temps plein..."
Pole Emploi prend en charge les formations
Devant ce besoin de conducteurs, Pôle emploi et les entreprises du secteur font tout pour accompagner au mieux les postulants, qu'ils aient ou non le permis D, nécessaire au transport en commun. Et pour Laure Hamon, responsable d'équipe au Pôle emploi de Rennes-Est, même si on ne connaît rien au transport, il ne faut pas hésiter à se rendre dans une entreprise du secteur : "pour voir exactement comment ça se passe, pour voir en vrai les conditions de travail... Et si cela convient, enclencher sur des périodes de formation... Les formations ne coûtent rien au demandeur d'emploi, tout est pris en charge par Pôle emploi, et il y a sur Rennes beaucoup d'organismes qui délivrent ces formations. Aujourd'hui, sur le secteur du transport, on fait des entrées en formation toutes les semaines."
La rémunération en question
Reste que la rémunération d'un conducteur de car scolaire, même à plein temps, s'établit autour de 1300 euros net par mois. Pour attirer des candidats, l'augmentation du salaire ne pourrait-elle pas être une solution ? Réponse d'Olivier Gougeon : "il y a une vraie prise de conscience collective : Même les pouvoirs publics, qui sont nos donneurs d'ordre, comprennent que la situation dans laquelle on se trouve ne peut pas durer éternellement... Mais ça passe par des négociations, et après qui finance tout ça ? Est-ce que ce sont les clients, donc les collectivités qui financent le différentiel ? Mais tous les acteurs ont conscience qu'il va falloir trouver des solutions..."
La Semaine des Métiers du Transport se tient jusqu'à vendredi dans toute la Bretagne. Programme détaillé sur le site internet de Pôle emploi Bretagne.