Elle anime la Grande Boucle : focus sur la caravane du Tour
Publié : 29 juin 2021 à 8h35 par Alexandra BRUNOIS
Elle est presque aussi attendue que les coureurs : la caravane du Tour de France assure aussi le spectacle, à chaque étape, deux heures avant les coureurs. Les 150 véhicules qui la composent s'étirent sur 10 kilomètres en distribuant des milliers de "goodies", ces cadeaux promotionnels. Chauffeurs, animateurs, distributeurs : ils sont près de 500 à participer au défilé. Reportage de Yann Launay au sein de la caravane...
Angélique, qui vit son premier Tour au sein de la caravane. Cette Rennaise de 35 ans est responsable d'accueil dans une résidence seniors, et elle a été retenue par son employeur, Domitys, pour intégrer les chars du groupe. Après 3 étapes, Angélique est déjà rompue au "lancer de goodies"
"ça s'apprend... Quand j'étais petite, j'ai joué au frisbee, eh bien on m'a dit qu'il faut faire la même chose, jouer au frisbee, avec des crayons à papier... Jeter le goodies aux pieds des gens, pour éviter que les gens au bord de la route se prennent un goodies dans le visage... ça marche pour le moment... J'espère que je n'ai fait de mal à personne... J'ai l'impression d'être comme des footballers qui reviennent avec une coupe, d'être dans un bus, sur les Champs-Elysées : les gens sont tous en train de nous applaudir, nous dire merci, c'est énorme..."
Angélique découvre donc la réalité de la caravane, et certains aspects qu'elle avait moins anticipés :
"C'est des très très grosses journées.. On peut se lever à 5h30 et finir à 23h-23h30... Après, il y a l'adrénaline, et de voir les sourires au bord de la route, ça motive, on ne voit vraiment pas le temps passer... Ce qui m'a fait le plus peur, c'est les personnes au bord de la route, qui sont vraiment très proches des caravanes, c'est ce sui me stresse le plus... Les personnes au bord de la route sont heureuses de pouvoir faire la fête toute la journée, c'est juste ça qui me manquait depuis quelques mois, ça tombe à point nommé..."
Corentin, lui, est animateur micro sur les chars de Cofidis. Originaire de Saint-Malo, intermittent du spectacle, il avait été retenu il y a 5 ans parmi 200 candidats pour occuper cette fonction pendant les 3 semaines du Tour. Et depuis 5 ans, il prend toujours autant de plaisir :
"Franchement, c'est unique, ce qu'on vit : c'est un sentiment de fierté, de partage, parce que les gens qu'on a au bord de la route, la moitié ne viennent pas forcément pour le vélo, mais pour la caravane, le côté festif, goodies. C'est le plaisir que l'on peut donner aux gens, ça marque... Le nombre de personnes qui vous disent merci, qui ont le sourire... Franchement ça marque, on sent qu'on participe à ça..."
L'un des souvenirs les plus marquants de Corentin remonte aux tout premiers kilomètres de son premier Tour de France :
"Mon premier départ, c'était en Allemagne, je ne parlais pas un mot d'allemand, il fallait que j'anime, c'était compliqué... C'était à Düsseldorf, il y avait une pente énorme, avec une immense esplanade, je ne savais pas quoi faire, quoi dire, du coup je suis parti en mode clapping, et toute la rue m'a suivie en mode clapping, je me suis dit : ok, c'est ça le Tour de France, tu en as des frissons, c'était incroyable..."
Et sachez qu'il n'y a pas que les coureurs qui prennent des risques pour leur santé : Les caravaniers eux aussi sont exposés, comme Corentin a pu en faire la désagréable expérience:
"L'année dernière, sur l'étape de Noirmoutier, un monsieur un peu irresponsable m'a lancé un sac de patates de 5 kilos... Il est venu taper au niveau de ma nuque.. J'ai dû être évacué par l'ambulance... Il faut savoir que les gens attendent la caravane pendant 3-4 heures, certains attendent entre copains.. Bien équipés, si vous voyez ce que je veux dire... On est très vite sur des gens totalement euphoriques, pris dans le truc, ils veulent tous des goodies, et on se prend des projectiles : hier on s'est pris des poissons, de la bière... Les gens se lâchent totalement, et ne se rendent pas compte du danger..."