OSYS : une expérimentation de soins chez votre pharmacien

Publié : 11 mai 2022 à 10h18 - Modifié : 11 mai 2022 à 10h20 par Alexandra BRUNOIS

Véronique Prié expérimente Osys dans son officine de Lorient
Véronique Prié expérimente Osys dans son officine de Lorient
Crédit : Charles Guyard

Depuis quelques mois, cinquante pharmacies en Bretagne expérimentent le système Osys, pour Orientation dans le Système de Soins. En clair, les clients qui le souhaitent sont soumis à un questionnaire en fonction de leur problème, puis un logiciel déduit la marche à suivre selon les réponses apportées. Le but ? Prouver que nombreux maux peuvent être pris en charge directement en officine et éviter ainsi la case médecin ou hôpital... Reportage de Charles Guyard

Véronique Prié, titulaire à Lorient, est aussi vice-présidente du Conseil régional de l'ordre des pharmaciens de Bretagne. Pour elle, ce nouveau système est à même de désengorger les urgences.

« Avec 22 000 pharmacies en France, on peut être plus efficace que les cabinets médicaux qui sont de moins en moins nombreux et pas particulièrement bien répartis, et surtout ne pas encombrer les urgences avec de la bobologie. Ils ont autre chose à faire. Pour la constipation, le nombre de personnes qui viennent avec des ordonnances, sorties des urgences avec juste des laxatifs c'est assez stupéfiant ! Alors que dans la majorité des cas, on peut nous-mêmes délivrer un laxatif doux, sans aucun effet secondaire et sans ordonnance. On ne se substitue pas au médecin, on donne des conseils, on oriente, on trie ». 

Véronique Prié est pharmacienne à Lorient
Véronique Prié est pharmacienne à Lorient
Crédit : Charles Guyard

OBJECTIF : SOULAGER LES URGENCES

Pour Cédric Fabre, médecin généraliste à Gévezé (35) et par ailleurs secrétaire général adjoint de l'Union régionale des professionnels de santé de Bretagne, ce système doit permettre de soulager les services d'urgence.

« On sait qu'un certain nombre de patients, quand ils n'ont pas accès à une consultation médicale rapide, vont aux urgences. C'est notamment le cas dans les zones à faible densité médicale ou à forte surpopulation saisonnière, les services d'urgence débordent, c'est la cata ! En fait l'objectif c'est de pouvoir répondre à des demandes de patients pour des maux bénins, c'est-à-dire la rhinite, un mal de tête, une douleur abdominale, une constipation.... De pouvoir avoir accès à un professionnel de santé, qui pourra, soit dispenser un médicament hors prescription médicale, et envoyer les patients aux urgences que ceux qui le nécessite, ou alors renvoyer vers un médecin traitant parce qu'il y a un critère de gravité moyenne on va dire. »

Le questionnaire Osys en pharmacie
Le questionnaire Osys en pharmacie
Crédit : Charles Guyard
Selon le Dr Cédric Fabre, Osys doit permettre de soulager les urgences
Selon le Dr Cédric Fabre, Osys doit permettre de soulager les urgences
Crédit : Charles Guyard

UN REEL AVANTAGE POUR LES PHAMARCIENS ET LES MEDECINS

Pour Cédric Fabre, médecin généraliste à Gévezé et par ailleurs secrétaire général adjoint de l'Union régionale des professionnels de santé de Bretagne, ce système est un vrai avantage dans la relation pharmacie – docteur.

« Le conseil pharmaceutique existe quelque soit la pharmacie, qu'elle soit dans l'expérimentation Osys ou pas. En revanche là ce qui est protocolisé, c'est le retour d'information vers le médecin traitant. Et donc il sait que le patient a été vu par exemple il y a 48h, il avait mal au ventre, on lui a proposé tel antalgique par exemple, et il revient dans notre cabinet 48h plus tard parce que ça ne va pas mieux. Le gros bénéfice pour le médecin généraliste, c'est que alors que d'habitude il n'avait aucun retour dans ce qu'il se passait dans le conseil pharmaceutique, là on l'a, c'est un retour d'information souvent très pertinent. »

Osys est un vrai avantage pour la relation pharmacie - docteur
Osys est un vrai avantage pour la relation pharmacie - docteur
Crédit : Charles Guyard

Cette expérimentation, menée avec l'ARS Bretagne, doit durer deux ans. Si elle est concluante, elle pourra être étendue à toute la France. En Bretagne, sur quelque 400 personnes ayant accepté de se soumettre à Osys depuis le début de l'année, plus des trois quarts ont pu rentrer chez elles sans aller chez le médecin ou à l'hôpital. A noter que ce « conseil » en pharmacie coûte 15€ à la sécurité sociale sachant qu'une consultation médicale coûte 25€ et qu'un passage aux urgences peut, lui, coûter dans les 200€.