Opération anti-drogue à Rennes : "c'est une tentative d'homicide" pour Unité SGP Police
Publié : 7 septembre 2022 à 14h10 - Modifié : 7 septembre 2022 à 14h24 par Dolorès CHARLES
Une opération de lutte contre le trafic de stupéfiants était menée par les policiers rennais, cette nuit, mais le conducteur ciblé par les enquêteurs a voulu fuir avec son véhicule. Ils ont riposté, et la passagère a été tuée. Les explications du syndicat SGP Police 35-Bretagne.
Un mort et deux blessés : c’est le bilan d’un refus d’obtempérer, qui s’est déroulé à Rennes, dans la nuit de mardi à mercredi vers une heure trente. Les policiers ont ouvert le feu sur un véhicule qui fonçait sur eux, route de Lorient, dans le cadre d’une opération anti-drogue. Un "go-fast" selon le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin. Le syndicat Unité SGP Police parle de "tentative d’homicide" sur les collègues qui ont riposté. Pour David Levaux secrétaire régional du syndicat en Bretagne, les policiers s’attendaient à une intervention très délicate.
"L'enquête de police durait depuis quelques temps, par des ultra professionnels. On savait qu'il y avait un danger sur cette interpellation et c'est pourquoi on avait fait appel à la BRI qui est un service d'intervention spécialisé qui s'entraîne pour ça. Malheureusement dans une action de police, tout se passe très vite, et encore une fois le choix de ces personnes de foncer sur les policiers a fait que mes collègues se sont sentis dans une situation de légitime défense... Il y a des dommages collatéraux malheureusement, mais c'est comme ça. Mais, quand on fonce sur un policier on s'expose et on expose toutes les personnes qui sont à l'intérieur du véhicule."
Un "gros poisson"
Les victimes sont une femme de 22 ans, la passagère du véhicule et un jeune homme de 26 ans, le chauffeur et "cible des policiers", qui a été blessé, et depuis placé en garde à vue. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin évoque un convoi de stupéfiants, mais à date, David Levaux n'a pas d'information. Une chose est sûre, l'individu était très défavorablement connu des services. "C'était un gros poisson, on ne met pas en place de tels dispositifs, et on ne met pas les meilleurs enquêteurs de la police judiciaire et la BRI (ndlr: Brigade de recherche et d'intervention) sur un dealer qui vent du stup' à la sortie d'un métro. Je pense que l'endroit qui a été choisi et c'est aussi le fait de mes collègues professionnels car quand il y a des gens qui foncent et essaient de se soustraire à la loi, on a des risques de dommages collatéraux, mais ils ont pris toutes les mesures... L'endroit où l'interpellation a été faite est un endroit où on était persuadé qu'à cette heure il n'y aurait pratiquement personne !"
Une tentative d'homicide
Dans cette intervention, un policier a aussi été blessé et transporté au CHU Pontchaillou de Rennes. "Il a été blessé aux jambes et ce n'est pas excessivement grave. On s'en félicite mais il y a eu un policier blessé car le véhicule l'a percuté. On n'était pas dans le refus d'obtempérer mais dans la tentative d'homicide... Le chauffeur a été touché par balles également, mais je n'ai pas d'information sur ces blessures."
Deux enquêtes ouvertes
Une enquête est ouverte pour tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique et l’IGPN (Police des Polices) a été saisie. "On dit souvent que le problème de la police c'est la justice, mais nous n'avons pas de problème avec la justice, on travaille ensemble. Il y a des enquêtes ouvertes, c'est logique. Moi je reste serein, j'ai confiance en mes collègues - à la BRI ce sont de très grands professionnels. S'ils ont fait usage de leurs armes c'est qu'ils étaient en légitime défense, mais la justice fera son travail et les faits seront établis clairement. Le procureur s'exprimera sur ce dossier mieux que moi." Le procureur de la République à Rennes Philippe Astruc doit s’exprimer sur cette affaire prochainement.