Nouvelle façon de consommer : des polaires recyclées sont arrivées à Lorient par bateau
Publié : 5 décembre 2022 à 21h55 - Modifié : 5 décembre 2022 à 21h59 par Dolorès CHARLES
Alors que la fondatrice bretonne de la marque "Nohé" avait décidé d'envoyer sa nouvelle polaire à Matignon, en ces temps de sobriété énergétique, pour réchauffer Elisabeth Borne, il fallait la produire cette polaire et la faire venir jusqu'à Lorient dans le Morbihan. C'est chose faite depuis ce lundi 5 décembre, les doudounes 100% recyclées sont arrivées à bon port, par bateau à voile. Objectif de la marque : nous faire changer notre façon de consommer.
Nous vous avions parlé de cette jeune entreprise basée à Lorient, qui voulait offrir une veste polaire à Elisabeth Borne, la Première ministre. Pas n'importe quelle veste, un vêtement éthique en matière recyclée, fabriqué au Portugal et ramené en France à la voile, pour réduire l'empreinte carbone. La toute première cargaison de polaires de la marque "Nohé" est arrivée ce lundi (5 décembre) au matin à Lorient, à bord d'un voilier de course (un Class 40) de 12 mètres.
La nécessité de changer la façon de consommer
Sur le bateau, un équipage composé de deux skippers volontaires et de la fondatrice de la marque Nohé, Anne-Laure Silvestre : "C'était sportif mais c'était génial, on s'était engagé à traverser le golfe de Gascogne en hiver. Là, on apporte les 40 cartons de polaires qui sont à bord. On les a mis tout à l'avant, quelques cartons à l'arrière. Symboliquement, c'est très fort et c'est très émouvant d'avoir fait ce premier trajet. On a une nécessité de changer la façon de consommer. Il faut qu'on consomme des produits avec des impacts réduits. Et le transport à la voile, c'est vraiment quelque chose qui nous permet de symboliser ça...
On ralentit, on fait avec le vent plutôt qu'avec le fuel, c'est vraiment symbolique cette démarche et je pense qu'on est au début d'un mouvement qui est en train de grandir... On est tout petits, mais nous les tout petits, on est comme des colibris qui font beaucoup de bruit juste pour faire bouger les gros."
Une leçon transmise aux plus jeunes
Le skipper du bateau, Damien Jenner, prépare la Transat Jacques Vabre, mais il n'a pas hésité longtemps avant de proposer son aide bénévole et enthousiaste : "C'est la première fois que je fais ça et c'est super émouvant. C'est super passionnant. Chacun doit y aller un peu de son effort pour changer les choses. La notion d'effort sur un bateau est quand même assez présente. Je n'envisage pas que tout le monde se mette à traverser le Golfe de Gascogne au mois de décembre, mais au moins ça fait réfléchir... Moi, j'ai trois enfants, je suis intervenu dans leur école pour leur parler du projet. On parle des vêtements qu'ils portent, combien de temps ils les ont ? Est ce qu'ils savent ce que cela représente en eau ou en carbone ? Ca leur parle et ça va faire germer une graine, je pense."
Un modèle économique à trouver
Cette première étape franchie, Anne-Laure Silvestre cherche maintenant le moyen de rendre ces voyages récurrents : la Lorientaise n'oublie pas que c'est la participation bénévole de l'équipage du voilier qui a permis de tenir le tarif (déjà conséquent) de 185 euros la polaire : "si on avait tout payé le bateau et l'équipage, cela aurait ajouté 30 à 40 euros de plus et sur le prix final, on aurait été plutôt à 300 €. C'est pour ça qu'à terme, il va falloir qu'on trouve un modèle économique pour augmenter un peu les volumes, pour descendre le prix par polaire. Notre but est de faire juste à peu près quatre capsules par an, toujours en précommande et l'ambition, ce serait vraiment qu'à chaque fois que la production est faite à Porto ou en Italie, ce serait de la ramener à la voile... et à terme d'avoir un arche de Nohé et d'avoir une rotation de 3 à 4 fois par an."
Nohé pourrait s'associer à des acteurs comme le Morlaisien "Grain de Sail", qui transporte à la voile du chocolat, du café, du vin, à travers l'Atlantique.
Il faut prendre le temps et ralentir
Les 450 polaires transportées sont déjà presque toutes vendues, en pré-commande sur internet. Un système qui devrait perdurer : c'est pour Anne-Laure Silvestre une façon d'affirmer les valeurs de sa marque Nohé, même si ses clients doivent patienter plusieurs mois...Et justement parce qu'ils doivent patienter : "au lieu d'acheter des vêtements dans l'urgence dont on n'a pas besoin.. Là l'idée est de faire l'anti ça : si j'ai besoin de quelque chose, je l'achète et je suis prêt à attendre trois mois pour l'avoir. Cela change toute la donne et ça change le rapport au vêtement. C'est un vêtement dont on va prendre beaucoup plus soin parce que c'est quelque chose qui a une histoire. Le transport à la voile, c'est un moyen de ralentir et de dire à l'industrie on a besoin de revoir notre façon de consommer... A chaque fois qu'on dit qu'on veut recevoir un vêtement ou un produit dans les 24 h, cela a un impact environnemental et social. Il faut prendre le temps et il faut qu'on ralentisse notre rythme."
"Nohé" envisage de faire 3 ou 4 voyages par an, à la voile, et d'étoffer progressivement sa gamme de vêtements. Une gamme qui comporte actuellement des polaires, mais aussi des pulls, des tee-shirts, des sweats et un bonnet fabriqué en Bretagne, dont la commercialisation vient tout juste d'être lancée.
Sylvain avait aussi consacré une Minute positive à la marque engagée sur Hit West.