Notre-Dame-des-Landes : après la lutte, le livre !
Publié : 22 octobre 2021 à 8h35 - Modifié : 22 octobre 2021 à 8h55 par Dolorès CHARLES
Retour sur l'après-conflit "Notre Dame des Landes", avec le livre de la journaliste Eléonore Duplay, en libraire depuis hier (21 octobre).
Quatre ans après l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (17 janvier 2018), Eléonore Duplay, journaliste à France 3 Pays de la Loire, vient de sortir son premier livre intitulé "Notre-Dame-des-Landes, après la lutte", aux éditions du Seuil. Etat des lieux après quasiment 60 ans de combat. Ce livre retrace cette longue lutte des opposants historiques, et surtout l’après. Des opposants aux profils multiples pour Eléonore Duplay, interrogée par Anthony Boutin, dans "Sur place ou à emporter" hier :
"Il y a avait des gens très différents, tenus ensemble par une lutte contre un objectif commun : il y avait des agriculteurs qui étaient historiquement installés sur la zone, et à eux en fait leur objectif premier était qu'il n'y ait jamais d'aéroport sur cette zone ! Il y avait aussi tous les opposants qui sont arrivés ultérieurement pour s'installer et lutter avec leur corps contre ce projet. Les objectifs n'étaient pas les mêmes, entre eux. Il y avait des personnes qui luttaient contre l'aéroport, d'autres contre l'aéroport et son monde, d'autres qui luttaient en s'installant comme agriculteurs et d'autres encore qui voulaient vivre le plus possible en autarcie, et il y avait aussi l'opposition politique au projet..."
Une rencontre secrète en Préfecture
Fascinée par le sujet depuis 2011, Eléonore Duplay a voulu répondre à ses propres questions, un projet qui lui demandera 3 ans de travail. Elle revient notamment sur la rencontre secrète fin 2017, entre le ministre de la Transition Ecologique de l’époque Nicolas Hulot, des opposants historiques (Sylvain Fresneau / Françoise Verchère ou Julien Durand) et Nicole Klein (ancienne préfète), en préfecture de Loire-Atlantique à Nantes :
"On est dans les toutes dernières semaines voire les derniers jours, où se joue l'abandon ou non du projet d'aéroport du grand ouest. Nicolas Hulot quand il est arrivé au Gouvernement, c'est un des éléments qu'il a mis dans la balance - il a mis sa démssion dans la balance si ce projet n'était pas abandonné, mais il lui faut des arguments, et en fait parmi ces arguments qu'il essaie d'obtenir ce jour-là, c'est la garantie sur le dégagement de la route des chicanes - la RD 281 - et l'ancien ministre essaie de négocier des engagements sur le fait que si le projet est abandonné eh bien cette route sera dégagée en guise de geste de bonne volonté !"
La crainte de l'Etat
La décision d’abandonner ce projet d’aéroport du grand Ouest a été difficile à prendre pour l’exécutif, qui interrogeait régulièrement les forces de sécurité, rappelle Eléonore Duplay : "chaque semaine à Paris devant l'exécutif, dans les mois qui précèdent la décision d'abandonner le projet d'aéroport, les gendarmes décrivent ce qui risque de se produire si l'aéroport est abandonné et s'il ne l'est pas (...) et ils décrivent si ne l'est pas à l'exécutif une situation où il faudrait déployer 2 500 gendarmes - autant que lors des opérations d'expulsion de 2018 - mais sur une durée beaucoup plus longue, deux, trois, quatre ans, voire plus, et avec potentiellement des morts... C'était la crainte de la gendarmerie et de l'exécutif."
"Notre-Dame-des-Landes, après la lutte", aux éditions du Seuil (18,50 euros).
L'interview d’Eléonore Duplay est à retrouver en replay ici !