Non au harcèlement : des élèves bretons primés
Publié : 23 juin 2021 à 11h53 - Modifié : 23 juin 2021 à 11h54 par Alexandra BRUNOIS
C'est un concours qui récompense les meilleures affiches, les meilleures videos sur le harcèlement, et cette année, le prix national "Non au harcèlement" revient à des élèves de seulement 6 -7 ans, de grande section et CP... Des élèves de l'école publique "Les Tilleuls", à Evellys, dans le Morbihan. Ils sont primés pour leur petit film intitulé "A l'école il y a Gautier", qui présente un cas de harcèlement du point de vue des différents protagonistes. Reportage de Yann Launay
Un film réalisé par les enfants eux-mêmes, devant et derrière la caméra, aidés par leur professeur, David Le Goudiveze :
"Quand on a des enfants qui ne savent pas lire, on ne peut pas leur dire "apprends ton texte"... Ils ne savent pas trop ce qu'ils vont dire, en fait, ils improvisent un peu... La dernière scène, où Gautier dit son mal-être au milieu de la classe, c'est l'acteur qui le joue, Aron, qui a dit "je vais dire que je ne vais pas bien"... Je m'attendais à ce qu'on le fasse en plusieurs fois... En fait, il a dit tout ce que pouvait ressentir un enfant harcelé : qu'il n'était pas fort, qu'il se sentait seul, qu'il avait peur.. Il a tout improvisé, et la première prise était la bonne... Il a bien compris, il a été capable de se mettre à la place d'un enfant harcelé... J'étais assez content de voir que le travail avait marché..."
Les enfants ont participé à l'élaboration du scénario, ont réfléchi aux motivations des harceleurs, à ce que peut ressentir un enfant victime de harcèlement... Des vidéastes en herbe qui maîtrisent leur sujet..
"Le harcèlement ce n'est pas bien parce que si on embête les autres, ils ne veulent plus aller à l'école, et ça les empêche de travailler..(...) Je dois le dire à un adulte, sinon ça va continuer de plus en plus (...) ça rend mal au cœur aux autres..."
Si David Le Goudiveze a choisi de travailler sur ce thème avec ses élèves, c'est aussi en partant de son expérience, et de cas qu'il a pu rencontrer dans son école, même si Les Tilleuls semble préservée des situations les plsu graves :
"Comme dans toutes les écoles, il y a eu ici des enfants qui ont vécu des choses pas toujours faciles : des enfants qui n'avaient pas de copains, de copines, ou des choses qui peuvent se passer en dehors de l'école, des rumeurs, qui font que l'enfant ne se sent pas très bien.. Pour les enseignants, on se dit qu'on a peut-être raté quelque chose, qu'on a peut-être pas bien réagi... C'est pour ça que maintenant je préfère en parler très tôt : quand ils seront plus grands, les élèves sauront réagir, se dire : on avait appris en CP le harcèlement, et là on est peut-être en train d'en faire, donc on se corrige tout de suite..."
Aborder le sujet avec des élèves de 6-7 ans peut surprendre, mais pour David Le Goudiveze, c'est la meilleure des préventions :
"Dans l'école, il y a énormément de parents qui m'ont dit, discrètement : "Merci d'avoir parlé de ça avec nos enfants, parce que moi j'ai le souvenir au collège de brimades..." Vingt ans, trente ans après, ils s'en rappellent encore... Le mal est fait, et une fois que le mal est fait, il est déjà trop tard... Il faut avoir déjà préparé les enfants, à savoir reconnaître les formes de harcèlement, savoir s'en protéger, savoir ne pas entrer dans le jeu des autres, parce que si on voit quelqu'un qui se moque, l'idée c'est de protester, de dire : Non, ce que tu fais ce n'est pas bien.. Il ya toute cette démarche qui se travaille très jeune..."