Vente du site de Caudan : colère des salariés et des élus

Publié : 12 mars 2021 à 17h04 - Modifié : 7 octobre 2021 à 9h45 par Dolorès CHARLES

HIT WEST
Crédit : Yann Launay

Les élus bretons montent au créneau pour s'opposer à la vente par Renault de la Fonderie de Bretagne, à Caudan dans le Morbihan. Yann Launay s'est rendu sur place aujourd'hui.

Renault veut faire des économies, et pour ce faire, le groupe compte tailler dans le vif en annonçant la vente de la Fonderie de Bretagne située à Caudan dans le Morbihan. L'usine, créée en 1965 près de Lorient, emploie plus de 300 personnes et fabrique des pièces de fonte pour voitures. Avec les sous-traitants, ce sont plus de 500 emplois qui sont directement concernés.

Renault redevable

Il y a un an, Renault avait déjà souhaité se séparer de la Fonderie, mais une mobilisation des employés et des élus avait sauvé le site. Il était alors question de diversifier l'activité. Mais un an et une étude stratégique plus tard, Renault estime que l'usine n'est pas rentable, malgré sa chaîne de production refaite à neuf après un incendie. Cette annonce de Renault a sans surprise provoqué la colère de nombreux élus bretons, à commencer par le député morbihannais Jean-Michel Jacques :

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"Je suis en colère pour la méthode, et je suis en colère aussi pour le choix qui est fait d'abandonner la France, d'abandonner nos territoires, alors même que les Français et les territoires ont aidé Renault pendant des décennies. Renault est redevable par rapport à toutes les aides qu'elle reçoit de l'Etat. D'autant plus que la filière autombile et la filière de la fonte sont des filières essentielles pour notre souveraineté..."

Jean-Michel Jacques estime que Renault a un engagement moral à préserver l'usine, au regard des aides publiques versées au groupe automobile. En 2009, les collectivités locales avaient versé 5 millions d'euros pour aider Renault à reprendre la Fonderie, alors aux mains de Teksid-Fiat. Et en 2019, les collectivités avaient encore débloqué plusieurs millions d'euros pour refaire à neuf la chaîne de production touchée par un incendie.

Les salariés parlent de trahison

Renault avait alors transféré la fabrication à l'étranger. Salarié et élus locaux dénoncent aujourd'hui une trahison... et ne sont pas vraiment surpris, comme l'explique le député morbihannais Jean-Michel Jacques :

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"Renault a profité de l'incendie, en 2019, pour délocaliser la production vers la Turquie et vers l'Espagne. Renault, en ne rapatriant pas ce qu'elle avait délocalisé, a mis en sous-productivité cette usine... Ensuite, Renault fait une étude, une revue stratégique, sous le sceau de la confidentialité, ce qui est assez troublant comme méthode, et cette étude finit par dire que l'usine n'est pas rentable... Tous les éléments ont été mis pour condamner d'avance cette usine..."

Renault à la recherche d'un repreneur

De son côté, le groupe Renault indique "qu'il prendra le temps qu'il faut pour passer le relais de façon efficace et pérenne". Aucune échéance n'a été fixée. Jean-Michel Jacques pour le moment ne veut pas entendre parler de vente de la Fonderie :

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"Je pense qu'il y a un risque d'avoir des difficultés à trouver un repreneur, c'est pour cela que le mieux, c'est que Renault reste sur place. Je demande au groupe de préserver l'outil, parce qu'il est fiable, et de changer sa stratégie internationale, de revaloriser ce que nous avons sur notre pays. Et vous savez, derrière tous ces choix, il n'y a pas forcément des sommes énormes : les gains, parfois, à délocaliser, sont tout à fait relatifs..."

Les salariés, eux, envisagent des actions, d'ici au 22 mars, date du prochain comité social et économique. Le syndicat CGT demande une réunion avec le maire de Lorient et le ministre de l’économie Bruno le Maire.

Reportage à Caudan de Yann Launay.