Les prisons de Nantes font de nouveau le plein

Publié : 12 avril 2021 à 13h43 - Modifié : 7 octobre 2021 à 9h45 par Dolorès CHARLES

HIT WEST
Crédit : Cédric Mané (Hit West)

Alors qu'il y a un an, les prisons se vidaient pour réduire le risque de propagation du coronavirus, elles se remplissent à nouveau, au gré des décisions de justice. Les syndicats s'en inquiètent à l'image de FO Pénitentaire.

Il y a un an, au début de la crise sanitaire, le ministère de la Justice avait décidé de libérer en avance des détenus, dont les peines arrivaient à terme dans les deux mois à venir. La raison: réduire le risque de créer des clusters de Covid-19 en prison. Les personnes dangereuses pour leurs proches n'étaient pas concernées par cette mesure. Dans la région Pays de la Loire, cela s'était matérialisé par un relatif confort en termes de fréquentation du centre de détention de Carquefou, près de Nantes avec environ 400 détenus pour 600 places disponibles.

Au retour de prisonniers, s'ajoute le protocole sanitaire

Mais depuis que les tribunaux ont repris du service, les maisons d'arrêt se remplissent à nouveau, avec en prime des mesures d'isolement liées aux cas de Covid-19, ce qui complique le quotidien en prison. Cette augmentation connaît un pic depuis la fin mars d'après les syndicats de surveillants. Ecoutez William Cozic du syndicat FO pénitentiaire à Nantes, il raconte l'effet domino dans les prisons.

William Cozic

"La semaine dernière le quartier arrivant a été déclaré cluster donc on ne peut plus avoir d'arrivants sur le secteur dédié. On a dû libérer des cellules pour faire de la place aux nouveaux arrivants. Les cas de Covid-19 sont isolés, on fait aussi des isolements préventifs pour les arrivants. On le fait également pour les détenus qui peuvent avoir des symptômes, de même pour les cas contacts quand il y a un positif, donc c'est très lourd à gérer au quotidien. Entre les sanitaires et trouver de la place pour les détenus en bonne santé, ça génère des tensions au niveau des populations pénales".

Le retour d'une surpopulation carcérale

Les cellules prévues pour une personne sont désormais occupées par deux détenus, voire trois quand il faut mettre un matelas. Tandis que le quartier des arrivants avec 40 places est fermé :

William Cozic 2

"Ils sont mis à l'isolement sanitaire et ça nous crée des lourdeurs de gestion, ça bloque des cellules. Ce week-end, on a eu cinq arrivants, c'est un arrivant par cellule. Ce qui fait que dans les cellules qu'on a libérées, il a fallu mettre les détenus ailleurs. Et on se retrouve avec une quinzaine de matelas au sol dans chaque bâtiment (soit 30 détenus qui dorment sur des matelas, il y a deux bâtiments, NDLR). Donc malgré l'ajout d'une centaine de lits en un an, on a des matelas au sol en raison des contraintes sanitaires".

L'association des avocats pour les droits des détenus et l'office international des prisons, l'OIP, regrettent cette nouvelle augmentation. Ils relèvent que des milliers de personnes ont été libérées sans que le pays n'ait été mis à feu et à sang.

Reportage de Cédric Mané.