Le Zoo de Pont-Scorff en redressement judiciaire

Publié : 25 février 2021 à 15h12 - Modifié : 25 février 2021 à 16h43 par Dolorès CHARLES

HIT WEST
Crédit : Yann Launay

Racheté par des ONG de défense de l'environnement, le zoo de Pont-Scorff est désormais en redressement judiciaire dans le Morbihan. Interrogée, l'association Rewild met en cause le passif de la société "Bretagne Zoo", la fermeture du site, et l'absence d'aides publiques.

Il avait été racheté par des ONG de défense de l'environnement : le zoo de Pont-Scorff vient d'être placé en redressement judiciaire. Plus précisément, c'est la société "Bretagne zoo", propriétaire du site, qui est en cessation de paiement. Pourtant plus de 600 000 euros avaient été réunis fin 2019, auprès de milliers de contributeurs de France et du monde entier, pour faire de Pont-Scorff un centre de soins et de réhabilitation d'animaux saisis. C'était le projet "Rewild" : réensauvagement. Comment en est-on arrivé à ce redressement judiciaire ? La réponse de Lamya Essemlali, présidente de l'ONG Sea Shepherd et co-présidente de Rewild :

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"La société, quand elle a été rachetée par Rewild, avait déjà des dettes. Ces dettes étaient échelonnées sur plusieurs années, et devaient normalement pouvoir être remboursées de façon réaliste. Le problème, c'est que les dettes sont devenues exigibles immédiatement.. Il n'y a pas de rentrées d'argent, puisque le site est fermé au public, et en plus la société n'a pas pu bénéficier de l'aide covid... Ce n'est pas le projet en lui-même qui n'est pas finançable, mais le passif de la société Bretagne Zoo..."

Objectif maintenu

Un appel à repreneurs devrait être lancé, et des zoos pourraient donc se retrouver sur les rangs, en concurrence avec Sea Shepherd, d'ores et déjà candidate à la reprise. L'ONG, qui défend les océans et plus largement la biodiversité, conserve l'objectif d'en faire un centre de soins et de réhabilitation d'animaux sauvages :

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"Les animaux n'ont pas vocation à rester sur le site. C'est une plateforme transitoire qui va leur permettre ensuite de repartir soit vers le milieu naturel, soit vers des sanctuaires ou des réserves. L'Etat va avoir besoin de structures d'accueil pour animaux sauvages, avec l'évolution des lois, l'interdiction des animaux sauvages dans les cirques itinérants... La société est en train d'évoluer dans son rapport à la captivité des animaux sauvages, c'est aussi là-dessus qu'on va essayer de convaincre le tribunal : plutôt que de revenir sur un modèle qui va être très vite dépassé, il convient d'anticiper ces évolutions qui ont déjà commencé, et de s'y préparer..."

PONT SCORFF REWILD MANCHOTS.jpg (490 KB)

Une nouvelle collecte n'est pas exclue

Pour Lamya Essemlali, une fois débarrassé de "l'héritage" de Bretagne Zoo, le projet tient la route financièrement :

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"Ce projet est tout à fait viable, tout en gardant les emplois, et même en en créant d'autres. Je pense que des aides publiques doivent pouvoir aussi abonder dans ce sens, puisque c'est une mission d'intérêt général... Ce que l'on veut, c'est aussi d'ouvrir une partie du site au public. Sans exposition des animaux, mais avec un lieu d'échanges, d'expositions, de restauration, qui permettrait aux gens n on seulement de se familiariser avec le projet, de se sentir impliqués, et en même temps de revenir sur ce site qui est, on l'a bien compris, très cher au coeur des bretons et des gens de la région, et l'objectif n'a jamais été de le mettre sous cloche..."

Sea Shepherd n'exclut pas de lancer une nouvelle collecte et imagine aussi la mise en place de chantiers participatifs ouverts aux bénévoles. L'idée est d'achever le réaménagement du site pour le rouvrir au public en garantissant la tranqulité des animaux :

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"La configuration du site permet tout à fait de séparer la partie dans laquelle les animaux sont présents, et de garder une partie dans laquelle il y aurait des rencontres, des événements, des conférences, des ateliers pour les enfants, on souhaite à nouveau accueillir les écoles de la région. Ce sont des choses que l'on va mettre en avant dans notre projet de reprise, puisque Sea Shepherd à déjà une très grosse expérience de ce genre d'événements, et la région a aussi tout à fait à y gagner..."

La période d'observation mise en place par le tribunal de commerce pourrait durer de quelques semaines à quelques mois. Pendant cette période, Sea Shepherd financera la nourriture et les soins des animaux.

Une interview de Yann Launay.