La presse bretonne inquiétée : Morgan Large
Publié : 3 mai 2021 à 7h23 - Modifié : 7 octobre 2021 à 9h45 par Dolorès CHARLES
C'est aujourd'hui 3 mai, la journée mondiale de la liberté de la presse, l'occasion d'interroger Morgan Large, journaliste bretonne confrontée à des menaces et à des actes d'intimidation après ses enquêtes sur l'agro-industrie en Bretagne.
Des menaces, des insultes et récemment un acte de sabotage sur sa voiture… La journaliste bretonne de 49 ans, Morgan Large, qui travaille chez nos confrères de RKB (Radio Kreizh Breizh), connaît depuis quelques temps des actes de malveillance, liés à ses enquêtes sur le secteur de l’industrie agro-alimentaire en Bretagne. Pour elle, l’acharnement a débuté en novembre dernier lors de son intervention dans le film documentaire, « Bretagne – une terre sacrifiée » diffusé sur France 5. Elle y donnait son avis / son analyse sur l’intensification de l’agro-industrie dans sa région de coeur : Morgan Large, jointe par Dolorès Charles :
Morgan Large transparence
"C'est très compliqué parfois quand on appelle les services de la Préfecture - on (nous) promet des réponses rapides et il y en a que j'attends toujours 4 ou 5 ans après. On a quand même la sensation lorsqu'on a ce type de sujet, qu'il y a une volonté de non transparence... ça c'est très agaçant. Il y a des gens que cela peut décourager, moi je suis plutôt opiniâtre mais après je ne suis pas très rapide au niveau de mon travail, mais je continue parce qu'on voit bien qu'il n'y a pas une volonté pour que les citoyens soient au courant... Ils sont très démunis, lorsqu'ils se retrouvent face à la moindre pollution, ils ne savent même pas à qui ils doivent s'adresser."
Morgan Large, une "petite journaliste" qui dérange l'agro-industrie bretonne https://t.co/mNcyeMYOHB pic.twitter.com/UbkXU69g7j
— L'Express (@LEXPRESS) May 1, 2021
Morgan Large intimidation
"Insultes sur les réseaux sociaux, il ne faudra pas vous étonner quand on viendra chez vous (...) Je crois que j'ai minimé les menaces, jusqu'à ce que cela atteigne cette mise en danger avec des boulons de ma roue de voiture, qui ont été déboulonnés. Me laisser rouler comme ça, je trouve ça complètement insensé ! J'ai minimisé parce que je suis plutôt d'un caractère optimiste et en plus je n'ai pas envie de mêler ma famille aux ennuis de mon travail... d'autant que mes enfants, je ne leur dis même pas sur quoi j'enquête !"
Les dernières tentatives d’intimidation n’auront pas d’incidence sur son travail, mais Morgan souhaite préserver sa famille, et plus largement la liberté de la presse. La reporter avec d’autres souhaite lancer (avec d’autres confrères) un observatoire des libertés de la presse en Bretagne:
Morgan Large observatoire de la presse
"Un observatoire, qui serait constitué pas seulement de journalistes... on espère qu'il y aura - et j'en parle au futur parce que je suis sûre qu'il sera montera - des chercheurs et des enseignants chercheurs sur le journalisme, et des membres de syndicats pour apporter des solutions à des journalistes inquiétés, cela peut être des solutions pour un environnement plus serein pour enquêter et travailler par moment, et puis pour créer une grande journée des libertés de la presse une fois par an en Bretagne, où il serait dévoilé toutes les atteintes à la liberté de la presse !"
Début avril, un rassemblement de soutien avait réuni quelques 500 personnes à Rostrenen dans les Côtes-d’Armor.
Une information judiciaire ouverte
A la suite du sabotage sur sa voiture, trois plaintes contre X ont été déposées par Morgan elle-même, le SNJ (Syndicat National des journalistes) & RSF pour Reporters Sans Frontières, et une information judiciaire a été ouverte (le 22 avril) par le procureur de la république de Saint-Brieuc.
Plusieurs cas montrent des atteintes à la liberté d’informer en particulier en #Bretagne sans réaction sérieuse des pvrs publics qui semblent s’en accommoder voire y participer. La #LDH soutient @ileraud & @MorganRkb et demande la dissolution de #Demeter
— LDH France (@LDH_Fr) April 20, 2021
�~�https://t.co/bCSMfm5N1h pic.twitter.com/EmOC6SSCZi
Depuis la FRSEA Bretagne a publié un communiqué condamnant ces actes malveillants et le syndicat se défend d’avoir appelé quiconque à commettre de tels actes contre la journaliste.
@FRSEA_Bretagne Ce n’est pas seulement la liberté de la presse qui est enjeu, c’est le rapport avec la réalité.
— Minga (@FedMinga) April 17, 2021
La crise sociale dans l’agro-industrie est une réalité,
la crise climatique aussi, pic.twitter.com/ZcRf5B9CLB
L'interview en intégralité est à retrouver dans la rubique podcast de "Sur place ou à emporter" !
1ERE PARTIE
2EME PARTIE
3EME PARTIE