Journée des Femmes : le témoignage de Fouz
Publié : 8 mars 2021 à 13h19 - Modifié : 8 mars 2021 à 17h27 par Dolorès CHARLES
En cette journée des Droits des Femmes, l'émission "Sur place ou à emporter" avait en invitée ce midi l'association Aides, qui soutient en Bretagne les femmes victimes de diverses discriminations.
En cette "Journée Internationale des Droits des Femmes", Hit West a choisi de vous présenter un portrait de femme, victime de discrimination, et dont le parcours de vie a été chaotique mais qui, aujourd’hui, a une vraie volonté de s’en sortir. Une femme suivie notamment par l’association Aides en Bretagne. Pour en parler Julie et Fabien avaient invité dans "Sur place ou à emporter" ce midi Mathieu Stéphant, bénévole et trésorier de l’association qui vient en aide aux malades du SIDA, et à leurs proches. ll revient sur les prinicpales missions d'Aides :
Mathieu Stephant
Ce 8 mars est classé « Journée internationale des droits des femmes » par l'ONU. Bien que majoritaires en nombre (52% de la population mondiale), les Femmes représentent pourtant la plus grande minorité. Et comme toutes les minorités, les Femmes sont les victimes de discriminations et de violences... et la crise provoquée par la Covid a accentué ce statut de minorité. Elles sont aussi les premières victimes de la précarité au travail : pénibilité, revenus faibles, contrats courts, heures supplémentaires non rémunérées, etc. Pendant le confinement enfin, les violences conjugales et les agressions sexuelles ont explosé.
Fouz, à l'aube d'une nouvelle vie
Le portrait de Fouz, une brestoise de 38 ans tombée très jeune dans la drogue. Depuis deux ans, Fouz suivie par l’association Aides pour entamer une nouvelle vie :
Témoignage Fouz
"Aujourd’hui dans le monde, ce sont les femmes qui payent le plus lourd tribut à l’épidémie de VIH. En France, elles représentaient en 2018, 35 % des nouvelles découvertes de séropositivité. Cette vulnérabilité est notamment liée aux violences, à la précarité et à l’isolement que les femmes subissent. Des inégalités qui ont été encore amplifiées avec la crise sanitaire. Femmes cis ou trans, migrantes, travailleuses du sexe, usagères de drogues ou séropositives : les femmes ont vu leurs conditions de vie dégradées par la crise sanitaire et de fait, leur vulnérabilité au VIH accrue. Pour cette journée internationale des droits des femmes, AIDES rappelle que faire avancer les droits de toutes les femmes, c’est faire reculer le VIH."
La crise du coronavirus agit comme un condensateur des violences et abus subis quotidiennement par les femmes, et plus particulièrement les femmes marginalisées : séropositives, migrantes, travailleuses du sexe, usagères de drogues ou femmes trans. L’augmentation de 30 % des violences2 et les difficultés d’accès aux soins, notamment à la santé sexuelle (augmentation de 330% des difficultés exprimées par les appelantes du Planning Familial3) a encore davantage exposé les femmes aux risques d’infection au VIH.
Pour les travailleuse du sexe, qui ont 30 fois plus de risque de contracter le VIH qu’une personne n’exerçant pas le travail du sexe4, les contraintes des confinements successifs se sont ajoutées à l’encadrement répressif en place depuis 2016 : beaucoup d’entre elles n’ont pu poursuivre leur activité, ou l’ont continué dans des conditions extrêmement dangereuses et précaires. Teva, travailleuse du sexe accompagnée par AIDES, résumait sa situation en 2020 : « ce n’est pas possible de travailler. Pour manger, c’est un peu urgent »
Pour les femmes migrantes, déjà largement mise en marge de la société et qui représentent 81% des découvertes de séropositivité chez les femmes en 2018, la crise sanitaire est aussi une nouvelle épreuve, comme l’indiquait Lauriane, militante de AIDES : « Sur Bordeaux [au mois de juillet], à la préfecture sont délivrés des titres de séjour qui auraient dû être délivrés en mars. Donc finalement, l’épidémie a décalé la précarité administrative de toutes les personnes migrantes qui devaient accéder à leurs titres de séjour ». Des retards qui ont des conséquences directes sur l’accès aux soins et à la prévention de ces personnes, et notamment des femmes.
Enfin, la crise n’a pas épargné les femmes trans qui ont 13 fois plus de risques de contracter le VIH que les personnes cisgenres. L’isolement et la précarisation que ces femmes ont vécu durant cette crise a encore renforcé leur éloignement des structures de santé et associatives.
Face à ces situations intolérables, AIDES demande :
- l’abrogation des politiques répressives à l’encontre des femmes les plus exposées au VIH, comme la loi de 2016 de pénalisation des clients ou la loi de 1970 qui réprime les usages de drogues ;
- la prise en compte spécifique des femmes dans les mesures sociales d’urgence : aides financières, solutions d’hébergement ;
- L’augmentation des financements des structures d’accueil et des associations communautaires qui accompagnent les femmes les plus vulnérables aux violences et aux épidémies.
Pour dénoncer ces réalités inacceptables et alerter sur la nécessité de prendre en compte les violences subies par toutes les femmes et d’y apporter les réponses adéquates, AIDES donne la parole à ses militantes. Quotidiennement, elles accompagnent des femmes exposées au VIH et témoignent de situations insupportables qui font toujours le jeu de l’épidémie de VIH.
[Avec Association Aides]