CDK Technologies, grand gagnant du Vendée Globe
Publié : 12 février 2021 à 14h21 - Modifié : 12 février 2021 à 14h41 par Dolorès CHARLES
Sur le podium du Vendée Globe, trois bateaux construits au chantier breton CDK Technologies. Yann Launay s'est rendu sur place à Lorient, chez le grand gagnant (technologique) de l'épreuve remportée par Yannick Bestaven.
Maître Coq, Apivia, Bureau Vallée, Yes We Cam : les quatre premiers bateaux au classement du Vendée Globe 2020-21 ont un point commun (en dehors d'avoir bouclé leur tour du monde) : ils ont tous les quatre été fabriqués par le chantier CDK Technologies en Bretagne. Depuis la création de la course, cinq des neuf bateaux victorieux étaient signés CDK. Pourtant, le chantier basé à Lorient et Port-la-Forêt n'est pas le seul à fabriquer des bateaux en carbone. Alors, quel est le secret de la réussite ? Yann Launay a posé la question à Philippe Facque, directeur général de CDK Technologies :
"Il n'y a pas de secret, je crois que c'est la qualité de fabrication, c'est la passion que tous les opérateurs ici mettent sur leur travail... On essaye d'être minutieux, de sortir des bons bateaux, et visiblement ça marche pas trop mal... La voile est un sport mécanique, comme la F1 ou la voiture de rallye, ce sont des voitures qui doivent être très solides, mais très légères... On a le même problème... D'année en année, on progresse, mais c'est très empirique : d'un bateau à l'autre, on progresse, on arrive à renforcer les bateaux, voir où il y a des points faibles..."
Le carbone pré-imprégné
CDK fabrique des bateaux en carbone la technique utilisée par CDK, c’est le carbone pré-imprégné : un tissus de fibres de carbone recouvert de résine. Une technique qui suppose des outils pointus :
"Il faut avoir des fours pour cuire les pièces ou des autoclaves pour cuire avec de la pression : on peut cuire jusqu'à 200° avec 10 bars de pression, c'est énorme : cela demande des autoclaves qui sont de véritables cocottes-minutes, des engins coûteux et dangereux à manipuler. Celle qu'on a ici à Lorient, c'est à peu près la seule qui existe dans le domaine de la construction nautique."
Le carnet de commandes rempli
La réussite des bateaux CDK, sur le Vendée comme sur d'autres courses prestigieuses vient renforcer le prestige de l'entreprise, et Philippe Facque ne le cache pas. Le carnet de commandes se remplit vite, même en ces temps compliqués :
"On a perdu deux mois de fabrication l'année dernière, mais autrement on a travaillé tout le temps, on a même embauché... On a un carnet de commandes qui est rempli à 80%... On a déjà des contacts pour le prochain Vendée Globe, beaucoup de projets en cours... On commence à faire des bateaux pour les étrangers : on fait un bateau pour les Américains, pour l'Ocean Race, qui sera livré au mois de juillet... La réputation du chantier commence à dépasser les frontières..."
Le futur Banque Populaire XI
Le prochain bateau qui sortira du chantier lorientais de CDK sera un multicoque : le futur Banque Populaire XI, destiné au skipper Armel Le Cleac’h. Un maxi-trimaran destiné à devenir l’un des voiliers les plus rapides au monde :
"C'est un Ultim, un trimaran de 32 m, c'est 20 mois de consruction, et on arrive à la fin... C'est toujours satisfaisant de sortir un beau bateau, après ce qui nous intéresse c'est de voir si il va vite, s'il va plus vite que les autres... Le précédent Banque populaire s'était cassé lors de la dernière Route du Rhum. Ces bateaux-là marchent facilement à 40 noeuds... Quand vous tappez une vague à 40 noeuds, c'est-à-dire à 70 km/h, c'est comme si vous rentriez dans un mur. Il faut vraiment que le bateau soit costaud pour supporter ces efforts, ce bateau-là on l'a fait plus beaucoup plus costaud que l'ancien..."
Banque populaire XI devrait être mis à l’eau fin mars – début avril.
Un reportage de Yann Launay.