A moins de 74 centimes le litre de lait, on vend à perte

Publié : 4 mars 2021 à 9h52 - Modifié : 7 octobre 2021 à 9h45 par Alexandra BRUNOIS

HIT WEST

Les Jeunes agriculteurs des Pays-de-la-Loire réclament devant les tribunaux l'application de la loi EGALIM par les grandes surfaces. En jeu : les prix de vente dans les rayons. Ils ont déposé trois plaintes au tribunal administratif de Nantes. Reportage de Cédric Mané

EGALIM : c'est cette loi née des Etats généraux de l'alimentation. Mais deux ans après sa mise en route, les Jeunes Agriculteurs, le syndicat d'agriculteurs lié à la FNSEA, estime que ce n'est pas toujours le cas. Après deux mois de négociations commerciales tendues, le syndicat des Jeunes Agriculteurs décide donc de porter trois plaintes devant le tribunal administratif de Nantes: contre l'Etat, les grandes et moyennes surfaces et les transformateurs.

Le nœud est toujours le même : les prix, l'application de ce qui est appelé le "seuil de revente à perte" qui oblige le commerçant à vendre un produit au moins 10% de plus que le prix d'achat, et globalement un système qui se fait sur le dos des agriculteurs dénonce Alexis Roptin, le président des JA en Pays de la Loire.

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"Avant la loi il y a certains produits sur lesquels les grande surfaces ne faisaient pas de marge, comme le Coca-Cola ou le Nutella. Pour compenser, ils augmentaient leur marge sur les produits agricoles, le beurre, le lait, la viande. Donc l'idée de cette loi, c'était d'imposer une marge minimum sur tous les produits. Vu qu'ils faisaient des bénéfices supplémentaires, ça permettait de mieux répartir la marge sur les produits alimentaires notamment en achetant plus cher aux agriculteurs. Sauf que le résultat c'est qu'ils ont gagné de l'argent. Et au lieu de mieux payer les agriculteurs, ils ont diminué les produits qu'on appelle "non-essentiels", c'est-à-dire les couches la lessive... Mais on n'a pas vu de retour dans les cours de ferme".

10 à 15% de hausse pour les matières premières...

Car pendant que les revenus n'augmentent pas, ou pas assez, pour les producteurs, les coûts de production s'envolent, notamment celui des matières premières utilisées pour l'alimentation des bêtes.

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"Les coûts de production ne sont pas pris en compte donc on se retrouve encore avec des déséquilibres majeurs, en plus d'être confrontés à des augmentations de coût de matières premières: par exemple l'alimentation des élevages de volailles, porcs... augmentent ces derniers mois: + 10%, + 15% sur le coût de matières. Ce qui fait que derrière on va avoir des coûts de production qui vont là encore augmenter. Et quand on a des prix fixés dans les contrats qui ne tiennent pas compte de ça, on sait qu'on va vendre à perte très rapidement".

Des actions sont régulièrement menées comme cet empaillage d'une grande surface à Angers début février ou cette distribution d'œufs à Rennes il y a deux semaines.