Nantes, Rennes, Angers : Addictions France épingle des établissements de l'ouest, qui vendent de l'alcool aux mineurs
Publié : 13 décembre 2023 à 16h25 - Modifié : 13 décembre 2023 à 16h29 par Dolorès CHARLES
A l'approche des fêtes de fin d'année, Addictions France encourage les Français à être vigilants et à interroger la place et la représentation de l’alcool dans notre société. L'association publie aussi des études selon lesquelles les mineurs ont facilement accès à l'alcool, et épingle de fait 20 établissements de l'ouest pour vente illégale d'alcool aux mineurs.
Nous sommes très tolérants avec l’alcool, trop sans doute ! Addictions France vient de dévoiler les résultats de ses études relatives à la consommation d’alcool des jeunes, et chez nous, les mineurs y ont facilement accès. Cela peut démarrer par une initiation en famille, lors des fêtes de fin d’année par exemple, 57% des Français affirment avoir déjà proposé à un mineur une boisson alcoolisée... Les adolescents peuvent ensuite en acheter de façon illégale dans les bars, cafés ou supermarchés. Les achats tests réalisés par des mineurs par Addictions France montrent par exemple que sur les 42 établissements visités en Loire-Atlantique cet été (*), tous, sauf un, ont vendu de l’alcool à des adolescents (**).
Des poursuites pénales engagées
A Nantes, Angers ou Rennes, les débits de boissons ne respectent pas la loi. Addictions France a mandaté un commissaire de justice dans chaque ville et sur les 20 établissements visités tous ont vendu de l’alcool aux mineurs. Pour Valérie Guittet de l’association Addictions France, interrogée par Dolorès Charles, "qu'on soit dans un hypermarché, un supermarché, une épicerie, un bar, un fast-food, il n'y a pas de contrôle d'âge, c'est une grosse problématique car c'est une obligation légale. En fait, ils ne doivent pas vendre d'alcool, au titre du service qu'ils proposent et doivent vérifier. Aujourd'hui il y a plutôt une estimation de l'âge à l'apparence physique, c'est au doigt mouillé, mais si comme ça, autant se dire qu'à moins de 25 ans on demande systématiquement la carte, mais ce n'est pas le cas."
L’association a décidé d’engager des poursuites pénales à l’encontre des supermarchés, pour qu’ils respectent la loi censée protéger les mineurs (***), et compte en engager d’autres, envers ceux ayant fait l’objet de constatations au cours de cet automne à Nantes, Angers et Rennes, soit 20 procédures.
"On n'a pas ... cette alerte systématique en France de se dire à moins de 25 ans je demande la carte (d'identité) !"
Il y a une ambivalence, estime Valérie Guittet : "on a de l'ambivalence sur le service dans les bars, cafés, restaurants. Ils estiment bien faire, mais ils sont loin de la réalité et de la pratique commerciale qui est une vente à tout va où au final ce n'est pas grave ou tiens, celui ci doit être majeur ... On n'a pas, comme dans les pays étrangers au Québec, au Royaume-Uni ou dans les Pays-Bas, cette alerte systématique de se dire à moins de 25 ans je demande la carte (d'identité) ! C'est vraiment un modèle qu'on devrait emprunter en France."
Un "vrai" mois sans alcool, soutenu par l'Etat
A l’approche du "Dry January", 48 addictologies demandent au ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, de promouvoir le défi d'un mois de janvier sans alcool. En 2020, le gouvernement avait retiré son soutien à l'opération… sous la pression des lobbyistes de l’alcool. "Le mois sans tabac est crédible dans une demande d'arrêt du tabac, puisque c'est une consommation délétère dès la première cigarette, dès le fait du quotidien, et 80 % des fumeurs sont dépendants au tabac. Le mois sans tabac propose l'arrêt, mais le Dry January propose une pause, une réflexion et surtout une curiosité qui va naître de combien de fois dans ce mois, on va me proposer de l'alcool... C'est aussi voir toutes les opportunités d'alcool proposées, comment on se sent bien ou non à refuser. On peut dire "je fais le "Dry january" et c'est un argumentaire de plus par rapport à des personnes qui en France, sont parfois gênées de dire qui ne boivent pas d'alcool."
Des calendriers de l'Avent désormais alcoolisés
Depuis le 1er décembre, les alcooliers mettent aussi en vente des calendriers de l’Avent, une aberration pour Valérie Guittet d’Addictions France. "C'est un secteur marchand qui n'a qu'une visée, une visée économique, mais quand on boit tous les jours, on est très loin des repères de consommation ! Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que l'alcool c'est de l'alcool, avec de l'étahnol partout : quand vous buvez une bière, du vin ou des alcools forts, c'est vraiment la toxicité de ce produit qu'il faut avoir en tête !"
A l'approche des fêtes, l'association Addictions France encourage les Français à être vigilants et à interroger la place et la représentation de l’alcool dans notre société.
(*) Ancenis-St-Géréon, Clisson, Vallet, Blain, Héric, Les Touches, Nord s/ Erdre
(**) Déjà en 2021, une opération de testing menée en Loire-Atlantique et Finistère avait montré que 9 supermarchés sur 10 ne respectaient pas l’interdiction.
(***) L’association a engagé, devant le tribunal de Nantes en juillet dernier, 4 procédures pénales à l’encontre des responsables de supermarchés des géants français Auchan et Leclerc après avoir fait constater par un commissaire de justice la vente d’alcool à un mineur dans quatre enseignes de la métropole nantaise, sur les cinq visitées en avril dernier.