Nantes : Les Urgences du CHU en grève illimitée

Publié : 25 octobre 2022 à 9h32 - Modifié : 25 octobre 2022 à 16h57 par Emilie PLANTARD

Les syndicats du CHU en grève illimitée
Crédit : Emilie Plantard

Les syndicats du CHU de Nantes ont accroché une banderole côté de l'entrée des urgences, une manière de matérialiser la grève illimitée en cours depuis dimanche soir. Ils dénoncent le manque de lits dans les services, qui se répercute quotidiennement aux urgences. Les personnels sont à bout.

La grève se poursuit au services des urgences du CHU de Nantes. La CGT, qui a déposé le préavis de grève suite à une demande du personnel, a été rejoint par les syndicats SUD et FO. Ils dénoncent des conditions de travail épuisantes et un accueil des patients inadapté. La récente communication, plutôt positive, de la direction du CHU a mis le feu aux poudres. Elle annonçait, entre autre, avoir rouvert tous les lits fermés pour l’été, grâce à un recrutement efficace.

Or pour les syndicats, c’est bien le manque de lits qui saturent les urgences, où les patients attendent dans les couloirs d’être transférés. 

Patrice Le Luel est secrétaire général adjoint CGT au CHU de Nantes : "Quoi qu’en dise la direction, il y a des suppressions de lits et s’il n’y en avait pas, les urgences seraient beaucoup plus fluides. Les patients le voient tous les jours. Normalement les patients devraient attendre 4 heures entre le diagnostic et l’orientation. Aujourd’hui c’est plus de 72 heures. Dans un lieu qui n’est pas adapté."

Un contexte qui dure depuis 2016

Depuis la rentrée, le CHU a certes recruté, mais pas suffisamment encore pour pallier tous les manques d’effectif dans les services et les conditions de travail continuent de se dégrader...

"Comme diraient nos directeurs, la crise. Mais ces n’est pas une crise, déplore Patrice Le Luel. C’est structurel, il y a un souci de lits. Ça dure depuis 6 ans. En 2016 on était en grève, en 2019 aussi, en 2020 il y a eu le COVID, le personnel s’est retroussé les manches, il a encore serré les dents cet été mais là on n’en peut plus."

Patrice Le Luel, secrétaire général adjoint CGT au CHU de Nantes
Crédit : Emilie Plantard

Une maltraitance générale

Aux Urgences, les conditions de prise en charge sont dégradées, le temps d’attente est évalué à plus de 12 heures. Mais une fois le diagnostic posé, l’attente continue lorsque le patient doit intégrer un service où les lits manquent... Jusqu’à atteindre la maltraitance. Patrice Le Luel : "Des patients qui attendent plus de 72 heures dans les brancards, des personnes âgées... Une personne qui arrive sans escarre, qui n’est déjà pas bien puisqu’elle arrive aux urgences et qui constitue une escarre, moi je qualifie ça de maltraitance. Je ne parle pas des patients qui sont en prise en charge psy, en tromato ou en médecine générale c’est la même... On peut toujours travailler avec le corps médical, ils ne sont pas là les lits !"

Patrice Le Luel, secrétaire général adjoint CGT au CHU de Nantes
Crédit : Emilie Plantard

Un retour à la grève

Aujourd’hui, comme avant la crise COVID, le personnel s’est mis en grève illimitée pour demander du matériel mais surtout un renfort d’effectif. Thierry Creis est secrétaire du syndicat SUD au CHU de Nantes :

"Ça a payé en 2016, ça a payé en 2019, il y a eu des revendications obtenues. Là il n’y a pas une demande salariale, c’est vraiment une demande d’effectif pour pouvoir faire convenablement leur travail. Il y a un malaise de la part des soignants et des administratifs, c’est tout un ensemble."

Jeudi, c’est le service pédiatrique qui se mettra en grève illimitée à Nantes. Aux Urgences ou en pédiatrie, la grève n’entrave pas le service mais des actions coup de poing seront organisées par les syndicats à la rentrée. La direction avait reçu les syndicats la semaine dernière, sans apporter de réponse suffisante.

Thierry Creis, secrétaire du syndicat SUD au CHU de Nantes
Crédit : Emilie Plantard