Nantes : Les expertises psychiatriques de l’incendiaire de la cathédrale en débat
Publié : 29 décembre 2022 à 10h25 par Emilie PLANTARD
Lors d’une première audience, l’avocat du réfugié rwandais qui avait mis le feu à la cathédrale de Nantes a demandé une contre-expertise psychiatrique, ainsi qu’une expertise sur la participation du prévenu à son procès. Le tribunal a accordé la seconde seulement.
Une première audience avait lieu ce mercredi 28 décembre concernant l’incendiaire de la cathédrale de Nantes. Ce réfugié rwandais avait mis le feu au grand orgue notamment, le 18 juillet 2020, il sera jugé pour ces faits le 29 mars prochain mais avec cette audience relai, le tribunal voulait revenir sur la forme et notamment sur l’expertises psychiatrique.
Elle est au cœur de ce dossier puisque l’unique expertise psychiatrique réalisée sur Emmanuel Abayisenga après l’incendie n’a pas détecté de pathologie ni même de dangerosité. Or, le prévenu a tué le père Olivier Maire qui l’avait hébergé à sa sortie de prison. Son avocat Quentin Chabert a donc demandé une contre-expertise.
"On obtient sa remise en liberté, on est fin mai et 2 mois après, alors que les experts nous disent qu’il n’est pas dangereux, on se rend compte que ce n’est pas le cas. On a un homme admirable qui est décédé après. Donc cela intrigue la défense sur ses capacités au moment lié aux faits sur le père Olivier Maire, mais aussi au moment de la cathédrale."
Le meurtre du prêtre indissociable du dossier de la cathédrale
Après l’incendie, Emmanuel Abayisenga avait en effet tué le prêtre qui l’avait hébergé à sa sortie de prison, en 2021. Ce crime sera jugé plus tard, mais l’avocat du prévenu Quentin Chabert ne veut pas dissocier les 2 affaires.
"Ces 2 dossiers, on peut faire semblant de ne pas les lier mais la réalité c’est que si il y a une abolition du discernement qui est prononcé dans le cadre du dossier du père Olivier Maire, quel est le sens d’avoir une peine concernant la cathédrale qui peut aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et avoir en même temps sur un autre dossier, on a besoin de soins et il n’est pas responsable pénalement, ça pose des difficultés, d’autant plus avec cette expertise qui n’a rien vu de la dangerosité à venir."
Un parcours particulier
Cette expertise psychiatrique n’a pas décelé la dangerosité d’Emmanuel Abayisenga, qui a pourtant tué le prêtre qui l’hébergeait à sa sortie de prison. Lui n’a pas accordé de mandat pour une contre-expertise alors son avocat a demandé au tribunal de l’ordonner, la première n’étant pas fiable pour lui.
"C’est un homme un vécu compliqué, qui n’avait pas posé de problème avant les faits de la cathédrale, c’était même quelqu’un de remarquable, c’est dithyrambique. Donc il se passe quelque chose, qui visiblement n’a pas été assez déterminé par les experts psychiatres qui montre que tout n’est pas clair dans son esprit. Qu’est-ce qu’il peut comprendre ?"
Le tribunal a rejeté cette demande de nouvelle expertise hier mais en a ordonné une concernant la présence du prévenu à l’audience. Elle est prévue le 29 mars prochain.