Nantes : Le chantier du futur CHU progresse, malgré le surcoût
Publié : 6 juillet 2023 à 17h18 - Modifié : 7 juillet 2023 à 15h43 par Emilie PLANTARD
Une nouvelle visite du chantier du futur CHU a été organisée à Nantes ce jeudi 6 juillet. L’occasion de découvrir le pavillon témoin, qui réunit l’essentiel des innovations de ce projet de grande ampleur, et dont le coût grandissant inquiète les opposants.
Le chantier du futur CHU sur l’île de Nantes progresse, les fondations sont sur le point d’être terminées, des bâtiments commencent à s'élever et un pavillon témoin est sorti de terre. Une visite était organisée ce jeudi 6 juillet en compagnie du préfet de la Loire-Atlantique et du directeur de l’ARS, les présidentes de région et de Nantes-Métropole. L’occasion de voir concrètement à quoi pourra ressembler l’établissement, dont le coût prévisionnel doit encore probablement augmenter.
Le CHU et ses cosy-bulles sans lit...
A l’intérieur du pavillon, une idée du parcours que vont faire les patients entre les salles d’auscultation, le bloc opératoire ou les chambres avec vue sur la Loire. Il y aura aussi de nombreux cosy-bulles, ces petits boxes réservés aux patients en ambulatoire. "65% des patients vont avoir une prise en charge sur la journée, explique Anne-Claire Guille-des-Buttes, la cadre supérieure de santé à la direction des soins du CHU de Nantes qui dirige la visite. Cela existe déjà mais de l’ordre de 40%, donc ils vont avoir un petit geste chirurgical et pendant 2 ou 3 heures, voire la journée, ils vont avoir besoin d’être sous surveillance. Ce sont eux qui seront dans ces cosy-bulles, donc c’est plus petit qu’une chambre, il n’y a pas de lit."
L’opposition toujours virulente
Opposant au projet, Jean-Marie Ravier, ancien membre de l’association Galea (Groupement d'Analyses et d'Etudes de Loire-Atlantique) reconnaît la qualité de l’innovation mais déplore, toujours, sa localisation et les dépenses exorbitantes. "C’est beau, tout est très beau. Mais si on compare avec ce qui se passe à Pontchaillou, ils font la même modernisation, la même mise à jour technique, mais dans les bâtiments existants. Bloc par bloc. Ce qui est évidemment beaucoup moins cher que de vouloir tout faire d’un coup comme on est en train de le faire à Nantes. C’est à la fois démesuré et trop petit. On a 10 hectares, alors qu’avant on en avait 18. Pontchaillou en a 70. Quand on nous parle de quartier de la santé, ça fait rire ou pleurer selon qu’on est optimiste ou pessimiste."
La direction du CHU, quant à elle, oppose que "la réglementation relative aux bâtiments hospitaliers s'est considérablement développée ces 15 dernières années dans le but d'améliorer la sécurité des patients, des personnels et des visiteurs. La mise en œuvre de cette réglementation est obligatoire (notamment pour la sécurité incendie) et elle nécessite des travaux de très grande ampleur dans les bâtiments de plus de 20 ans. Les bâtiments de l’Hôtel-Dieu et de Laennec sont des bâtiments vieillissants, difficiles à adapter. La situation de l'Hôtel-Dieu est encore plus contrainte du fait de sa classification « immeuble de grande hauteur ".
Le financement, toujours pas complètement ficelé
Un rapport flash de la Cour des comptes sorti en mai dernier soulève d’ailleurs de nombreuses questions autour de ce budget, qui est déjà passé de 900 millions d’euros en 2019 à 1,2 milliards d’euros en 2021. Parmi les interrogations, il y a l’inflation depuis le dernier chiffrage, la hausse des taux d’intérêts, non évaluée ou encore la capacité d’autofinancement du CHU, jugée trop optimiste. Un premier surcoût y est évalué à 55 millions d’euros. Pour Jérôme Jumel, le directeur de l’Agence Régionale de Santé des Pays-de-la-Loire qui cofinance le projet, la situation est délicate mais sous contrôle.
"Le rapport de la cour des comptes n’est pas inquiétant, il pointe la bonne gestion du CHU, la bonne conduite du projet, mais effectivement il souligne des coûts exogènes, avec un impact des taux d’intérêts et de l’indice des prix de la construction à la hausse, qui estiment un surcoût estimé de l’ordre de 55 millions d’euros. C’est une somme importante mais à l’échelle d’un projet à hauteur de 1,2 milliards ça reste relativement raisonnable. Nous travaillons à l’objectivation de ces coûts, à l’intégration de ce surcoût dans le plan de financement, je peux vous garantir c’est que ça ne remet, ni en cause le projet dans son économie, et que ça ne viendra pas impacter non plus la qualité des soins ou la qualité de vie au travail des personnels de santé du CHU."
Un rapport non chiffré
Un coût largement sous-estimé pour Jean-Marie Ravier, pour qui le rapport ne va pas assez loin. "Tout n’est pas explicité et c’est dommage parce que la rapporteuse de la chambre régionale des comptes, elle, a vu tous les problèmes. Mais elle n’a pas mis les chiffres en face ce qui fait qu’on n’a pas le total. C’est ce que nous avons fait Gaela, donc il y a l’inflation, les équipements qui sont grossièrement sous-estimés, il y a des entreprises qui n’ont pas encore rendu leurs marchés, la dernière qui a rendu était à 111% d’augmentation, c’est écrit noir sur blanc. Il y a une quarantaine de millions qui sont prévus pour des entreprises, mais ça va être doublé. Ils annoncent qu’on va passer à 1 milliard 247, nous on pense que ça va passer à 1 milliard 677 donc il y a 430 millions de plus..."
La direction du CHU estime que le gros œuvre devrait être terminé d’ici un an, avant un début de déménagement envisagé en 2027.