Nantes. L'insertion par la cuisine avec le restaurant "Fair-e"

Publié : 6 mars 2023 à 11h04 par Dolorès CHARLES

Alice et Emmanuelle
Crédit : Julie Morisseau

A Nantes (44), un restaurant associatif va ouvrir avec l'objectif de former des réfugiés à la cuisine. Une insertion via ce secteur, dans un lieu unique qui vise aussi à créer du lien social et interculturel et intergénérationnel. Rencontre signée Julie Morisseau.

C’est un nouveau lieu de culture et d’insertion à Nantes... Dans un mois, à la mi-avril, près des machines de l’île, Emmanuelle Poirier et Alice Thierry de ville d’Avray, portées par leur association "Alma" vont ouvrir un restaurant associatif d’application, intitulé "Fair-e". Un concept inspiré du "Refugee food festival" avec une autre dimension. L'objectif est de former tous les quatre mois deux réfugiées à la cuisine pour leur permettre de trouver un emploi. La barrière de la langue n’est pas rédhibitoire, mais elles devront tout de même maîtriser quelques bases en français.

Différentes possibilités d'insertion

Julie Morisseau a rencontré Alice, qui revient sur les possibilités d’insertion. "Soit à l'issue des quatre mois, ils sont suffisamment à l'aise pour aller postuler dans un restaurant, avec l'idée qu'on travaille en amont sur des partenariats avec des restaurateurs - soit ils peuvent nous dire qu'ils se sentent fragiles et on les accompagne vers des vraies formations, certifiante et qualifiante. Autre option envisagée parce que le métier de cuisinier est assez difficile, c'est qu'ils se rendent compte que finalement, ce n'est pas forcément ce vers quoi ils souhaitent se diriger, et donc dans ces cas-là, on essaiera en tout cas de les orienter professionnellement vers d'autres métiers (métiers de service) mais les bases qu'on leur aura appris via la restauration, à savoir la ponctualité, la rigueur et l'hygiène, sont des choses réutilisables dans d'autres expériences..." Un suivi se fera à l'issue des 4 mois.

Alice
Crédit : Julie Morisseau

Une cuisine française revisitée

"Fair-e" est inspiré du "Refugee Food Festival" selon Alice, qui vise à "permettre à des personnes réfugiées d'aller découvrir les cuisines de chefs, de se challenger, de découvrir un métier, et pourquoi pas de se professionnaliser."

Voyons le contenu de la formation avec Emmanuelle, rencontrée par Julie Morisseau. "On a fait en fait un partenariat avec Pôle emploi qui va nous permettre de faire des contrats spécifiques pour les personnes qu'on accueillera en cuisine. Ce sont quatre mois assez intenses, c'est de la formation par la pratique uniquement et il y aura un peu de langage technique à leur apprendre, mais l'idée est vraiment de les former en cuisine de manière professionnelle, de leur apprendre les techniques françaises de cuisine... Ce qu'on aimerait vraiment valoriser c'est aussi leur culture. L'idée est aussi de faire une cuisine qui soit fusionnelle entre la France et leur culture d'origine : on ne cuisinera pas forcément un bœuf bourguignon, mais par contre, on aimerait bien un peu pimenter les recettes comme ça !"

Emmanuelle
Crédit : Julie Morisseau

Des ateliers et conférences le soir

Les réfugiés seront recrutés par des associations. La formation est exclusivement pratique, et la clientèle du restaurant pourra tester du lundi au vendredi les plats préparés chaque midi mais aussi le matin, pour les petits déjeuners. Et ce n’est pas tout : Alice et Emmanuelle (*) prévoient de mettre en place d’autres activités (et conférences) pour favoriser l’échange et les rencontres.

"A partir de 18 heures le soir, on ne fera pas forcément de restauration classique, mais on a envie de mettre en place des ateliers de cuisine, des ateliers de conversation en français, de donner la possibilité aux associations nantaises de faire des permanences au sein du local, c'est vraiment pour encourager les liens interculturels et intergénérationnels, puisqu'en fait, au rez de chaussée de l'immeuble dans lequel on est implanté, on a des résidences seniors. Il y a une vingtaine de personnes qui vont occuper le lieu l'après-midi en semaine et l'idée est aussi de faire des passerelles pour qu'on puisse utiliser leurs compétences, par exemple pour la rédaction d'un CV,  faire des jeux de société et créer du lien entre les personnes qu'on accueille en cuisine et ces résidents qui ont des compétences professionnelles."

(*) Emmanuelle, titulaire d’une formation, se chargera de l’aspect cuisine quant à Alice, elle s’occupera du service et du recrutement !

Alice et Emmanuelle
Crédit : Julie Morisseau

Les deux jeunes femmes lancent un appel aux dons pour rassembler du matériel de cuisine. Tables, chaises et ustensiles sont donc les bienvenus. Une campagne de financement participatif est aussi en ligne...

Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page instagram Fair-e Restaurant !