Nantes : rencontre avec "L'inconnu du tramway" qui l'est de moins en moins ...

Si vous prenez le tramway à Nantes, tous les jours, le matin, eh bien vous l’avez peut-être déjà aperçu avec sa longue barbe, ou l'avez-vous déjà rencontré : c’est l’inconnu du tramway. Son vrai nom : Allan Touchais, 41 ans. Il est informaticien et sa passion c’est ... la photographie. Tout part de cette passion qui deviendra une thérapie pour lui : prendre en photo les gens devient une rencontre le temps d’un trajet en tram. Aujourd’hui, "L’inconnu du tramway" compte plus de 900 portraits de nantais et de nantaises.

Après L'Inconnue du métro...

Il y a 10 ans, Allan a la révélation en regardant un reportage : il veut partir à la rencontre de ceux qui partagent les mêmes transports en communs que lui. Il a raconté son histoire à Luka Pambour. "L'idée est simple et ne vient pas de moi, elle vient d'un pseudo Marie Dinkle qui avait créé dans les années 2009 - 2010 "L'Inconnue du métro" et qui en fait lors d'un reportage que j'avais vu sur elle, avait dit quelque chose qui m'avait parlé : moi qui n'avais pas le permis et prenais les transports en commun tout le temps, c'est à dire de croiser les gens et de se demander ce que font les gens assis en face et pourquoi ils descendent là ? Quel métier ils peuvent faire ?

Moi qui prenais les transports en commun tout le temps cela m'a parlé. Moi qui faisais de la photo, j'ai retrouvé son travail plusieurs années après, j'ai vu qu'elle a arrêté et en 2013 j'ai lancé "L'inconnu du tramway" en hommage à "L'inconnue du métro."

"Le but est de découvrir tous les jours le portrait d'un inconnu au hasard !"

Son concept, c’est plus qu’une photo ou un simple échange, c’est apprendre des autres et découvrir les vies parfois compliquées des autres. Le temps d’un trajet, Allan nous raconte ce qu'il intéresse : "c'est de savoir qui ils sont ; ce qu'ils font, pourquoi ils le font, et de montrer aussi la diversité... Dans "L'inconnu du tramway", chacun vient voir ce qu'il veut y voir et trouve ce qu'il veut y trouver... Des jeunes peuvent se rendent compte que dans une vie, on a 1 000 vies, on fait dix fois dix métiers différents... Certains ont fui leur pays, il y a des gens qui ne parlent pas français, qui pensent, qui adorent ce qu'ils font, des gens qui font des sports que je ne connais pas, des vocations, etc. C'est ça l'inconnu, la vie ! Le but est de découvrir tous les jours le portrait d'un inconnu au hasard !"

Des rencontres étonnantes

Au fil des années, les rencontres s’accumulent, parfois elles sont belles et touchantes, parfois compliquées ou banales. Pour Allan, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises rencontres. Il y a quelques années, il a fait la rencontre d’une personne qui le marquera à jamais.

"Il y en a plein des rencontres, des gens qui ont fui leur pays... Je me rappelle de Morteza que j'avais rencontré en 2013 ou 2014, qui a fui son pays - l'Iran, et qui a appris le français dans un amphi en scred (en cachette), qui notait des mots qu'il entendait et le soir sur son petit dictionnaire, il recherchait à quoi cela correspondait et c'est comme ça qu'il a appris français... Des gens qui m'ont parlé de drames familiaux parce qu'ils avaient besoin d'en parler à un inconnu. On ne se rend pas compte qu'aujourd'hui, et même après le Covid, je pensais que les gens n'auraient plus envie de parler et en fait, on se rend compte que les gens ont toujours envie de parler, et même plus encore !"

"Je devais arrêter au bout d'un an et ça fait dix ans que je fais ça !"

Ce projet ne date pas d’hier et s'il a été mis en pause à cause du Covid, l’envie était trop forte pour Allan qui est revenu dans le tramway, après deux années sans portrait. "J'ai arrêté pendant trois ans à cause du Covid et franchement, je ne me projette pas. Est ce que c'est la dernière année ? Peut être. Je m'étais fixé à la base une année, après je m'étais fixé 100 portraits et j'en suis à un peu plus de 900. Là, pour le moment, j'ai envie d'atteindre les 1 000. Je trouve qu'il n'y a pas meilleur endroit qu'un transport en commun. On va d'un point A à un point B, on est tous là et c'est vrai que ce n'est pas facile de créer du lien parce qu'on ne sait pas si les gens vont descendre tout de suite... Avant, c'était tous les jours, mais maintenant, c'est à peu près deux fois par semaine, deux portraits par semaine !"

En attendant de le croiser un jour dans le tramway, de le rencontrer et peut-être de vous faire tirer le portrait, vous pouvez lire toutes ses rencontres sur son site internet et le suivre sur Instagram et Facebook.