Nantes : l'Arbre aux hérons, trop cher ?
Publié : 20 juillet 2021 à 11h09 par Alexandra BRUNOIS
52,4 millions d'euros HT : c'est le budget de construction de l'arbre aux hérons, projet des Machines de l'île à Nantes. Un budget qui explose de +50 % par rapport à ce qui était initialement prévu. La maire de Nantes et son créateur le défendent au micro de Cédric Mané
Vous connaissez sans doute cet éléphant mécanique qui se promène sur l'île de Nantes... Il fait parfois un peu peur aux enfants... et ce qui effraie au moins autant les plus grands, c'est le budget du prochain grand projet de la compagnie La Machine qui a créé cet éléphant...L'arbre aux hérons c'est le projet en question, et son budget explose donc : il est désormais de 52,4 millions hors taxe, + 50% par rapport au budget annoncé il y a une dizaine d'années.
Johanna Rolland la maire de Nantes défend pourtant ce projet bec et ongles, selon elle c'est une manière de porter l'économie locale, puisque 95% de l'argent consacré à l'arbre serait dépensé localement...
"Ce que nous disent les acteurs, les commerçants, les acteurs locaux, c'est qu'après cette période de crise, on a besoin de redonner du souffle. Un projet comme ça vient soutenir l'économie locale et l'emploi local. donc quand on ne veut pas voir prospérer Amazon, on pose des actes. Les entreprises ont envie et même besoin de cette aventure. Et puis c'est un projet qui peut faire rêver, et je crois que dans la période actuelle on en a aussi besoin".
Alors au-delà du budget il faut bien admettre que l'arbre aux Hérons est un projet fascinant... François Delarozière est le directeur de la compagnie la Machine, il a aussi créé auparavant pour la fameuse compagnie Royal de Luxe... Il décrit ce qu'il appelle le "bestiaire mécanique" qui se promènera dans cet arbre de 35 mètres de hauteur.
"Ce sont de petites scènes, pour prendre un exemple il y a un caméléon qui s'anime doucement et se tend sur ses pattes et qui attrape une mouche mécanique avec une langue qui sort de son corps, on aura un paresseux qui se déplace le long d'une branche, sort d'une branche un serpent qui s'enroulera, une nuée de papillons qui vont s'envoler, il y aura un vol d'oies sauvages... Tout ça c'est du mouvement à l'intérieur de l'arbre et une ode à la nature et un "tribute" aux monde végétal et animal".
Le projet situé en bord de Loire à l'Ouest de la ville sera soumis au vote des élus nantais d'ici la fin de l'année... Ce n'est pas joué car des élus, y compris des membres de la majorité comme les écologistes, s'y opposent en estimant qu'il faut mettre l'argent public ailleurs, dans des écoles ou dans l'insertion par exemple... Quoi qu'il arrive l'arbre aux hérons s'il voit le jour n'existerait pas avant 2027... le budget a donc encore bien le temps de grimper aux arbres.
1/3 pour la métropole, 1/3 pour l'Etat et 1/3 pour les collectivités territoriales
La maire de Nantes revendique un partage juste des dépenses pour boucler le budget: elle insiste sur son crédo, "un tiers pris en charge par l'agglomération de Nantes, un tiers pour l'Etat et les collectivités territoriales, et un dernier tiers pour les entreprises privées et les dons des particuliers". Soit, à ce jour, 17,5 millions d'euros pour chacun de ces financeurs.
Sur ce dernier tiers, l'apport réel du privé est cependant limité: le système de déduction fiscale dont bénéficie les particuliers ou le secteur privé est de 60 ou 66% selon les statuts.
A ce jeu, le mécénat n'est donc que de 60 ou 66% des 17,5 millions, soit environ 6 millions, le reste, environ 11 millions donc, étant rendu par le fisc aux donateurs au nom de la déduction promise. C'est autant qui ne rentre pas dans les caisses de l'Etat.
De plus, à ce jour, les donateurs n'ont pas fait le plein, car les 17,5 millions espérés du secteur privé ne sont pas encore tombés dans l'escarcelle de l'arbre aux hérons.
Au final, si le budget en reste là, ce sera donc environ 46 millions d'euros d'argent public sur les 52,5 millions (Hors taxe) qui seront dédiés au financement de l'espace de loisirs nantais. Soit près de 90% du budget total.
Une réduction de la dimension du projet n'est pas exclue, elle a même déjà démarré: le nombre de branches du fameux arbre a même déjà été revu à la baisse, de 22 à 17.