Nantes étend (largement) son stationnement payant !

Publié : 1er juin 2023 à 8h25 - Modifié : 1er juin 2023 à 15h36 par Emilie PLANTARD

stationnement payant Nantes
Crédit : Emilie Plantard

A partir de ce jeudi 1er juin, le nombre de places de stationnement payant va progressivement doubler à Nantes. L’objectif est de contraindre les automobilistes à se garer sur les parkings extérieurs et utiliser les modes de déplacements doux. Ça ne fait pas que des heureux... Reportage :

Si vous avez l’habitude de venir à Nantes en voiture, attention ! Le stationnement payant est étendu dans plusieurs quartiers de la ville (De Saint-Donatien à Malakoff et Nantes-sud), à compter de ce jeudi 1er juin. C’est la première tranche de l’élargissement du périmètre de stationnement payant, qui traduit la volonté de la municipalité de repenser la place de la voiture dans la ville. Les automobilistes sont ainsi invités à se garer autant que possible à l’extérieur et finir leur trajet en transports en commun ou à vélo. Les résidents quant à eux, pourront éventuellement réfléchir à se séparer d’une voiture s’ils le peuvent.

Dans les quartiers concernés, résidents ou salariés, cette décision ne fait pas que des heureux, Emilie Plantard est allée à leur rencontre dans le quartier Saint-Donatien : "J’ai déjà acheté l’abonnement, quand on paie c’est toujours trop cher mais en l’occurrence le fait qu’on ne puisse pas toujours se garer, je vous dirai dans quelques mois si ça vaut le coup ... Si c’est bien fait c’est une bonne chose... Moi je suis en voiture parce que j’habite loin, je suis pour l’écologie mais quand on n’a pas le choix, je ne vois pas comment on peut faire. Je ne peux pas prendre les transports, avec les horaires que j’ai, ou alors je rentre chez moi à 22H... Je suis contre. Moi je ne me plains pas j’ai un garage mais je pense à tous ceux qui doivent travailler, je ne suis pas d’accord... Il y a peut-être plus de place quand c’est payant... Je n’y crois pas du tout ! C’est tout vu."

Micro-trottoir, quartier Saint-Donatien à Nantes
Crédit : Emilie Plantard

Le nombre de places payantes va doubler!

Denis Tallédec, l’élu en charge du stationnement à la ville de Nantes, reconnait que la démarche de la ville est contraignante, mais qu’elle est indispensable. "Aujourd’hui on était à peu près à 12.500 places payantes sur Nantes, on va passer aux alentours de 25.000 donc on a étendu fortement le périmètre de stationnement jusqu’aux boulevards du XIX, la ceinture du centre-ville. Mais moult résidents nous appelaient en nous disant on veut passer en payant, on n’arrive plus à se garer. C’était aussi un constat et donc on a fait ce choix d’extension mesurée, dans un 1er temps mais suffisamment important que les visiteurs changent leurs habitudes et prennent les transports en commun."

A noter que les forfaits résidents sont désormais indexés sur les revenus. Les tarifs s’échelonnent donc de 180 à 18 euros par an. Et toujours la possibilité de payer 1 euro la journée. Plus de renseignements sur nge-nantes.fr

Denis Tallédec, élu en charge du stationnement à la ville de Nantes
Crédit : Emilie Plantard

Trop de circulation en ville

Car la population continue d’augmenter sur l’agglomération et la circulation automobile aussi. C’est trop, la qualité de vie et la qualité de l’air sont dégradées. La mairie veut donc agir pour réduire le trafic. "Il y a trop de déplacements aujourd’hui, constate Denis Tallédec, l’élu en charge du stationnement à la ville de Nantes, 1 million de déplacements jour, 1,25 millions à horizon 2035. On voit bien que ce n’est plus possible, il faut qu’on change nos habitudes. Un certain nombre d’habitants ont déjà changé leurs pratiques, ils sont passé de 3 à 2 voire 1 véhicule. Et on voit la part modale des cyclistes augmenter. On comprend aussi qu’un certain nombre de personnes ont besoin de leurs voitures pour travailler à 30km de Nantes. Je rappelle qu’un stationnement gratuit c’est 1 véhicule par jour et un stationnement payant c’est 5 à 7 véhicules par jour sur la même place. Donc ça permet de libérer de l’espace public au profit des habitants.

Denis Tallédec, élu en charge du stationnement à la ville de Nantes
Crédit : Emilie Plantard

« On est la première ville en France à appliquer une tarification solidaire »

Autre changement important, la tarification des abonnements pour les résidents sera désormais indexée sur les revenus. De manière à moins pénaliser les foyers les plus modestes. "Notre cap il est simple. C’est inciter les visiteurs à se garer sur les extérieurs pour prendre soit du transport en commun, soit de la mobilité douce. Et le corolaire de ceci, c’est favoriser le stationnement du résident. Pour se faire, on a mis en place une tarification solidaire, on est la première ville en France à le faire, en fonction du revenu. Pour une personne seule qui gagne jusqu’à 1800 euros, il peut y avoir un abattement de 30 % sur le tarif plancher qui est de 180 euros par an, soit 15 euros par mois. Tarif qui n’a pas évolué depuis 2015 et qui n’évoluera pas sous ce mandat."

Pour le stationnement classique, il fait désormais dépenser 2,30 euros de l’heure en zone rouge et 1,50 euros l’heure en zone jaune.

La problématique du stationnement ne concerne pas que Nantes, Rennes a également étendu sa zone payante à la rentrée dernière. Dans la ville de Lyon, la tarification devrait évoluer en fonction du poids du véhicule dès 2024, un choix qu’étudie également la ville de Paris.

Denis Tallédec, élu en charge du stationnement à la ville de Nantes
Crédit : Emilie Plantard