Morbihan. Solène Pira-Le Monnier va plaider la cause des élus locaux à l'Elysée
Publié : 15 mai 2023 à 12h13 par Dolorès CHARLES
La dernière démission en date, celle du maire de Saint-Brevin, Yannick Morez, a été fracassante mais l'élu de Loire-Atlantique n'est pas le seul à jeter l'éponge. Dans le Morbihan, une élue Solène Pira-Le Monnier a rendez-vous à la fin du mois à l'Elysée, pour évoquer le cas des élus locaux. Elle est à l'origine d'une lettre ouverte "pour alerter sur l'urgence à rétablir la démocratie locale."
Devant les démissions d'élus locaux, le gouvernement veut agir : une "Cellule d'analyse et de lutte" va commencer à fonctionner ce mercredi17 mai, pour contrer les violences que subissent les élus. L'Elysée va aussi recevoir Solène Pira-Le Monnier, le 30 mai prochain : la Morbihannaise est à l'origine d'une lettre ouverte pour alerter sur l'urgence à rétablir la démocratie locale. Conseillère municipale à Berric, près de Vannes, Solène a recueilli des dizaines de témoignages d'élus locaux fatigués, découragés.
Le difficile quotidien des élus locaux
Les maires, adjoints, conseillers municipaux sont nombreux à vivre une relation avec les citoyens de plus en plus conflictuelle : "on est dans une société du tout, tout de suite. C'est parfois très compliqué de faire comprendre aux citoyens qu'il y a toute une administration derrière. Il y a toute une procédure qui peut prendre beaucoup de temps. On est aussi dans une société extrêmement procédurière. On doit tout maîtriser, tout contrôler jusqu'à nos paroles, au moindre mot, parce que sinon, on risque à tout moment d'être traîné en justice. Cela met une pression très lourde sur les maires et conseillers municipaux. On a l'obligation aujourd'hui, parce que tout le monde fonctionne comme ça, de communiquer via les réseaux sociaux, c'est le moyen le plus évident de toucher les citoyens, mais c'est aussi le moyen le plus violent, parce qu'on est insulté et harcelés, on est juste parfois critiqués, mais les critiques sont violentes. C'est quelque chose qui est difficile à gérer au quotidien."
Les départs moins médiatisés des conseillers municipaux
Solène Pira-Le Monnier souhaite mettre en lumière les difficultés vécues par les conseillers municipaux : ils sont beaucoup plus nombreux à démissionner que les maires, mais leur départ n'est pas médiatisé. Pourtant, pour Solène, ces démissions sont aussi le symptôme d'un mauvais fonctionnement de la démocratie locale :
"Aujourd'hui, les conseillers municipaux se sentent clairement inutiles, pas dans tous les conseils municipaux, pas sur tous les sujets, mais sur les sujets importants souvent. (Exemple) Normalement, dans un conseil municipal, le maire doit exécuter la décision qui a été prise en conseil municipal mais aujourd'hui, on est plutôt dans la tendance où le conseil municipal va valider la décision prise par le maire, et les adjoints. Les pouvoirs sont donnés entre les mains d'un seul homme aujourd'hui ou d'une seule femme. Le pouvoir réel d'un conseiller municipal est quasi inexistant."
Une meilleure formation des élus locaux
A l'Elysée, Solène Pira-Le Monnier souhaite aussi proposer des solutions, à commencer par une meilleure formation des élus locaux : "on est venus nous chercher (car) on était membres de l'association, actifs dans la commune, mais on n'a pas forcément l'expérience de ce qu'est un mandat communal. On doit déjà voter énormément de choses, avant de savoir quel sera notre rôle. La base devrait être de former les élus avant le premier conseil municipal, avant les premiers votes, pour qu'ils sachent à quoi ils s'engagent et surtout ce qu'ils vont voter réellement. Cela peut être aussi sous forme d'un livret qui est remis en début de mandat, mais qui permettrait aux élus d'être pleinement au courant et conscients de ce à quoi ils s'engagent."
Un meilleur soutien des élus "lanceurs d'alerte"
Pour Solène Pira-Le Monnier, les violences verbales et parfois physiques de citoyens envers leurs élus sont inadmissibles, mais ces situations ne doivent pas faire oublier les tensions et violences vécues au sein même des équipes municipales, et qui expliquent de nombreuses démissions de conseillers municipaux.
L'élue morbihannaise n'attend pas forcément de loi supplémentaire : pour Solène Pira-Le Monnier, les textes existent, pour garantir le sérénité et le bon fonctionnement de la démocratie locale. Il faut tout simplement les appliquer, et sans doute prévoir un meilleur soutien des élus "lanceurs d'alerte" : "c'est quelque chose qui est extrêmement décourageant pour les conseillers municipaux lorsqu'ils découvrent une illégalité, lorsqu'ils attaquent une illégalité flagrante (une prise illégale d'intérêts ou un conflit d'intérêt de la part du maire ou d'un adjoint ou d'un membre du conseil municipal), à chaque fois que la procédure est longue, c'est le temps de procédures est extrêmement long...
Il faut savoir aussi que lorsque l'on informe la préfecture sur une illégalité et que la préfecture, qui a donc obligation de prévenir le procureur, n'informe pas des suites, et donc on se retrouve avec des procédures qui sont très longues, une désinformation du suivi de la procédure et un découragement total de la part des conseillers municipaux, qui se disent qu'ils n'arriveront jamais à obtenir justice et finissent par abandonner."
Solène Pira-Le Monnier sera reçue le mardi 30 mai prochain à l'Elysée, où elle se rendra avec deux autres élus locaux, venus de Moselle et du Calvados. La lettre ouverte de Solène peut toujours être signée : les élus qui le souhaitent trouverons le texte sur la page facebook de Solène Pira-Le Monnier.
La Cellule d'analyse et de lutte contre les atteintes aux élus sera chargée de recenser ces phénomènes, de les étudier et d'y répondre, en coordination avec les préfectures, la police, gendarmerie et la justice.