Morbihan. La grippe aviaire toujours là, malgré la vaccination

Publié : 4 décembre 2023 à 13h41 - Modifié : 4 décembre 2023 à 13h44 par Dolorès CHARLES

Oies sauvages
Oies sauvages
Crédit : Pixabay

Après la découverte d’un foyer de grippe aviaire à Grand-Champ dans le Morbihan, la préfecture a mis en place des restrictions pour 14 communes de Locqueltas à Brandivy. Les mouvements de volailles et autres oiseaux captifs sont notamment interdits. Comment expliquer ce retour de la grippe aviaire, malgré la vaccination. Analyse avec Florence Le Crenn ,directrice adjointe de la Protection des Populations.

La grippe aviaire fait à nouveau parler d'elle : après un premier foyer détecté dans un élevage du Morbihan, un nouveau foyer a été découvert dans la Somme, ces derniers jours. Dans les deux cas ce sont des élevages de dindes, et dans les deux cas tous les animaux ont été abattus. Comment expliquer ce retour du virus et la contamination de ces élevages ? Les oiseaux sauvages jouent-ils un rôle ? Florence Le Crenn, directrice adjointe de la Protection des Populations du Morbihan, interrogée par Yann Launay.

"Ce sont ces oiseaux sauvages qui disséminent le virus en France en provenance d'Europe du Nord. On a détecté il y a quelques temps un goéland proche de Vannes, qui était positif au virus hautement pathogène, mais il y a peut être d'autres oiseaux porteurs, et qu'on n'a pas encore identifiés, et qui véhiculent également le virus. Soit c'est le vent qui va apporter le virus et qui va faire que les portes d'un élevage sont ouvertes et que le virus va rentrer dans l'élevage, soit ce sont des transmissions par l'homme - sur des chaussures par exemple, on va transporter des virus qui étaient au sol par l'intermédiaire d'excréments - c'est pour ça qu'on parle de mesures de protection et de prévention pour éviter cette diffusion virale."

Florence Le Crenn, directrice adjointe de la Protection des Populations du Morbihan
Crédit : Yann Launay

"Le vaccin ne réglera pas le problème du jour au lendemain mais il permettra de limiter la diffusion virale"

C'est un retour de la grippe aviaire, alors qu'une campagne de vaccination obligatoire a été lancée début octobre. "La vaccination touche d'abord les canards, car c'est une espèce extrêmement sensible aux virus et qui a aussi un effet amplificateur, c'est à dire qu'ils sont très excréteurs, dès lors qu'ils sont touchés par l'influenza aviaire. C'est cette espèce qui a été en première ligne pour la vaccination, les éleveurs de dindes ne sont pas concernés par la vaccination. Le vaccin ne réglera pas le problème du jour au lendemain, mais il permettra de limiter la diffusion virale. La vaccination est une mesure complémentaire des mesures de biosécurité classiques de prévention, cela ne fera que limiter la diffusion du virus."

Florence Le Crenn, directrice adjointe de la Protection des Populations du Morbihan
Crédit : Yann Launay

Les particuliers concernés par les mesures de biosécurité

La campagne de vaccination ne concerne pas les élevages de dindes, ni les petits élevages de canards : faut-il alors s'attendre à une progression inéluctable du virus, dans les jours et les semaines qui viennent ? : "si les mesures de biosécurité sont prises par tous les opérateurs de la chaîne d'élevage, on va limiter la diffusion du virus. On va demander aux éleveurs, mais aussi à tous les intervenants qui interviennent en élevage, de se désinfecter les mains, de changer de tenue ou de bottes de façon à éviter d'apporter le virus dans le bâtiment au contact des oiseaux qui sont particulièrement sensibles.

On souhaite aussi que non seulement les élevages professionnels, mais aussi les particuliers soient vigilants, en mettant à l'abri leurs volailles de basse cour, donc les laisser dans les poulaillers, mettre des filets au dessus des volailles de façon à ce qu'il n'y ait aucune interaction avec la faune sauvage, et les oiseaux sauvages."

Florence Le Crenn, directrice adjointe de la Protection des Populations du Morbihan
Crédit : Yann Launay

Une vigilance permanente

La grippe aviaire est très présente ces dernières années, et pas seulement l'hiver. "L'an dernier, on a connu un épisode d'influenza qui a commencé en été, ce qui était atypique puisqu'on avait l'habitude de commencer une saison d'influenza à risque autour de novembre, dès lors que les migrations d'oiseaux commençaient, et cette fois on a eu le sentiment que le virus devenait endémique, c'est à dire qu'il touchait la faune sauvage du territoire. On a vu des goélands, on a vu des fous de Bassan être extrêmement touchés voire décimés pour les fous de Bassan...

On pense que le virus est présent sur le territoire, peut être en permanence, par moment peut être plus virulent qu'à d'autres moments de l'année, mais la vigilance s'impose aujourd'hui de façon assez constante et les mesures de biosécurité doivent être prises tout le temps."

Florence Le Crenn, directrice adjointe de la Protection des Populations du Morbihan
Crédit : Yann Launay

Vous êtes de plus en plus nombreux à avoir des poules chez vous : vous êtes appelés à les maintenir dans leur enclos, à installer un filet au-dessus du poulailler, à protéger la nourriture et l'eau de vos animaux, pour éviter toute contamination par des oiseaux sauvages. Le virus est sous haute surveillance, jusque là il n'y a pas d'indication scientifique que les souches concernées soient dangereuses pour l'homme.