Monts d'Arrée. Après les incendies, l'heure de la restauration

Publié : 6 septembre 2022 à 6h52 - Modifié : 6 septembre 2022 à 6h55 par Dolorès CHARLES

Mont- Saint-Michel de Brasparts - août 2022
Crédit : Yann Launay

Après les incendies qui ont détruit 2.200 hectares dans les Monts d'Arrée, la restauration est lancée : la préfecture et le conseil départemental ont réuni tous les acteurs concernés, pour penser à l'après. Un comité de pilotage a été créé dans le Finistère.

Après les incendies de l'été qui ont ravagé une partie des Monts d'Arrée, plus de 2 000 hectares partis en fumée, la restauration est lancée. La préfecture et le conseil départemental du Finistère ont réuni élus locaux, pompiers, parc naturel d'Armorique, agriculteurs, chasseurs, associations de protection de la nature, propriétaires fonciers, etc. dans un comité de pilotage, pour décider dans la concertation des actions à mener sur le terrain. Le Département et l'Etat souhaitent aller vite : bien sûr le rythme de la régénération naturelle sera respecté, et des études seront nécessaires avant certains travaux, mais des actions peuvent être lancées sans attendre.

Couper les arbres calcinés

Jacques Brulard, directeur de l'aménagement, de l'agriculture, de l'eau et de l'environnement au Conseil départemental du Finistère, interrogé par Yann Launay, et il avance par exemple "toutes les opérations de nettoyage : les incendies ont mis en évidence des décharges, ce sont des actions que l'on va engager très rapidement. Les arbres calcinés : il y a un risque pour les promeneurs, ce sont des arbres fragilisés, c'est important de les couper, et puis cela permet d'atténuer l'impact visuel de ces arbres calcinés dans le paysage."

La chapelle endommagée

Pour le site du Mont Saint-Michel de Brasparts, il y a même urgence à agir, comme l'explique Maël de Calan, président du Conseil départemental du Finistère. Les pentes ont été ravinées par l'eau déversée pour éteindre le feu : "si on ne fait rien avant Noël, il est probable que ces ravines dégradent encore plus le site, et que la montagne Saint-Michel soit très durablement abîmée. Cela va être clairement un enjeu prioritaire pour nous de restaurer ce site, d'éviter l'érosion hivernale, et de faire en sorte que dès l'été prochain la végétation reprenne pour stabiliser le sol. Cela consiste à créer de petits murets de pierre pour éviter que la terre ne parte avec l'eau, canaliser l'eau, peut-être remettre de la terre là où il en manque. Ensuite ce qui à trait à la chapelle, qui a été préservée de l'incendie mais qui est néanmoins endommagée, les travaux ont commencé et seront terminés dans les mois qui viennent."

Maël de Calan, président du Conseil départemental du Finistère
Crédit : Yann Launay

La végétation redémarre déjà

Il faudra être un peu patient pour que le paysage retrouve un aspect proche de ce qu'il était avant les incendies, mais on ne parle que de quelques années, d'ailleurs la végétation redémarre déjà : "dans la cuvette du Yeun, c'est tout vert : c'est la molinie qui est repartie extrêmement vite, les fougères sont reparties très vite. D'autres espèces, comme la bruyère, vont mettre plus de temps, on va plutôt être sur un pas de temps de 3 à 5 ans. Et puis certaines espèces patrimoniales vont peut-être avoir besoin d'un petit coup de main de l'homme, et on a la chance d'avoir un acteur comme le conservatoire botanique de Brest, qui dispose de stocks de graines, il faudra étudier l'intérêt de ressemer quelques graines de ces plantes patrimoniales pour en favoriser la reprise."

Jacques Brulard
Crédit : Yann Launay

Des réunions publiques sont prévues

Le comité de pilotage vient de se réunir pour la première fois la semaine passée, et se réunira à nouveau en novembre, puis en février et mai 2023. Des réunions publiques sont aussi prévues. L'un des principaux enjeux sera de concilier la restauration des zones incendiées avec le renforcement de la prévention, comme l'explique Maël de Calan :

"Il s'agit de rendre les Monts d'Arrée au moins aussi beaux qu'ils ne l'étaient avant l'incendie, mais peut-être aussi mieux armés pour répondre aux incendies qui ne manqueront pas de revenir. On peut prépositionner des réserves d'eau, déployer de nouvelles pistes d'accès pour les pompiers, développer l'éco-pâturage, et l'enjeu de comité de pilotage est que tout cela se fasse dans le respect de la nature et du site. Il ne s'agit pas de barrer tout le site de gigantesques pistes d'accès pour les pompiers, qui d'une certaine manière abîmeraient le paysage, ce n'est pas du tout l'objectif."

Maël de Calan
Crédit : Yann Launay

 Des "vigies" (observateurs) seront mises en place dès l'été prochain 

Les meilleurs moyens de prévenir de futurs incendies seront discutés avec les pompiers, avec les services de l'Etat, avec les habitants, mais Maël de Calan annonce déjà une première nouveau : la mise en place de "vigies", d'observateurs, l'été prochain sur les points hauts : "Ce sera fait peut-être en lien avec les services de l'Etat et les pompiers, mais de toute façon le département, sur les points hauts, mettra en place une vigie, je pense au Menez Hom et aux Monts d'Arrée. Vigie qui peut d'ailleurs avoir plusieurs fonctions : ça peut être une fonction de surveillance des pratiques, parce qu'il y a beaucoup de camping-cars qui n'ont pas le droit de séjourner sur la Montagne Saint-Michel, ça peut être des missions d'accueil des publics et d'interprétation, et puis évidemment une mission de surveillance et de lutte contre les incendies, parce qu'il y aura en permanence une paire de jumelles pour repérer les départs de feu."

Maël de Calan
Crédit : Yann Launay