Mondial au Qatar. Un bar de Redon boycotte l'évènement
Publié : 26 septembre 2022 à 7h56 - Modifié : 26 septembre 2022 à 13h50 par Dolorès CHARLES
Le Mondial de football au Qatar aura lieu du 20 novembre au 18 décembre 2022, mais les opposants à la tenue de cette compétition sont de plus en nombreux. Ils refusent de cautionner un évènement qui aurait conduit à la mort de 6 500 ouvriers pour les travaux, et qui serait un désastre sur le plan écologique (stades climatisés). A Redon (35), la gérante d'un bar a décidé de boycotter les matchs.
Le mouvement "Boycott Qatar 2022" prend de l'ampleur dans le monde entier, relayé en France par des personnalités comme Vincent Lindon ou Eric Cantona. L'ancien joueur de Manchester United explique vouloir se refaire tous les épisodes de Columbo, à la place. Bref, le débat sur le boycott monte et certains ont décidé de ne pas retransmettre les matches dans leurs établissements. C'est le cas dans l'ouest du bar "Le Nautic", dans le centre de Redon en Ille-et-Vilaine. Pour la gérante, Dorine Brouwer, d'origine hollandaise, il ne s'agit pas de prosélytisme, mais d'être en accord avec ses propres valeurs.
Pour Dorine, ce Mondial au Qatar rime surtout avec violation des droits humains et atteinte à l'environnement : "je n'essaye pas de convaincre les gens. Je ne peux pas être tranquille en train de dire "ça me faire un peu plus de chiffres sur des sujets comme ça" où il y a plein de morts sur les chantiers, ça ne va pas. Je veux bien faire des trucs qui m'amènent des clients, mais là, je ne veux pas participer à ça. Des stades climatisés, évidemment, ça ne va plus du tout. On dirait que c'est un projet des années 80. Ça pourrait sembler une bonne idée, mais pas aujourd'hui. Ce n'est juste pas possible et je trouve ça très dommage parce que j'adore le foot. C'est vraiment bien de regarder des matchs, surtout dans un bar, je trouve ça très sympa, très convivial, c'est dommage. Mais ici, on va faire un tournoi de baby-foot à la place et ça va être convivial aussi."
A Redon, les clients sont partagés
Dans son bar, Dorine a annoncé clairement le boycott, sur une ardoise. Les habitués de son établissement sont nombreux à la soutenir, mais plus généralement, les clients des bars de Redon sont partagés sur cette initiative : "je suis absolument d'accord avec la démarche. Personnellement, je ne regarderai pas non plus la coupe du monde pour les mêmes raisons, et je ne regarderai pas dans un bar et je regarderai pas chez moi non plus. Il y a des choses qu'on ne peut pas cautionner. Je n'ai pas envie de donner mon argent, entre guillemets, aux sponsors et aux publicitaires, sur la base de 6000 morts et désastre environnemental (...)
C'est un choix que je respecte, mais je pense que ça change quelque chose, ça ne changera rien. Dans tous les cas, c'est lancé et cela va se faire qu'on boycotte ou qu'on ne boycotte pas. Dans tous les cas, je pense que ça ne changera rien du tout. Le foot rassemble les gens. Ce sont des moments que les gens aiment bien partager. Tout le monde en a besoin après avoir passé des années covid fatigantes. Je pense que ça peut faire du bien. Mais encore une fois, je respecte son choix et je le comprends."
"Nous sommes derrière nos Français et nous les soutenons !"
A Redon, le choix du bar Le Nautic reste isolé : à quelques dizaines de mètres à peine, le O'Shannon pub, lui, retransmettra les matches de la Coupe du monde. La gérante, Amélie, dit respecter le choix de sa consœur, mais pas question de suivre cet exemple : "Nous avons quand même une clientèle fidèle et pour nous, l'esprit du sport passe avant tout. Nous souhaitons vivre des moments conviviaux et chaleureux, en regardant les matchs essentiellement de l'équipe de France. Je pense qu'il ne faut pas tout mélanger. Pour nous, le sport passe avant les soucis autres de ce pays. Pour moi, les footballeurs n'ont pas à payer pour les problèmes de l'économie de là bas. Après, chaque personne a son point de vue. Nous, on retransmet. Après, ça a toujours été notre politique de retransmettre les événements sportifs. Là, c'est la Coupe du monde de foot, mais cela aurait été pour le rugby, cela aurait été pareil. Nous sommes derrière nos Français et nous les soutenons !"
L'ONG Amnesty International a dénoncé les conditions de travail des ouvriers sur les chantiers des stades, le quotidien britannique The Guardian avance le chiffre de 6.500 morts pendant les travaux. Sept des huit stades du Mondial seront des stades climatisés, et à ciel ouvert. Et si le Qatar promet la neutralité carbone de l'événement, le pays n'a pas indiqué précisément les compensations prévues.