Mobilisation du 18 octobre à Rennes. "Réquisitionnons les profits, pas les grévistes !"
Publié : 19 octobre 2022 à 8h14 - Modifié : 19 octobre 2022 à 8h14 par Dolorès CHARLES
Les Français ont battu le pavé ce mardi 18 octobre, pour demander des augmentations de salaires et défendre le droit de grève. Une quinzaine de cortèges en Bretagne et Pays-de-la-Loire avec plus de 3 500 personnes dans les rues de Rennes, 3 000 à Nantes, 2 500 à Brest, près de 2 000 à Angers, un millier à Quimper et Saint-Brieuc, et des centaines à Cholet, Quimperlé, Lannion et Laval.
Organisée en seulement quelques jours, cette nouvelle journée d’action aura tout de même mobilisé : à Rennes, plus de 3.500 personnes ont défilé, ce mardi midi (18 octobre), pour condamner les réquisitions de grévistes et demander des augmentations de salaires. A Rennes, les jeunes - lycéens et étudiants - étaient très nombreux dans le cortège, composé aussi de personnels de l’éducation, de personnels de la santé, ou encore de cheminots comme Camille, gestionnaire de plateforme en gare de Rennes, interrogé par Yann Launay :
"La SNCF va annoncer à peu près 2 milliards de bénéfices cette année. On estime que ces bénéfices sont le fruit du travail des cheminots au quotidien et qu'ils nous reviennent de droit. On ne demande pas des 100 et des milles, mais au moins de vivre dignement de notre salaire. L'inflation aggrave et accentue et c'est pour ça qu'il y a une colère soudaine et si massive. Mais c'est le fruit de notre travail qui nous est dû. Aujourd'hui, on n'a jamais autant créé de richesse dans notre pays, sauf que c'est les actionnaires et l'État qui font que les bénéfices du travail de tous les salariés en France sont spoliés."
Un salaire pas loin du SMIC
On pouvait aussi croiser dans le cortège des employés du secteur industriel comme Julia, qui travaille depuis 10 ans dans une imprimerie, comme conductrice de machine : "je travaille, j'ai fait des études, je suis à 1.750 € brut. C'est avec ma prime de pénibilité, j'arrive à 1 750 € mais parce que je travaille de nuit en trois huit, et si on enlève tous ces avantages, je suis à 80 € au dessus du SMIC. On demande juste une meilleure répartition, une meilleure revalorisation du travail par rapport au SMIC qui augmente par rapport à l'inflation. Tous les salaires se tassent di travail très simple à un travail un peu plus qualifié ou encore plus qualifié. On commence à n'avoir plus que 50 € de différence, 100 € maximum, ce n'est pas normal."
La colère doit s'exprimer
Pour Dominique Besson, infirmière et secrétaire générale de la CGT 35, cette journée n’a rien d’un baroud d’honneur, c’est pour elle une journée réussie, qui en appelle d’autres : "c'est une journée réussie parce qu'on a dû l'organiser en quatre jours. Les retours que l'on a, c'est une bonne mobilisation. On aurait de toute façon envisagé d'autres dates au regard de ce qui se passe dans les entreprises, avec de plus en plus de grèves qui se déclenchent dans les entreprises. Il n'y a pas une seule journée, notamment sur le département où on n'a pas des grèves spontanées dans les entreprises. Il y a une vraie colère et cette colère il faut qu'elle s'exprime."
"C'est la justice sociale, pas l'aumône !"
Les syndicats organisateurs (CGT, FO, FSU, Solidaires) attendent une amplification du mouvement : pour Fabrice Le Restif, secrétaire départemental FO 35, le temps est venu d'une mobilisation dans tous les secteurs d'activité : "compte tenu du contexte et de l'aspect après la suite du Covid, etc. il doit y avoir d'une certaine manière un sursaut populaire. La grève sereine et tranquille. La grève qui dit effectivement au gouvernement "respecter les travailleurs et augmenter les salaires". Si on doit réquisitionner quelque chose, c'est les profits par les grévistes. C'est la justice sociale, pas l'aumône, la justice sociale et c'est ça qu'on veut véritablement. Cette envie, cette envie d'être ensemble, cette envie de lutter ensemble pour des conquêtes sociales, pour pouvoir effectivement vivre heureux."
Rappelons que les syndicats restent désunis : la CFDT, premier syndicat du secteur privé, n'appelait pas à se joindre au mouvement de ce mardi 18 octobre en France.