Lorient. Des médecins menacent de se déconventionner !

Publié : 18 octobre 2023 à 8h01 par Dolorès CHARLES

Médecins grévistes devant la CPAM de Lorient
Crédit : Yann Launay

C'est une menace prise au sérieux par la CPAM du Morbihan. Hier (mardi 17 octobre) à Lorient, des médecins se sont réunis pour déposer des demandes de déconventionnement. Leurs patients ne seraient quasiment plus remboursés. Témoignages.

Ils menacent de se déconventionner : 79 médecins généralistes morbihannais ont déposé ce mardi matin une lettre dans ce sens à la direction de l'Assurance maladie, à Lorient. Ces médecins sont en grève depuis vendredi, leurs cabinets sont fermés, pour demander une augmentation réelle des tarifs de consultation. S'ils se déconventionnent, alors leurs patients ne seront quasiment plus remboursés. Une démarche lourde de conséquences, que le Dr Sarah Messari, installée depuis 4 ans à Sarzeau, se dit prête à mettre en œuvre.

"On voudrait être écoutés, et réécrire une convention car la tarification actuelle n'a plus aucun sens."

"On est très déçus de devoir en arriver là, mais c'est aussi quelque part la seule solution actuelle qu'on a trouvée pour alerter sur nos conditions de travail, et sur le fait qu'on va se retrouver vraiment face à un mur. A part ça ou partir, se reconvertir, changer complètement de voie, on ne voit pas. On a très envie de rester conventionnés, mais actuellement, les conditions ne le permettent plus. On voudrait être écoutés, et réécrire une convention car la tarification actuelle n'a plus aucun sens. On voudrait que la tarification soit adaptée à la complexité de la consultation du patient qu'on a en face de nous pour lui accorder le temps nécessaire à sa pathologie."

Le Dr Sarah Messari
Crédit : Yann Launay

"Il faut discuter pour rendre les choses vivables parce que c'est sûr qu'à un moment donné, on craque..."

Jean-Vincent Caurette est installé en généraliste à Lorient depuis 6 ans, et il ne le cache pas : au-delà du déconventionnement, lui n'exclut pas de tout jeter l'éponge et de quitter la médecine libérale : "toutes nos charges augmentent : nos frais de cabinet, de secrétariat, l'énergie bien sûr, tout augmente et nous parce qu'on est conventionnés, on n'a absolument aucune liberté tarifaire. Il faut discuter pour rendre les choses vivables parce que c'est sûr qu'à un moment donné, on craque... et pour certains, pour des raisons financières mais aussi psychologiques, arrêtent. J'y pense évidemment, surtout depuis un an parce que quand on voit que les négociations n'avancent pas.

J'ai des collègues et proches qui travaillent dans d'autres conditions. Je sais les avantages et les inconvénients de l'activité salariée ! En terme de charge mentale, on n'a pas toute la gestion qu'on a à faire parce qu'encore une fois, il faut que je sois plombier, électricien, responsable RH et à côté de ça, un peu médecin, avec toutes les responsabilités que cela implique."

Médecins grévistes à la CPAM de Lorient
Crédit : Yann Launay
Le Dr Jean-Vincent Caurette
Crédit : Yann Launay

Une vraie inquiétude

Cette menace est prise au sérieux par l'Assurance maladie, comme l'explique Françoise Le Fur, directrice de la CPAM du Morbihan : "c'est une vraie inquiétude parce qu'un déconventionnement de médecins, c'est le signe d'un mal être de la profession, mais c'est aussi un risque de moindre remboursement de nos assurés sociaux dans un contexte économique, qui n'est pas très favorable non plus. Ce serait une catastrophe, en tout cas pour l'accès aux soins, en sachant que dans le département, on a quand même des installations de médecins généralistes supérieures aux départs... On a aussi des difficultés d'accès aux soins, qui sont différentes entre la frange côtière et le nord du département, où on a évidemment un peu moins de médecins installés."

Françoise Le Fur de la CPAM 56
Crédit : Yann Launay

Le ministre de la santé souhaite relancer les négociations entre les médecins libéraux et l'Assurance maladie. Des discussions qui pourraient reprendre d'ici la fin octobre.