Loire-Atlantique. Des médecins pratiquent des dépassements d'honoraire, et sont sanctionnés
Publié : 30 janvier 2024 à 15h27 - Modifié : 30 janvier 2024 à 15h30 par Dolorès CHARLES
En Loire-Atlantique, des médecins font le choix d'appliquer des dépassements d'honoraire en accord avec leurs patients, mais l'Assurance maladie les menace de sanctions financières. Ils viennent de recevoir un recommandé. Une action "d'intimidation" pour le Dr Thomas Lacroix, médecin généraliste à Couëron.
Un bras de fer entre certains médecins de Loire-Atlantique et l’Assurance Maladie du département. Vingt-sept d’entre eux ont reçu des recommandés de la part de la CPAM 44 ces derniers jours, car ils ont décidé de s’affranchir du tarif de la consultation médicale, fixé par l'organisme à 26,50 euros depuis le 1er novembre dernier. Ils réclamaient 30 euros, et c’est le montant qu’ils ont tout de même décidé de facturer à certains patients, en pratiquant des dépassements d’honoraire. Objectif, atteindre l'équilibre économique, rendre plus attractif le métier, et tirer vers le haut la qualité des soins.
Le dépassement d'honoraire pour atteindre l'équilibre
Selon Thomas Lacroix, médecin généraliste à Couëron, en Loire-Atlantique, faire grimper la consultation à 30 euros est une nécessité pour faire perdurer les cabinets médicaux : "l'équilibre des cabinets reste précaire. Beaucoup de médecins généralistes sont formés et ne s'installent pas en médecine générale, parce qu'ils peinent à trouver un équilibre économique serein, pour travailler dans de bonnes conditions, accorder du temps au patient, avoir des moyens, être propriétaire de leur outil travail, embaucher des secrétaires, etc. Aujourd'hui, les jeunes médecins qui veulent pratiquer la médecine dans de bonnes conditions, et avec un bon niveau de qualité, s'interrogent sur la capacité à maintenir un équilibre économique au niveau de l'entreprise qu'est un cabinet médical."
L'attractivité des jeunes médecins
30 euros la consultation serait l'un des moyens pour rendre de nouveau attractif un métier, qui l’est de moins en moins assureThomas Lacroix, à Elouen Rouchy. "Il y a beaucoup de jeunes médecins qui sont formés mais qui sont ailleurs... dans des postes salariés ou de remplacement. Mais en réalité, il y aurait 5 à 10 000 médecins formés qui pourraient s'installer de façon assez rapide si les conditions le permettaient, s'il y avait un véritable choc d'attractivité... On demande aujourd'hui de créer les conditions sereines pour ces praticiens, pour leur donner envie de pratiquer ce métier. Ils ont envie de le faire, mais ils n'ont pas envie de le faire à n'importe quel prix ou dans n'importe quelles conditions."
L'Assurance maladie fait preuve "d'intimidation"
Ce dépassement d'honoraire est un choix assumé par les professionnels de santé, pour maintenir un bon niveau de prise en charge des patients, explique le Dr Thomas Lacroix. "Aujourd'hui, les médecins qui pratiquent des compléments d'honoraires le font en toute conscience, ils savent ce qu'ils risquent, mais ils ont juste décidé de ne pas transiger entre la qualité ou la durée d'une consultation et le montant. Quand ils appliquent un dépassement, c'est toujours avec l'accord du patient et c'est toujours au bénéfice de la qualité de l'acte médical qui s'en suit...