Lisy : un outil nantais pour venir en aide aux agriculteurs
Publié : 20 février 2024 à 17h38 - Modifié : 20 février 2024 à 17h39 par Elouen ROUCHY
Difficile de passer à côté des difficultés financières auxquelles sont confrontés les agriculteurs français ces dernières semaines. La concurrence étrangère est notamment jugée déloyale. Pour s'en sortir, de plus en plus d'exploitants se mettent à la vente directe ou au circuit court. Une façon d'être mieux rémunéré. L'entreprise nantaise Lisy a lancé un outil numérique pour leur faciliter la tâche.
Les agriculteurs français ne s’en sortent pas financièrement, d'où les mobilisations successives dans l’Ouest. Les raisons sont multiples : concurrence étrangère, importations massives, non-application de la loi Egalim, normes contraignantes, etc. La faute aussi à des marges trop petites sur leur production. Pour s'en sortir, nombreux sont ceux qui se mettent à la vente directe ou au circuit court, une des façons de vendre au meilleur prix, mais se lancer n’est pas forcément facile car cela ajoute une charge de travail supplémentaire.
Aussi, l’entreprise nantaise Lisy propose aux agriculteurs un dispositif pour faciliter cette gestion. L’idée est venue naturellement nous explique Sébastien Hubert, co-fondateur de Lisy : "On s'est intéressé à tout ce qui était développement des circuits courts dans l'alimentaire, parce qu'on est dans un contexte assez compliqué. C'est dur pour le bio, c'est dur pour plein de choses, mais s'il y a bien un type de produit qui a le vent en poupe, c'est le local et le direct producteur. On a donc voulu faire en sorte d'aider les producteurs à se lancer dans la vente directe."
"S'il y a bien un type de produit qui a le vent en poupe, c'est le local et le direct producteur."
Cette vente directe "implique un énorme problème dont on se rend pas compte, c'est la charge administrative. Quand on veut vendre en direct, cela veut dire qu'à un moment il faut définir une offre et pouvoir la partager. Il faut gérer des tarifs qui peuvent évoluer au jour, au mois, à la semaine, il va falloir générer des bons de livraison, des factures, la traçabilité... et l'idée était de proposer un outil aussi simple qu'une boîte mail."
"Quand on voit ce qui reste aux producteurs, c'est vraiment pas grand chose."
Lisy est un véritable succès : de nombreux agriculteurs utilisent l'outil, qu'ils soient de la région ou non car ils y trouvent leur compte. "On voit plein de beaux exemples qui utilisent Lisy, des gens qui vendaient avec beaucoup d'intermédiaires et finalement, quand on voit les marges qui restent à la fin aux producteurs, c'est vraiment pas grand chose. Quand on fait du direct, on enlève des intermédiaires alors ça génère pas mal de travail, d'où l'idée de s'outiller... Pour ceux qui se sont lancés de manière structurée, il y a aujourd'hui beaucoup de débouchés possibles en faisant de la vente directe à la ferme ou ne serait-ce qu'en diffusant à des professionnels autour de soi. Il y a beaucoup de demandes sur la vente directe et cela permet souvent de marger plus."
"Cela fait très longtemps que le contexte agricole est compliqué"
Virginie est agricultrice depuis 5 ans au "Blanc verger", une exploitation laitière de Sucé-sur-Erdre au Nord de Nantes. Utilisatrice de Lisy, elle produit du lait mais transforme depuis quelques années aussi une partie de sa production en glace maison. Malgré un contexte toujours compliqué pour la profession, elle n'a pas hésité une seconde à se lancer dans ce domaine, mais seulement en circuit court :
"Cela fait très longtemps que le contexte agricole est compliqué mais il y a quelques années, tout ce qui était vente directe & bio avait vraiment le vent en poupe et on s'est lancé un peu à ce moment-là. Le bio, on l'avait avant, mais la "transfo" est arrivée au bon moment et cela ne nous a pas du tout fait peur, au contraire. On s'est dit que ça allait être une manière de valoriser notre production laitière, et c'est sûr qu'on reviendra pas en arrière. C'est plus valorisant, que ce soit en terme financier et en terme de relationnel."
"C'est nous qui maîtrisons nos prix et nos négociations."
Pour Virginie, le circuit court reste le seul moyen de se dégager un salaire, mais aussi "pour maximiser les marges, valoriser le plus possible la production et avoir la maîtrise des produits et des prix. Même si on travaille avec quelques intermédiaires, nous maîtrisons nos prix. C'est hyper valorisant et ce sont les gens du coin qui viennent nous voir... qui sont contents des produits, et cela nous fait plaisir."