Levée des restrictions, alors que le virus circule notamment dans l'Ouest
Publié : 13 mars 2022 à 19h02 - Modifié : 14 mars 2022 à 16h13 par Dolorès CHARLES
En ce 14 mars, la France lève de nouvelles restrictions. Une nouvelle bouffée d'oxygène notamment à l'école et au travail, mais est-ce le bon moment pour faire tomber le masque ? Dolorès Charles a joint le Dr Eric Stindel à Brest.
Ce lundi, le masque n’est plus obligatoire en classe du primaire au lycée, il le restera en revanche dans les transports en commun, les hôpitaux et les maisons de retraite, et puis le pass vaccinal est suspendu, partout ou quasi. Seul le pass sanitaire restera en place dans les établissements de santé. Un protocole sanitaire allégé entre en vigueur à l’école et dans les entreprises. Certains salariés vont enfin découvrir le visage de leur collègue ! Mais ces restrictions arrivent alors que les indicateurs, et notamment le nombre de contaminations, repartent à la hausse dans les départements de la zone B. Bref chez nous...
C'est le phénomène inversé à Brest
Le Finistère fait partie des territoires où le virus circule activement, lui qui a longtemps été épargné. Le Professeur Eric Stindel, qui représente les 700 médecins du CHRU auprès de la direction, parle de phénomène inversé.
"Aujourd'hui, on a sur la 5ème vague vécu un peu le phénomène inverse : on a toujours une vague, qui nous a touché de manière importante cette fois, beaucoup plus importante que les première et deuxième vagues, et les mesures qui sont prises au niveau national de relâchement progressif des mesures barrières, du port du masque, des jauges dans les établissements publics, etc. font qu'aujourd'hui, alors que nous sommes encore dans une vague qui nous a touché plus tard, mais qui ne touche plus l'Est et le reste de la France, on relâche un peu les mesures. On voit donc non seulement un pic, mais surtout un pic qui ne descend pas !"
Lors de la première vague, l’hôpital de Brest a compté 60 patients Covid, contre plus de 300 lors de la cinquième vaque épidémique. A date, le service de réanimation est calme avec 6 patients en permanence, et une centaine de patients hospitalisés à cause du virus, et de patients Covid mais traités pour d’autres pathologies. Le plan blanc est désactivé, mais il n’y a pas eu d’opérations déprogrammées au CHRU malgré une vague d’absentéisme importante (200 soignants arrêtés pour cause de coronavirus).
La levée des restrictions prématurée ?
La levée des mesures apparait prématurée en particulier pour le Professeur Eric Stindel, qui préside également la commission médicale de l’établissement : "c'est le message que je fais passer. Attention, il y a effectivement une tendance au relâchement parce que le taux d'incidence baisse au niveau national, et il y a une grosse décrue sur le reste du territoire, mais pas dans le Finistère, alors j'aurais tendance à appeler à la vigilance, mais il faut pondérer cette discussion car les chiffres d'incidence sont très élevés, mais le nombre de cas graves reste faible, ce n'est pas la même gravité de la maladie !"
Un variant contagieux, mais pas virurent
Pourquoi l'incidence augmente dans l'Ouest, c'est sans doute liée à la rentrée des classes plus précoce que les autres zones en France, et à la présence de (sous-)variants Omicron. Le Dr Stindel a deux hypothèses "sur le ralentissement de la baisse de l'incidence, voire sa petite remontée : (la première) des mesures qui se relâchent alors que tout n'est pas fini, surtout dans l'Ouest et le Finistère en particulier, et puis (la deuxième) un certain nombre d'articles scientifiques qui évoquent l'impact du développement progressif et du remplacement progressif du premier variant Omicron par le deuxième qui est encore plus contagieux que le premier, ce qui fait qu'il prend la place petit à petit. Il devient prépondérant lui aussi, mais il n'est pas plus virulent que le premier."
Et cela se constate à Brest, où le professeur ne constate pas un afflux de patients hospitalisés pour Covid-19 au CHRU. Si le taux d’incidence est élevé, les formes graves se font rares, même chez les patients les plus fragiles, car ils sont majoritairement vaccinés. "Le Finistère et la région ont beaucoup adhéré à la vaccination, cela a donc évité les formes graves (...) Dans les EHPAD, aucun patient âgé et fragile, ou à la marge, n'a été hospitalisé pour une dégradation brutale. Quelques-uns mais c'est resté très ponctuel par rapport au nombre de gens touchés. Cela n'aurait probablement pas été le cas si la vague Omicron était survenue avant la vaccination."
Si on tombe le masque en ce 14 mars dans les classes et au travail, il reste recommandé d'appliquer les gestes barrières comme le lavage des mains ou la distanciation.