Froid : Les vignerons très inquiets dans le vignoble nantais
Publié : 1er avril 2022 à 12h58 - Modifié : 1er avril 2022 à 16h00 par Emilie PLANTARD
La météo prévoit une vague de froid à partir de ce vendredi jusqu’en début de semaine prochaine. Des températures négatives sont annoncées, près de Nantes, et les vignerons craignent le pire (gel).
Les températures exceptionnellement douces du week-end dernier ont favorisé l’épanouissement des bourgeons dans les vignes. Sauf que depuis le milieu de la semaine, les températures dégringolent, et doivent même descendre en-dessous de zéro au cours du week-end. Un scénario inquiétant se profile, en particulier dans les parcelles de muscadet, même si le débourrement ne fait que commencer. Christian Gauthier est vigneron à Saint-Hilaire-de-Clisson, en Loire-Atlantique. Emilie Plantard est allée à sa rencontre dans une de ses parcelles de Chardonnay :
"Ce sont des terroirs de granit, des terrains assez chauds c’est pour ça que vous pouvez voir des bourgeons déjà bien éclatés, les feuilles sont déjà bien ouvertes. A -2, là, le bourgeon va être atteint par le gel. Là on en voit qui est encore en coton, il n’est pas ouvert, il ne va pas geler. C’est 1 sur 2 qui est ouvert ? Là on peut dire 2 sur 3 à ce stade..."
Des solutions anti-gel
Ces gelées tardives sont la hantise des vignerons, et ils sont de plus en plus nombreux à s’équiper mais l’investissement est lourd. Christian Gauthier, président de la Fédération des Vins de Nantes, teste des bâches de tissu qu’il a installé sur 4 rangs. "C’est une toile, on recouvre les rangs de vigne, elle va permettre de garder 2 ou 3 degrés de plus que dehors. Le gros souci de ces bâches, c’est que ça a un coût de 20.000 euros de l’hectare, et là on a passé 4 heures à 2. Donc ça fait 8 heures de travail pour si peu."
Beaucoup de stress
La perspective de ces nuits trop fraîches est une source de stress pour les vignerons, qui craignent pour leurs récoltes. Durant tout le week-end, ils seront aux aguets pour intervenir au plus vite. Les prochaines nuits s’annoncent très courtes. Pour Christian Gauthier, "ceux qui sont équipés avec des tours anti-gel ont des alarmes, d’autres vont être alertés avec des systèmes de météo connectée, ils vont allumer leurs bougies, il a aussi les distributeurs de brouillard, d’autres vont faire du feu, allumer des bottes de foin... Ce sont des moments stressant, les viticulteurs sont tendus, ça fait perdre le moral."
Certaines communes ont d’ores-et-déjà demandé aux habitants des zones viticoles d’être compréhensifs, notamment en raison des fumées provoquées par certains systèmes de lutte contre le gel.
Une reflexion en cours
Déjà en 2016, 2017, 2019, le gel avait fait du mal. En 2021, la production de vin a même été réduite de moitié dans le vignoble nantais. Les viticulteurs cherchent donc à s’adapter à ces gelées tardives de plus en plus fréquentes, mais c’est plus difficile pour le Muscadet. Selon Christian Gauthier, "il y a sûrement ce dérèglement climatique qu’on ne peut que constater. Si cette météo doit continuer, il va falloir planter des cépages plus tardifs, qui ont un débourrement plus tardif. Certains cépages le sont mais le Muscadet n’a qu’un cépage, le Melon de Bourgogne, et on ne peut pas le remplacer par un autre cépage plus tardif ou alors, ce ne sera plus du Muscadet."