Les terroristes ont gagné, pour Azad de l'association bretonne Darah Afghanistan

Publié : 16 août 2021 à 18h47 - Modifié : 16 août 2021 à 18h55 par Dolorès CHARLES

Jeep en Afghanistan
Crédit : Pixabay

Le chaos en Afghanistan et la désolation des associations humanitaires ou locales qui œuvrent pour le bien des afghans sur place. L'arrivée des Talibans à Kaboul, la capitale, met à bas 20 ans de travail.

A Kaboul, en Afghanistan, l'évacuation des ressortissants étrangers s'accélère, alors que les Talibans investissent depuis ce week-end la ville. Dans L'Ouest, l'inquiétude est grande chez les membres de l'association bretonne "Darah Afghanistan", une association humanitaire basée à Rennes, et qui a notamment construit des écoles en Afghanistan et développé l'éducation des filles. Azad (*), membre de l'association, se dit miné par la colère, devant le départ des Occidentaux, et miné par un sentiment d'impuissance :

"Pour le moment, on essaye de sauver, mais je ne sais pas comment, des Afghans qui ont travaillé avec nous. Des directeurs d'écoles, des musiciens, des artistes qu'on a eu l'occasion d' inviter en France, ils sont tous effrayés, ils sont terrés chez eux, ils demandent qu'on les sortent de l'Afghanistan, mais tous les axes sont bouclés par les talibans, l'aéroport est occupé par les Américains : des milliers de gens sont à l'aéroport de Kaboul et cherchent à fuir."

Azad, de Darah Afghanistan
Crédit : Yann Launay-Hit West

Un sentiment de trahison

Emmanuel Macron doit prendre la parole ce soir à 20 heures, pour détailler la position française sur cette crise, mais Azad n'attend pas grand chose de l'intervention présidentielle. Comme ses proches et ses contacts en Afghanistan, Azad se sent trahi et abandonné :

"Nous avons construit des écoles, généralement pour les jeunes filles, au nord de Kaboul, et ces écoles aujourd'hui sont fermées.. C'est du gâchis total... Tout ce qu'on a fait depuis 20 ans est en train de fondre comme neige au soleil. J'avais dit au président Hollande, quand il est venu à Kaboul il y a quelques années : ne vous retirez pas de l'Afghanistan, votre tâche n'est pas finie, les terroristes sont toujours présents. Nous n'avons pas été écoutés, nous avons été lâchement abandonnés, et voilà le résultat..."

Des enfants en Afghanistan
Crédit : Pixabay
Azad, de Darah Afghanistan
Crédit : Yann Launay-Hit West

Les terroristes ont gagné

Azad éprouve de la colère et de l'incompréhension : pour lui, cette victoire des Talibans n'est pas seulement une mauvaise nouvelle pour le peuple afghan, mais pour le monde entier : "les terroristes ont gagné. Maintenant ils ont un pays, ils vont s'organiser et attaquer le monde entier. C'est ce qui s'est passé avant les attentats du 11 septembre, et ces choses vont se répéter..." Pour Azad, les velléités de négociation avec les Talibans ne sont qu'un écran de fumée, ou de la naïveté.

Une intervention militaire internationale

L'unique solution, pour protéger la population afghane, est une intervention militaire internationale :

"Cela devient indispensable : il ne faut pas laisser enraciner les terroristes à l'intérieur de l'Afghanistan. Les Talibans ont pris le pouvoir par les armes. Ils ne connaissent que leur charia, leurs armes et leur manière rétrograde de voir les choses. Vous pensez que ces gens-là se mettront autour d'une table pour négocier ? Négocier quoi? Il occupent le pays..."

Azad, de Darah Afghanistan
Crédit : Yann Launay-Hit West

Azad souligne qu'une région d'Afghanistan résiste encore aux talibans : la vallée du Panjshir, où les combattants anti-Talibans sont conduits par le fils du commandant Massoud : Ahmad Massoud, qui vient de lancer un appel à l'aide, en s'adressant tout particulièrement à la France.