Les Talibans en Afghanistan : le cri d'alarme d'une association bretonne

Publié : 22 août 2022 à 17h33 - Modifié : 22 août 2022 à 17h40 par Dolorès CHARLES

Odile et Ashmat Froz
Crédit : Yann Launay

Un an après l'arrivée des Talibans au pouvoir, en Afghanistan, nous sommes retournés voir l'association bretonne Darah Afghanistan et elle se désole de la situation. C'est même un cri d'alarme qu'elle lance aujourd'hui sur Hit West.

Un an après le retour au pouvoir des Talibans, la population civile est en grande souffrance dans le pays, dénonce "Darah Afghanistan", une association basée à Rennes, que nous avions déjà interrogée à l'été 2021. Aujourd'hui, l'association bretonne qui vient en aide aux Afghans lance un cri d'alarme face à la désorganisation du système de santé, de l'éducation, et les exactions des talibans, qui visent tout particulièrement les femmes, comme l'explique Odile Froz, vice-présidente de l'association à Yann Launay :

"La femme disparaît complètement de la société civile : plus le droit de se déplacer, plus le droit de travailler, petit à petit ils mettent des lois en place : plus le droit de s'éduquer, plus le droit d'aller à l'université, ou dans des conditions tellement difficiles que les femmes disparaissent des universités. Il n'y a aucune ouverture aujourd'hui, contrairement à ce qu'on espérait... Enfin on espérait... Les Afghanes et les Afghans sur place savaient que cela ne changerait pas, que les talibans sont des talibans et que cela allait continuer."

Odile Froz, vice-présidente de l'association
Crédit : Yann Launay

Les filles n'ont pas le droit d'aller à l'école

Ashmat Froz, ami d'enfance du commandant Massoud, vice-président de Darah Afghanistan, est indigné pas la passivité du reste du monde, devant ce qui se passe en Afghanistan : "Imaginez : l'Afghanistan est le seul pays au monde où les filles n'ont pas le droit d'aller à l'école. C'est vraiment impressionnant ce silence, presque cette tolérance de la communauté internationale qui laisse faire. La communauté internationale verse de l'argent soi-disant pour soutenir la population afghane, mais cet argent va aussi aux talibans. Parce qu'il n'y a pas suffisamment d'ONG, les Nations Unies, l'Europe n'est pas présente, donc ce sont les talibans qui bénéficient de l'argent, pour la guerre contre la population civile."

Ashmat Froz, ami d'enfance du commandant Massoud
Crédit : Yann Launay

Une éducation clandestine

L'association Darah Afghanistan a été créée en 1981 pour reconstruire le pays grâce à l'éducation. Dans le contexte compliqué d'aujourd'hui, pas question pour l'association de faire une croix sur l'éducation des filles : Darah Afghanistan finance des classes clandestines selon Odile Froz : "c'est une façon de soutenir : la vie est extrêmement difficile, les gens n'ont pas de travail. Les anciennes institutrices qui exerçaient sur Kaboul aujourd'hui ne peuvent plus exercer, donc elles ouvrent des écoles chez elles, elles regroupent les enfants du quartier, et ça on le subventionne et il faut qu'on nous soutienne, il faut qu'on continue, c'est indispensable pour que cette jeunesse ne soit plus sans aucun espoir. Si vous n'avez plus que l'école coranique pour vous instruire, ce n'est pas possible, un pays ne se développe pas de cette façon  Et c'est mettre une chape sur les 20 années précédentes : ce n'était pas parfait, mais il y a eu une ouverture énorme, donc il faut continuer, c'est difficile, mais nous on continue."

Il est possible de faire un don à l'association Darah Afghanistan. Vous trouverez toutes les infos sur le site www.darah-afghanistan.org
Les fonds envoyés par l'association en Afghanistan sont envoyés de façon sécurisée via le système Money Gram.

La passivité de l'Occident

Pour Ashmat Froz, la passivité des pays occidentaux est condamnable, et n'est pas un bon calcul : "si les réseaux terroristes se développent davantage en Afghanistan, l'occident ne sera pas épargné, et on risque d'avoir d'autres attentats, donc le combat des Afghans ne concerne pas que l'Afghanistan, cela concerne l'ensemble de la communauté internationale. Est-ce qu'il faut attendre encore qu'une bombe explose en France ou en Europe pour réagir ? Ce jour-là, ce sera trop tard. C'est à la communauté internationale de s'engager et prendre des décisions fermes en faveur du peuple afghan, qui limiteraient l'arrivée de réfugiés, qui limiteraient les exactions des talibans, et qui limiteraient l'action des groupes terroristes en Afghanistan, qui se développent de plus en plus."