Les soignants du CHU d'Angers contre l'obligation vaccinale
Publié : 20 août 2021 à 6h17 - Modifié : 20 août 2021 à 6h22 par Dolorès CHARLES
Une manifestation des soignants avait lieu hier devant le CHU d'Angers.
Les syndicats FO, SUD et CFTC de la branche hospitalière se sont rassemblés pour dire non au pass sanitaire, ce jeudi à Angers. Une centaine de manifestants était ainsi devant la maternité du CHU. Lydie Cordray du syndicat Sud n'est pas contre la vaccination contre le COVID-19, mais contre le pass sanitaire obligatoire, et surtout contre les sanctions appliquées dès le 15 octobre pour les soignants non vaccinés :
"Sans ce pass sanitaire, nous ne pouvons plus travailler. Ils vous disent de rester chez nous sans salaire, sur la période où vous serez exclus en fait, jusqu'à ce que le pass sanitaire soit mis à jour. Cela peut être 24h, si le lendemain vous présentez un pass valide, vous réintégrez votre service, ce n'est pas un licenciement ! C'est une suspension. Nous n'avons pas un pass sanitaire à présenter pour venir travailler. Au départ on n'avait pas de moyens, et là ils débloquent des moyens mais pour vérifier la validité de pass sanitaires. Il y a un an, tout le monde était au balcon - on applaudissait les soignants - et là on nous met à la porte, car on n'a pas notre vaccination à jour."
Ils demandent des moyens, pour eux
Laurent Charon, délégué CFTC et personnel administratif au CHU angevin, est également contre le vaccination obligatoire et le pass sanitaire. Le Gouvernement a débloqué 60 millions d'euros par mois pour vérifier les pass des visiteurs à l'entrée des établissements de santé. Les syndicats demandent le déblocage de moyens pour des embauches plutôt, et l'achat de matériel.
"Le gros problème pour nous, c'est l'atteinte aux libertés individuelles, les sanctions, la perte de salaire alors qu'on a besoin de nous physiquement. Il faut du monde, alors que les gens qui sont contre le pass ne viennent plus travailler, donc comment fait on ? L'attaque contre le statut et les rémunérations c'est intolérable ! Il n'y a pas d'intérêt en termes d'organisation de l'institution d'avoir un pass sanitaire. On a travaillé un an et demi, sans obligation et avec des moyens limites - manque de personnel et de chambres. Des fermetures de services se sont succédé partout en France et là on a trouvé 60 millions par mois pour recruter des gens pour contrôler les pass sanitaires, il faudrait mieux mettre l'argent sur les soignants, ce sont eux qui sauvent les vies !"
Le pass synonyme de départs de collègues
Aucun texte pour ouvrir des lits
Emmanuelle Dubourg-Davy infirmière et déléguée FO n'est pas contre la vaccination, mais contre le pass sanitaire obligatoire pour les soignants. Elle craint qu'avec le pass sanitaire, des soignants quittent l'hôpital : "On est déjà en grande difficulté depuis des années pour les effectifs, et rien n'a été fait. Aucun décrêt pour former plus de personnels, aucun texte pour ouvrir plus de lits et augmenter les départs en formation et le numérus clausus, et aujourd'hui on nous dit si vous n'êtes pas vaccinés, les hospitaliers, on suspend votre salaire ! Comment on va faire au 15 septembre pour travailler dans les services où il manque déjà du monde."
Des postes adaptés mais où au CHU ?
Les sanctions au 15 septembre, c'est une utilisation des jours RTT pour les collègues qui n'auraient pas un shéma vaccinal complet au 15 octobre et une première injection au 15 septembre et par la suite une suspension de salaire avec la demande de rester à domicile et de ne pas venir travailler ... On nous dit que des solutions pourraient être trouvées, avec des postes adaptés mais on a du mal à voir où à l'hôpital puisqu'on demande à l'ensemble des agents hospitaliers d'être vaccinés. Les collègues nous disent qu'ils vont prendre des dispositions car pour eux la vaccination n'est pas possible (c'est leur choix) ou ils vont démissionner."