Retour en grâce : les races bretonnes au Salon de l'Agriculture !
Publié : 24 février 2023 à 13h17 par Dolorès CHARLES
Le Salon de l’agriculture ouvre ses portes ce week-end et jusqu’au 5 mars prochain, à Paris, et l’Ouest y participe en force. Les Pays-de-la-Loire sont la seconde région la plus agricole du pays, derrière la Normandie. La Bretagne elle a décidé de valoriser sa forte contribution à la souveraineté alimentaire, elle mettra aussi en avant les races locales comme la bretonne pie noir.
Elles font leur retour dans les prairies de l'Ouest, et seront présentes au Salon de l'Agriculture, à Paris, qui ouvre ce samedi 25 février au grand public à Paris : les races locales comme le Porc blanc, la Vache nantaise ou la Bretonne Pie noir avaient pourtant bien failli disparaître, à la fin du siècle dernier. Les éleveurs leur préféraient des races plus productives, mais des passionnés les ont préservé, et ont démontré l'intérêt de ces animaux pour l'agriculture comme pour l'environnement. En 2017, c'est même une vache Bretonne Pie noir, qui avait été choisie comme égérie du Salon de l'agriculture : une vache de la ferme des 7 chemins, un élevage laitier bio installé à Plessé, en Loire-Atlantique, près de Redon.
On fait partie du paysage agricole !
Six ans après, Fine est toujours dans le troupeau, et Cédric Briand, l'un de ses éleveurs, s'apprête à se rendre une nouvelle fois au salon parisien. En six ans, l'évolution est positive, estime Cédric Briand, et la Bretonne pie noir a beau être la plus petite des races bovines françaises, elle a su se faire une place : "on a pu montrer qu'on était aussi professionnels que les autres ! On n'en doutait pas, mais on n'était pas seulement des conservateurs d'animaux de collection, on avait des projets économiques derrière, on fait du développement local, et on crée de l'emploi. On a le respect des collègues mais il y a toujours quelques individus pour dire qu'elle est petite et qu'elle ne va pas produire. Mais ça, vous aurez toujours ce genre de choses, mais principalement aujourd'hui dans l'agriculture, les collègues comprennent ce qu'on fait, ils ne le partagent peut être pas en termes de valeur, mais ils le comprennent. Je dirais qu'aujourd'hui, on fait partie du paysage agricole français."
Ce sont des races d'avenir !
Aujourd'hui une race comme la vache Bretonne pie noir est sauvée, les effectifs augmentent, et pour Cédric, ce n'est que le début : les races de Bretagne n'ont rien de races de musée, ce sont des races d'avenir, et le système de production laitière qu'elles impliquent est parfaitement adapté aux défis actuels :
"Aujourd'hui, on a de plus en plus de porteurs de projets qui comprennent ce que l'on fait. Cela les intéresse parce que ce sont des systèmes qui sont autonomes, qui sauvegardent la biodiversité, qui créent de la valeur ajoutée. Ce sont des animaux qui produisent moins, mais des produits de qualité. Donc, s'il faut manger moins de protéines, mangeons plutôt du meilleur, ça demande peu de surface, et on est sur des systèmes herbagers avec principalement du foin. Les céréales qui sont produites sur l'exploitation servent à nourrir les animaux, par contre, on est sur des systèmes qui produisent peu. On ne va pas être sur de l'industrie lourde. On va être plutôt plus proche de l'artisan local que du producteur de matières premières, qui participe au commerce extérieur français."
Une clientèle fidèle, et proche de l'exploitation
La crise actuelle du bio et des circuits courts ne va-t-elle pas tout remettre en cause ? et fragiliser cette renaissance ? Cédric Briand et ses associés de la Ferme des 7 chemins ne le croient pas. Eux qui transforment la totalité de leur lait, sur place, en Gwell et en fromages, veulent rester confiants : il y a "peut-être un temps d'arrêt, parce qu'il y a eu beaucoup de conversions d'un seul coup, et que des produits arrivent sur le marché, mais comme les filières ne sont pas organisées, évidemment derrière cela ne correspond pas...
Sur nos systèmes, on est vraiment sur des petits systèmes exclusivement en circuit court. On a une clientèle fidèle, qui se déplace à la ferme. Aujourd'hui, notre clientèle est située à 15 kms à la ronde de l'exploitation. C'est 40 % du chiffre d'affaires à la ferme. Même s'il y a eu, après le Covid, des tendances à la baisse sur la consommation en circuit-court, ce n'est pas la catastrophe. Je pense que cela fait partie aussi du cycle d'une exploitation. Il y a des hauts et des bas. On a des capacités de résilience importantes, et on tombe de moins haut à chaque fois."
"Fine" est toujours dans le troupeau
Et six ans après, Fine, star et symbole des Bretonnes pie noir, est toujours en forme, comme le confirme Cédric : "elle est dans le troupeau, toujours là et elle est plutôt en fin de lactation, mais elle va refaire un veau l'année prochaine si tout va bien. Ce sont des animaux qui produisent peu, qui sont nourris à l'herbe, au foin et aux mélanges céréaliers, donc quelque part ils sont peu sollicités pour produire. Ce sont des animaux qui durent longtemps. Ils peuvent avoir des maladies comme tout le monde, mais le véto ne vient pas tous les jours chez nous, loin de là. Ce sont des animaux qui sont rarement en difficulté. On ne cherche pas absolument à en tirer le maximum, mais plus ils nous donnent du lait longtemps, facilement, naturellement, et mieux c'est ! Cela donne un lait très fromageable et donc un produit de qualité."
Les races de Bretagne sont à retrouver au Salon International de l'Agriculture, du 25 février au 5 mars, à Paris, au parc des expositions de la Porte de Versailles. Plus de 600 000 visiteurs sont attendus.