Les pêcheurs de l'Ouest en lutte, pour obtenir de nouvelles licences
Publié : 28 novembre 2021 à 22h07 par Dolorès CHARLES
Avis de tempête dans les ports bretons et normands, où les pêcheurs se sont mobilisés dernièrement pour dénoncer les nouvelles conditions imposées par Londres aux Français pour accéder aux eaux britanniques. L'ultimatum est fixé au 10 décembre.
Paris et Londres naviguent en eaux troubles. En cause, la non obtention des licences de pêche pour de nombreux bateaux français, dans les eaux britanniques, les empêchant de travailler, alors que la fin d'année est un gros chiffre d'affaires pour ces professionnels qui s'estiment peu soutenus par Paris sur ce dossier. La Commission européenne (UE) a demandé à Londres de régler le problème des licences de pêche d'ici au 10 décembre. Mais cette crise diplomatique a déjà des répercussions.
Cancale et Jersey
La crise a rompu le lien que pouvait entretenir Cancale avec Jersey, la ville d'Ille et Vilaine étant la seule commune bretonne jumelée avec une ville de l'île anglo-normande. Un jumelage qui n'est pas que symbolique pour le maire, Pierre-Yves Mahieu, interrogé par Charles Guyard.
"Cela a permis justement des échanges physiques, des compréhensions entre des personnes. Aujourd'hui, c'est l'incompréhension des deux côtés. Nous n'arrivons plus à avoir les contacts que nous avions, parce que précisément, Jersey a des enjeux stratégiques et financiers avec le Royaume-Uni, donc ils ne peuvent pas se permettre d'avoir une attitude ostentatoire et ostensiblement contraire à la défense des intérêts britanniques. Aujourd'hui, un silence s'est instauré mais j'ai l'ambition de briser ce silence, il faut qu'on renoue des relations directes."
Un jeune pêcheur privé de licence
Cette crise est une impasse dans laquelle se trouve notamment Julien Camus. Le jeune homme a démarré son activité depuis deux ans seulement à Saint-Malo, et voilà ce pêcheur de coquilles Saint-Jacques déjà privé de licence, sans trop comprendre pourquoi !
"Depuis novembre je ne peux pas pêcher mon bateau est à quai. Là c'est assez critique surtout qu'on arrive sur un mois de décembre qui est très important dans le monde de la pêche. Moi clairement, je ne peux plus pêcher, par contre depuis novembre, aucun bateau anglais n'a été interdit de débarquer, c'est-à-dire que vous avez de la coquille St Jacques ou du homard écossais sur vos étals, ce n'est pas juste ! Il faut que ça se décante, je ne veux pas foutre mon bateau à la casse ! Il est hors de question d'accepter un chèque pour détruire un bateau sur une activité toute récente et une petite pêche artisanale. Tout le monde se renvoie la balle, on ne sait plus qui croire. Nous ce qu'on voudrait c'est que les négociations se fassent entre Jersey, la Normandie et la Bretagne. Nous il faut absolument qu'on reprenne la mer dès ce mois de décembre !"
Les pêcheurs ont en tout cas prévenu : les actions de vendredi dernier n'étaient qu'un avertissement. Si la situation n'évolue pas rapidement, ils comptent bien se faire entendre de nouveau d'ici le 10 décembre.