Les pêcheurs de l'Ouest insatisfaits des licences délivrées par Jersey

Publié : 29 septembre 2021 à 18h16 - Modifié : 29 septembre 2021 à 18h22 par Dolorès CHARLES

Bateau de pêche - illustration
Crédit : Pixabay

La colère monte chez les pêcheurs français qui travaillent dans les eaux de Jersey, alors que les autorisations provisoires de pêche expirent ce jeudi (30 septembre).

Le gouvernement de Jersey a dévoilé ce mercredi, la liste des bateaux éligibles à une licence définitive de pêche dans ses eaux. Résultat, l'île anglo-normande accorderait 111 licences définitives, mais en refuserait 75, et accorderait 30 licences provisoires. Le dossier n'est donc pas réglé, au grand dam de Loïc Escoffier, patron pêcheur basé à Saint-Malo, et qui réalise l'essentiel de son chiffre d'affaires dans les eaux de Jersey. L'armateur breton, qui possède trois bateaux, dénonce l'attitude à la fois des Britanniques et des autorités françaises :

"Comment on peut nous dire en janvier : "dans 100 jours, le texte sera fait", et là on est 250 jours après, et on n'a toujours rien... Il y a des bateaux sui ont le droit d'y aller, et qui n'y allaient pas... Des bateaux qui y allaient depuis deux ans, et qui n'ont plus le droit d'y aller. Il n'y a rien de clair... On nous mène en bateau, c'est le cas de le dire... Les politiques viennent nous voir pour faire des photos, mais au final ils ne s'occupent pas de nous, on n'est pas défendus."

Loïc Escoffier, patron pêcheur basé à Saint-Malo
Crédit : Yann Launay

L'avenir et la valeur des bateaux en question

Loïc Escoffier et tous les pêcheurs habitués des eaux anglo-normandes veulent avoir une visibilité, et craignent pour la valeur de leurs bateaux : "il faut qu'on puisse se projeter, qu'on puisse transmettre à nos enfants, ou vendre nos bateaux. Parce que si on réfléchit bien, à long terme ils ne veulent plus de bateaux français... Si les licences ne suivent pas les bateaux à la revente, dans quelques années, il n'y aura plus de bateaux français dans les eaux de Jersey... J'ai un navire qui est vieillissant, je voudrais le remplacer par un bateau à propulsion hydrogène ou hybride, j'ai tout arrêté..."

Loïc Escoffier, patron pêcheur basé à Saint-Malo
Crédit : Yann Launay

Un mur à 10 kms devant Saint-Malo...

Pour Loïc Escoffier, ces restrictions britanniques vont à l'encontre des besoins écologiques et économiques, et au final tout le monde est perdant : "on est en train de nous mettre un mur à 10 kms devant Saint-Malo, c'est quand même incroyable... Ecologiquement, tous les bateaux qui vont sortir des eaux de Jersey, alors que là-bas il y a de la place, vont augmenter l'effort de pêche le long des côtes... On ne va pas garder le même nombre de marins, on ne va pas investir autant dans du matériel, et les prix vont augmenter ! Les consommateurs vont ressentir l'augmentation pour les fêtes, cette année..."

Loïc Escoffier, patron pêcheur basé à Saint-Malo
Crédit : Yann Launay

Suite à la décision des autorités britanniques et de Jersey de limiter l'octroi de licences de pêche, François-Xavier Bellamy, rapporteur permanent sur le Brexit pour la commission de la pêche du Parlement européen, se rendra demain (jeudi) soir et vendredi à Saint-Malo. De son côté, l'île de Jersey a fixé une nouvelle date butoir : les bateaux français ont jusqu'au 31 janvier 2022 pour négocier leur présence dans les eaux anglo-normandes.