Les Gras de Douarnenez, avec le char "Willy Wonkgras" et l'univers de Charlie et la Chocolaterie
Publié : 9 février 2024 à 17h38 par Dolorès CHARLES
C'est l'un des derniers carnavals de l'Ouest, et l'un des plus authentiques : les Gras de Douarnenez remettent le couvert pour cinq jours, à compter de ce samedi 10 février en Bretagne. Reportage au coeur de la fête, avec les carnavaliers.
Coup d'envoi des Gras de Douarnenez ce samedi (10 février), avec le "Den Paolig", le roi du carnaval (littéralement le "pauvre homme") et dimanche, le grand rendez-vous du défilé, qui devrait attirer des milliers de personnes. Des chars colorés et parfois spectaculaires seront accompagnés par des groupes de danseurs costumés. Parmi les chars 2024, il y aura le char "Willy Wonkgras" qui met en scène l'univers de Charlie et la Chocolaterie. Des mois de travail et une bonne dose d'ingéniosité sont nécessaires à une telle réalisation.
Le char réunit toute la famille et les amis
Yann Launay a rencontré Sébastien, son principal concepteur : "tout ce qui est formes sont faites en fer à béton, qu'on vient ensuite recouvrir de grillage à poule. La mousse, c'est du caoutchouc qu'on a récupéré avant de partir en déchetterie. On l'a retravaillée pour qu'on ait des petits grains. On a mélangé ça et on est venu le coller à la main sur l'ensemble du char. C'est juste fou le nombre d'heures que tu peux passer ici (...) mais une fois que les Gras sont passés, on n'a qu'une envie c'est de recommencer. Pendant cinq jours, je vois et je me marre avec des gens que je ne côtoie pas le reste de l'année... Le char réunit autant ma famille, mes potes etc. C'est clair que c'est un agréable moment les cinq jours des Gras."
Comme dans l'histoire originale de Charlie, l'équipe de Sébastien a créé 1 000 tablettes de chocolat (du vrai), dont cinq renferment un ticket d'or, qui donneront droit aux enfants qui les trouveront de participer au défilé sur le char l'année prochaine.
"Pendant cinq jours, on oublie tout et on est déconnecté de la vraie vie."
A Douarnenez, le carnaval est souvent une affaire de famille, en tous cas la transmission semble assurée. Des jeunes comme Lenny, 17 ans, ont déjà le virus. Lenny a passé des week-end à travailler avec son père sur la fabrication du char Willy Wonka. Il défilera juché à l'arrière sur un curieux siège à pédales : "je vais être assis en hauteur sur un fauteuil relié à un mécanisme qui permet de faire tourner quand je pédale. Mon premier défilé, c'était à l'âge de deux ou trois ans et c'est devenu une passion ... De travailler avec son père, d'apprendre des choses de lui, c'est top... et de sortir un char aussi grandiose et beau, quand on arrive au défilé, quand on voit tous les sourires des gens, c'est terrible !"
Sur le char avec la moto géante, une pin-up !
Les chars du défilé sont préparés depuis des mois dans un vaste hangar, à l'écart de Douarnenez. L'un de ces chars ne risque pas de passer inaperçu, avec sa moto géante, chevauchée par une pin-up dont la partie supérieure est gonflable.
Pour Serge, pilote du char et responsable des pilotes du carnaval, le char "va monter à entre sept et huit mètres de haut quand tout sera gonflé. Le but est de pouvoir passer les fils dans la ville de Douarnenez. On va la dégonfler pour passer en dessous et la regonfler après. On a des caméras, un guide et on communique que par gestes. Il faut rester sérieux et on en profite après... A Douarnenez, on fait beaucoup d'arrêts, de démarrages en côte, et puis les chars sont de plus en plus gros, donc il ne faut pas les esquinter en passant la ville. D'année en année, on voit qu'il y a de plus en plus de monde qui vient, c'est vraiment chouette. Le dimanche c'est pour les familles qu'on fait ça... Ce n'est pas une grosse beuverie comme certains l'ont dit dans le temps !"
Les Gras : "toutes les valeurs qui font le bonheur des gens : le rire, l'amitié, le partage"
A Douarnenez, les habitants tiennent à leurs Gras, un carnaval comme on en voit de moins en moins, souligne Mickaëlle Jadé, présidente du comité d'animation des Gras : "nous avons cette folie douce où les rôles sont inversés, où on interprète notre personnage. On va avoir un Spiderman monter sur des panneaux, ou sur un mur. On va avoir des hommes qui vont s'épiler les jambes et on les reconnaît même pas, ou des femmes, qui vont se laisser pousser les poils sur des mono sourcils, s'enlaidir le plus possible... C'est ça qui fait la différence avec les autres carnavals en ces temps où l'actualité est très morose, c'est vraiment notre antidépresseur. C'est une parenthèse de couleur, de rire et toutes les valeurs qui font le bonheur des gens : le rire, l'amitié, le partage."
Le "Den Paolig" est réalisé à l'effigie d'une personne réelle : mais comment est-il choisi ? "C'est une personne de Douarnenez, très connue ou peu connue, mais qui marque les esprits et qui aime Les Gras. C'est une personne choisie un an auparavant et à qui on demande (contrairement à avant). On a une liste de gens pour les années à venir. Je pense que c'est un honneur pour certains d'être "Den Paolig", comme il est accroché au fronton des Halles."
Les Gras de Douarnenez démarrent ce samedi (10 février) avec Hit West. Au menu, l'intronisation du Den Paolig, le roi du carnaval, et la folle nuit des Gras. Dimanche place aux Noces des Gras et au défilé, avec une quinzaine de chars, des groupes de danseurs, musiciens, plus de 800 personnes au total.
Lundi auront lieu les courses des garçons de café, mardi est consacré au concours de costumes, et le carnaval se terminera mercredi avec le bal des enfants puis en soirée l'incinération du Den Paolig sur fond de feux d'artifice.