Les gilets jaunes de retour, ou pas

Publié : 19 octobre 2021 à 12h43 - Modifié : 19 octobre 2021 à 12h49 par Dolorès CHARLES

Gilets Jaunes
Crédit : Pixabay

Le mouvement des Gilets Jaunes peut-il reprendre de l'ampleur ? Yann Launay est allé interroger ces derniers qui s'étaient mobilisés à la fin 2018.

Le week-end dernier, quelques manifestants s'étaient donné rendez-vous sur des rond-points, à Saint-Brieuc, Brest ou Lanester. Une mobilisation qui reste modeste, dans l'Ouest comme dans toute la France, mais les appels à ressortir le gilet fluorescent se multiplient sur les réseaux sociaux. Pour Emmanuelle, gilet jaune de Brest, pas sûr que le mouvement prenne la même forme qu'il y a trois ans, mais pour elle finalement rien n'a vraiment changé depuis fin 2018, et les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets :

"Tout augmente : l'électricité, les mutuelles, l'essence, mais nos salaires n'augmentent pas... Nous on ne s'en sort pas, alors qu'on travaille. Cela va concerner de plus en plus en plus de personnes : depuis le 1er octobre il y a la réforme du chômage qui est passée, ça met encore plus de gens dans la précarité... Ils ne mettront peut-être pas de gilet jaune, parce que cela a été tellement diabolisé, mais ils seront dans la rue..."

Emmanuelle gilet jaune de Brest
Crédit : Yann Launay

Il suffirait d'un élément déclencheur

Pascal, lui, avait été porte-parole des Gilets jaunes de Lorient, et il reste sceptique quant à la renaissance d'un mouvement massif : "au niveau du gasoil, on a quand même atteint des taux records et il ne se passe rien... On a un passe sanitaire qui risque d'être mis jusqu'en juillet, et il ne se passe rien... Je ne sais pas, cela a du mal à prendre... Il suffirait d'un élément déclencheur : je sais que les travaux publics commencent à grogner... Là par contre s'il peut y avoir une convergence avec les travaux publics, le mouvement pourrait repartir beaucoup plus vite..."

Pascal, gilet jaune à Lorient
Crédit : Yann Launay

Quid du chèque carburant ?

Pour éviter de revivre l'hiver 2018-2019, le gouvernement envisage d'aider les ménages modestes avec un chèque carburant, à l'image du chèque énergie. Un tel coup de pouce est-il la bonne option ? Pas pour Emmanuelle pour qui "ce serait une petite mesurette pour calmer la colère sociale, mais les gens, cela ne les calmera pas, de toute façon il faut augmenter les salaires (...) Pour que les gens puissent vivre correctement. Cela remplirait les caisses de l'Etat aussi, parce qu'il y aurait plus de pouvoir d'achat, les gens dépenseraient."

Emmanuelle, gilet jaune à Brest
Crédit : Yann Launay

Pour Pascal, mettre en place un chèque carburant signifie déterminer des critères, fixer des seuils, et c'est injuste à ses yeux. Lui préfèrerait une modulation des taxes, qui représentent plus de 50% du prix payé à la pompe : "on pourrait très bien mettre des taxes flottantes qui permettent de maîtriser, quand le prix du brut flambe, plutôt que de mettre un chèque qui ne va ressembler à rien... A partir du moment où vous mettez un seuil, vous discriminez une partie de la population. Je ne vois pas pourquoi quelqu'un qui gagne un  peu plus d'argent doit être pénalisé par rapport aux autres... Cette taxe flottante il suffit de la baisser pour tout le monde."

Pascal, gilet jaune à Lorient
Crédit : Yann Launay

Le gouvernement devrait présenter le dispositif retenu d'ici la fin de la semaine.