Nantes, Tours, Angers : les étudiants en médecine générale de nouveau dans la rue

Publié : 18 novembre 2022 à 10h12 - Modifié : 18 novembre 2022 à 15h52 par Emilie PLANTARD

Les étudiants ont manifesté à Nantes le 17 novembre dernier
Crédit : Emilie Plantard

Entre 2 et 300 étudiants en médecine générale ont défilé ce jeudi 17 novembre à Nantes contre le projet de loi Retailleau, à savoir l’article 23 du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Il les contraindrait à prolonger leur internat, en zone sous-dotées en médecins. Une nouvelle mobilisation après celles de juin et octobre 2022.

Les étudiants en médecine générale étaient de nouveau dans les rues de Nantes cet après-midi. Originaires des universités de Tours, d’Angers et de Nantes, ils ont manifesté leur désaccord face au projet de loi Retaillau (article 23 projet loi financement de la sécurité sociale) qui leur imposerait une 4è année d’internat, au lieu de 3 actuellement. Lors de cette année supplémentaire, les internes seraient amenés à effectuer des stages longs, en priorité dans les déserts médicaux.

Une erreur, selon Thibaut Billy, président du syndicat des internes de médecine générale de Nantes :"La proposition est une fausse bonne idée. Ils veulent faire croire à la population qu’en envoyant les internes dans les zones sous-denses, ils vont résoudre le problème des déserts médicaux mais c’est faux. Un interne en médecine générale il faut qu’il ait des médecins à proximité, donc des endroits où il n’y a pas de médecin, ce sera pas possible donc on ne règle rien du tout."

Une solution contre les déserts médicaux ?

Cette proposition s’inscrit dans le projet plus global de la loi de financement de la sécurité sociale, en cours d’adoption au parlement. Cette année supplémentaire doit inciter ces futurs médecins généralistes à faire des stages longs dans des zones sous-dotées, pour tenter d’améliorer la situation dans les déserts médicaux. Les étudiants n’y croient pas, Thibaut Billy explique que pour les syndicats, "le problème est un problème de nombre et pas de répartition. C’est vraiment déshabiller Pierre pour habiller Paul. On est à 87% du territoire français en zone sous-dense... Ensuite on en est déjà à 9 ans d’études, on ne coûte rien à l’Etat on lui fait même gagner de l’argent. C’est déjà nous qui faisons tourner les hôpitaux de périphérie. Quand vous allez à l’hôpital de Fontenay-le-Comte, à Châteaubriant, à Ancenis ce sont les internes qui y sont. Nous on voudrait qu’on nous rende la monnaie de la pièce et en nous imposant à aller là où on n’a pas forcément envie, ça nous met des bâtons dans les roues."

Thibaut Billy, président du syndicat des internes de médecine générale de Nantes
Crédit : Emilie Plantard

Les étudiants ne veulent pas être contraints

Enzo est venu de Tours pour manifester, il doit poursuivre son internat et n’hésitera pas à le faire dans une zone sous-dotée, sans qu’on doive lui l’imposer... "Moi j’hésite entre Tours, Angers, Nantes et Rennes et ce sont des zones sous-dotées. Moi plus tard j’exercerai en milieu rural, j’irai là où il y a besoin mais il y a des besoins partout. On nous fait sous-entendre qu’il y a des zones sur-dotées mais ce n’est pas vrai."

La manifestation du 17 novembre à Nantes
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Enzo, étudiant en médecine à Tours
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Les internes dénoncent l’instrumentalisation

Une réforme pédagogique, selon le ministre de la santé, mais qui inquiète les étudiants qui y voient plutôt le moyen de réduire le problème des déserts médicaux à moindre coût... Tanguy Imbert est étudiant à Angers, il est président du syndicat des internes de médecine générale de la ville : "actuellement on nous dit juste qu’on créé une 4è année, vous allez prioritairement en zone sous-dense, mais sans engagement sur notre accompagnement, avec quelle rémunération, c’est une question, quand on doit faire le travail d’un médecin « thesé » pour 2000 euros, ce n’est pas normal ! On nous rajoute une année, c’est qu’on n’est pas capables de travailler normalement et on nous demande plus que ce qu’un médecin doit faire."

Le texte de loi prévoit des aides à l’installation des stagiaires dans ces zones spécifiques, en lien avec les collectivités locales. Le projet de loi sera examiné en nouvelle lecture par les députés à partir du 21 novembre 2022.

Tanguy Imbert, président du syndicat des internes de médecine générale à Angers
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