Les défenseurs de langue bretonne à Guingamp, ce samedi
Publié : 28 mai 2021 à 23h20 - Modifié : 28 mai 2021 à 23h21 par Dolorès CHARLES
Après la censure partielle de la Loi Molac par le Conseil Constitutionnel, une grande manifestation de soutien aux langues régionales, et notamment à la langue bretonne, aura lieu ce samedi à Guingamp (22).
Les défenseurs de la langue bretonne se donnent rendez-vous ce samedi à Guingamp, pour une grande manifestation : un rassemblement pour protester contre la décision du Conseil constitutionnel de censurer deux articles de la "loi Molac" sur les langues régionales. Deux articles pourtant essentiels : le premier concerne l'utilisation des signes diacritiques comme le tilde dans les actes d'état-civil, et l'autre article retoqué concerne l'enseignement par immersion, c'est à dire en utilisant la langue régionale pour l'enseignement de l'ensemble des matières, et aussi en récréation ou à la cantine.
La méthode immersive pose question
Une méthode jugée contraire à la constitution, mais une méthode utilisée depuis les années 1970 dans toutes les écoles Diwan, par exemple. C'est l'incompréhension, dans les établissements bretonnants, comme l'explique Lors Landat, directeur adjoint du collège-lycée Diwan de Vannes :
"Ce qui est agaçant, c'est qu'on enseigne par immersion depuis 50 ans, on est parmi les meilleurs lycées français, on est parmi les meilleurs collèges : toujours 100% de réussite au brevet. On suit les programmes de l'éducation nationale. Ce qui est décourageant, c'est qu'on soit obligé de se justifier. Il y a encore des préjugés sur notre fonctionnement, vu de Paris."
Pas de lacune
De nombreux élèves des écoles Diwan ont connu la méthode immersive depuis le début de leur scolarité, à partir de l'âge de 3 ou 4 ans. Et ils n'ont pas de lacunes en français, comme le constate Annaig Cosson, qui enseignait dans des établissements publics avant d'arriver au collège-lycée Diwan de Vannes pour enseigner le français :
"Je n'ai pas noté de différence de niveau entre des élèves, dans le public, qui ont des enseignements en français exclusivement, et ici à Diwan avec des élèves qui ont des enseignements en breton la plupart du temps. Les niveaux sont très hétérogènes, d'un élève à l'autre, on retrouve ça dans le public aussi, je n'ai pas noté de différence de profil entre l'enseignement dans le public et l'enseignement à Diwan, en français."
Pour Conan, élève, c'est une chance...
Conan est en seconde, il a fait toute sa scolarité à Diwan, et il estime que cette méthode par immersion a été pour lui une vraie chance :
"Avec l'immersion, on apprend une langue en plus : dès notre plus jeune âge, on connaît déjà deux langues, et on est ouverts à plus de choses, parce qu'on connaît plus de cultures. Et plus on apprend de langues, plus c'est facile d'en apprendre une autre..."
Impossible pour Diwan de changer de méthode
Pour Lors Landat, loin de nuire à l'enseignement du français, la méthode par immersion donne aux élèves des atouts supplémentaires pour l'ensemble des apprentissages. Impossible pour lui d'imaginer changer de méthode pédagogique, et d'abandonner l'immersion :
"Il n'y a pas de Diwan sans immersion linguistique. Si l'enseignement ne se fait pas en langue bretonne, on propose le même service qu'un enseignement bilingue classique, comme les classes européennes à 50% de parité horaire français-anglais, par exemple. Il n'y a pas de sens à ce que Diwan existe s'il n'y a pas d'immersion..."
Le rassemblement est prévu à 13h30, ce samedi, devant la gare de Guingamp, pour l'arrivée de la Redadeg, la course de relais destinée à promouvoir la langue bretonne.