Les appels à piéger le frelon asiatique se multiplient, mais est-ce la bonne idée ?
Publié : 9 mars 2023 à 8h04 - Modifié : 9 mars 2023 à 8h08 par Dolorès CHARLES
Les réunions d'information sur le piégeage des frelons asiatiques se succèdent en Bretagne et Pays de la Loire. Des pièges sont même distribués aux particuliers, mais ce n'est peut-être pas la bonne idée, selon la FGDON 35. Explications.
A l'approche du printemps, les appels à piéger le frelon asiatique se multiplient : de nombreuses communes de l'Ouest distribuent même des pièges aux particuliers volontaires. L'objectif est de capturer un maximum de reines, à la fin de leur hibernation, avant qu'elles n'aient pu fonder de nouvelles colonies. Mais installer un piège dans son jardin n'est peut-être pas une si bonne idée, et ce serait même contre-productif. C'est ce que montrent les études menées en Ille-et-Vilaine par la FGDON, la Fédération des groupements de défense contre les organismes nuisibles. Les comparaisons entre territoires piégés et territoires non piégés ne montrent aucune différence significative.
Des pièges pas sans risque pour les autres insectes ?
Pièges ou pas, le nombre de nids de frelons asiatiques est le même et les pièges, même les mieux conçus, ne sont pas sans risque pour les autres insectes, comme le souligne Cyrille Lejas, diecteur technique à la FGDON 35, interrogé par Yann Launay : "on utilise un appât qui éloigne les abeilles en général, mais il y a énormément d'autres aspects que les gens assimilent à des moucherons, qui ne sont pas des insectes inutiles, mais qui sont aussi des insectes pollinisateurs, et il en est capturé des quantités invraisemblables, de même qu'on capture énormément de guêpes communes et de frelons européens, qui sont des insectes indigènes et qui ont tous un rôle à jouer dans notre écosystème."
Le nombre de frelons asiatiques sous-estimé
Mais pour quelles raisons, comment expliquer ce manque d'efficacité du piégeage ? Pour Cyrille Lejas, "les gens ont à l'esprit que lorsqu'on capture un frelon asiatique au printemps, c'est synonyme d'un nid évité ou d'une colonie évitée, ce qui est complètement faux dans le sens où le nombre de frelons asiatiques qu'on peut avoir dans notre environnement à la sortie l'hiver est très souvent sous estimé. Les scientifiques du Muséum d'histoire naturelle au travers, décrit un phénomène de concurrence entre les reines... c'est à dire que s'il y en a beaucoup, elles s'entretuent pour s'accaparer les emplacements entre les créations des nids. Si effectivement, elles ne sont pas nombreuses, il y a quasiment 100 % de réussite."
La détection précoce de foyers
Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire contre le frelon asiatique, qui menace les abeilles et la biodiversité. Mais pour Cyrille Lejas, si les particuliers souhaitent participer efficacement à la lutte, c'est surtout en repérant les nids le plus tôt possible : "si on ne traite plus les foyers, le souci c'est qu'on arriver au mois d'octobre ou au mois de novembre avec des colonies très importantes, de l'ordre de 1 000 - 1 500 frelons par nid, qui vont attaquer fortement la biodiversité, attaquer fortement le risque de piqûre aux personnes...
Il est très important de faire de la détection précoce de foyers, c'est à partir du mois d'avril de faire de la recherche systématique de nids primaires, ces petits nids que l'on retrouve très facilement et très souvent installés dans des abris de jardin sous les carports, les charpentes extérieures, sous les rebords de toits ou de fenêtres. Surtout, ne pas envisager de le détruire seul, ne serait ce que pour déjà des raisons de sécurité... et puis, pour être sûr que ce soit bien fait et efficace, il vaut mieux confier (cette destruction) à un professionnel."
Pour le Cyrille Lejas, le piégeage reste pertinent autour des ruches, pour protéger les abeilles, ce que les apiculteurs mettent déjà en place. En 2022, le nombre de nids de frelons asiatiques a atteint un niveau record, dans l'Ouest : en Ille-et-Vilaine, plus de 8 000 nids ont été détruits l'an passé, contre 4 800 en 2016.
Une réunion d’information sur le piégeage est organisée le mercredi 22 mars à 19 heures, salle Ringeard à Sainte-Pazanne (44). Réunion ouverte à tous. A Dinan (22), la réunion de lundi a réuni une vingtaine de personnes et ils étaient plus d'une cinquantaine à une autre réunion organisée vendredi dernier à Saint-Quay-Portrieux (22).