Manque d'animateurs en centres de loisirs : une aide de 200 euros
Publié : 27 octobre 2021 à 9h05 - Modifié : 28 octobre 2021 à 6h48 par Dolorès CHARLES
Vous faites peut-être partie de ces familles qui n'ont pas trouvé de place pour les enfants dans le centre de loisirs, pour les vacances. Motif, le manque d'animateurs. Les explications de l'association Familles Rurales
Dans l'Ouest comme ailleurs, les listes d'attente s'allongent pour cause d'absence d'animateurs. Sur toute la France, plus de 5 200 postes seraient à pourvoir. Pour Jean-Daniel Lemercier, directeur fédéral de Familles rurales en Ille-et-Vilaine, plusieurs facteurs expliquent cette pénurie : d'abord la pandémie, qui a entraîné l'annulation de formations au BAFA (Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur), à laquelle s'ajoute le coût de la formation, autour de 1 000 euros, dissuasif pour certains jeunes, et enfin, persiste le (gros) problème des salaires, pour Jean-Daniel Lemercier :
"En Ille-et-Vilaine, on a fait un recensement sur les dernières offres publiées pour ces vacances : on était sur des salaires entre 38 et 85 euros la journée, en moyenne pour 10 heures de travail. C'est à dire sur un 3,80 € à 8,50 € de l'heure en sachant que le SMIC est à 8,30 €... Ce n'est pas hyper motivant pour un jeune : on en a plusieurs qui nous disent "je préfère aller travailler à l'usine ou au supermarché du coin, où je vais avoir un horaire de travail fixe de 7 heures par jour, payé au SMIC, et sans avoir besoin de passer un diplôme au préalable."
Une aide de 200 euros
Pour tenter de juguler cette pénurie d'animateurs, le gouvernement vient d'annoncer le versement d'une aide de 200 euros, dès l'an prochain, pour participer au financement de la formation au BAFA. Afin de faciliter l'accès aux brevets ouvrant à ce secteur, BAFA et BAFD, le gouvernement annonce également de nouveaux dispositifs. Aux yeux de Jean-Daniel Lemercier, de Familles Rurales, ce geste peut paraître "un peu timide" : "j'espère que cela va permettre d'inverser la tendance, maintenant, 200 euros sur 1 000 il en reste encore 800 ! Il y a une aide de la Caisse d'allocations familiales de 100 euros, donc il reste encore 700 euros, et pour un jeune cela reste une somme relativement importante. S'il n'y a pas les parents derrière, à choisir certains vont préférer aller travailler au supermarché du coin..."
Animateur à 16 ans !
Le gouvernement réfléchit aussi à un abaissement de l'âge requis pour passer le BAFA, qui passerait de 17 à 16 ans. Une proposition qui laisse là aussi, Jean-Daniel Lemercier sceptique : "il faut savoir qu'aujourd'hui on a des parents qui, dès qu'il y a un problème, n'hésitent plus à porter plainte... On a eu le cas encore récemment d'un dépôt de plainte sur un accueil de loisirs pour une faute qui a été commise. Comment peut-on confier cette responsabilité-là à des jeunes de 16 ans, en sachant que derrière il y a ce risque-là... Sur cette responsabilité là, je m'interroge. On a des jeunes qui vont être très matures bien plus tôt que 17 ans mais dans la majorité des cas à 16 ans c'est encore la fin de l'adolescence."
La secrétaire d'Etat chargée de la jeunesse, la nantaise Sarah El-Haïry, réunira le mois prochain les représentants des collectivités et des associations employeuses, pour faire le point et réfléchir à des solutions de long terme.