Le ras-le-bol des soignants de réanimation
Publié : 11 mai 2021 à 21h25 - Modifié : 6 octobre 2021 à 16h23 par Dolorès CHARLES
« Sauve ta Réa, un jour elle te sauvera » : c’était l’une des pancartes portées par le personnel du service de réanimation de l’hôpital de Vannes, qui criait son désarroi et sa colère ce mardi.
Au Centre hospitalier Bretagne Atlantique comme dans des dizaines d’établissements partout en France, les infirmiers, aides-soignants, kinés de réanimation ont manifesté, hier (mardi 11 mai). Ils demandent une meilleure reconnaissance, comme l’explique Caroline, infirmière en réanimation depuis 12 ans à l’hôpital de Vannes :
« On est des infirmiers spécialisés, on ne peut pas nous remplacer au pied levé, parce que cela demande des compétences très importantes. C’est un service très technique. On nous fait savoir qu’on est indispensables, et ça on le savait déjà, mais il n’y a pas de reconnaissance, et on aimerait que ça change, que nos salaires soient revalorisés, et qu’on ait vraiment les effectifs nécessaires au quotidien, pas seulement en période de crise…"
Métiers formidables, statuts forts minables
Sur une banderole déployée sur les grilles de l'hôpital de Vannes, on pouvait lire : « La réanimation : métiers formidables, statuts fort minables ». Le personnel de réanimation attend un statut spécifique, qui n'existe pas, comme l'explique Sandy, 33 ans, infirmier en réanimation de puis 3 ans :
"On est des infirmiers diplômés d’Etat, mais on n’a pas de spécialité comme les infirmiers anesthésistes ou les infirmiers de bloc : cela n’a pas encore été créé, et c’est ce qu’on revendique. C’est entre 6 mois et un an de formation pour être totalement opérationnel en réanimation. Avant, c’était un service peu connu. Il y a beaucoup de familles qui connaissent quelqu’un qui a été en réanimation, et qui savent que si leur proche s’en est sorti, c’est aussi grâce à l’équipe et à un investissement de tous les jours ? Ce Covid nous a aussi permis de montrer le travail qu’on réalise depuis des années… »
Pour Jérémy, infirmier en réanimation depuis 5 ans, si la pandémie est venue alourdir la tâche du personnel, elle a surtout mis en évidence les lacunes du système hospitalier :
« Depuis un an, on a eu beaucoup de mal à trouver des effectifs en plus, c’est là qu’on s’est rendu compte qu’il manque du personnel formé à la réanimation. Il y a beaucoup de fatigue, il y a eu la troisième vague, on est revenu sur des jours de repos... On travaille de jour, de nuit, 12h, nos journées sont chargées… Après on adore notre travail, mais si ça pouvait être reconnu… »
Plus de reconnaissance
La pression sur les hôpitaux a commencé à diminuer, mais le personnel du service de réanimation vannetais n'est pas sûr de pouvoir souffler dans les semaines qui viennent (Sandy) :
« Nous sommes dans une région qui attire beaucoup de touristes… On a eu des patients qui venaient de Paris : ils ont pris le train avec tous les symptômes, ils sont quand même venus, et quelques jours après ils se retrouvaient en réanimation… Après il y a aussi toute l’activité touristique qui engendre des accidents, et des gens de la région qui vont commencer à ressortir, à profiter, cela engendre aussi des accidents et des gens à venir en réanimation… »