Premier bilan des éoliennes en mer à Saint-Nazaire

Publié : 31 mai 2023 à 16h09 - Modifié : 1er juin 2023 à 7h59 par Yann LAUNAY

Eoliennes Saint Nazaire

Alors que les éoliennes en mer de Saint-Nazaire produisent de l'électricité depuis maintenant 6 mois, EDF dresse un premier bilan. Reportage au large du parc éolien au large de Guérande (44).

En ce début de saison estivale et compte-tenu de l’augmentation induite des activités maritimes, la préfecture maritime organisait mardi (30 mai) une visite de presse six mois après la mise en exploitation du Parc éolien en mer de Saint-Nazaire. L'occasion de dresser le premier bilan et de présenter le nouvel arrêté du préfet maritime qui régira les activités maritimes autorisées autour et dans la zone du parc éolien en mer (depuis le 24 mai 2023).

"Au global, on est complètement cohérent avec la trajectoire pour une production annuelle correspondant à 1,7 térawattheures"

Pour Marc Chiron, directeur adjoint Eolien en mer chez EDF, les 80 machines n'ont pas rencontré de problème majeur, et la production espérée est au rendez-vous, sur ce tout premier parc éolien offshore en France :

"On a eu des très bons mois en janvier et mars, des mois normaux comme le mois d'avril, un mauvais mois, comme celui de février. Mais au global, on est complètement cohérent avec la trajectoire pour une production annuelle correspondant à 1,7 térawattheures. Le parc éolien de Saint-Nazaire va représenter l'équivalent de la consommation de 700.000 habitants, l'équivalent de Nantes Métropole. Depuis le début avril, on commence les cycles de maintenance programmés. On a une intervention sur une dizaine d'éoliennes pour la maintenance annuelle. C'est vérifier les niveaux, vérifier des serrages de boulons. On est à l'heure sur nos maintenances. Tout se passe bien et il n'y a pas de surprise."

Marc Chiron

Plusieurs motifs de satisfaction

Avant la construction du parc éolien de Saint-Nazaire, des inquiétudes s'étaient exprimées sur un possible impact négatif des éoliennes vis-à-de la faune marine, et tout particulièrement des oiseaux.

A-t-on des indicateurs objectifs qui montrent l'innocuité des éoliennes ? "Cela commence tout juste puisque les périodes de migration et de nidification, c'est à partir du printemps, c'est à dire sur la phase d'exploitation, il est donc trop tôt pour en parler, précise Marc Chiron. Par contre, on a fait le bilan des suivis pendant la construction... On a aussi plusieurs raisons de s'en satisfaire : il y a peu d'un impact qui a été constaté sur la faune marine. On a fait des campagnes de surveillance pour voir avec les caméras sous marines comment cela se passe et il y a déjà énormément de poissons, de moules et d'étoiles de mer, énormément de vie qui voient les fondations comme un récif."

Eoliennes en mer -St-Nazaire - bateau de maintenance
Crédit : Yann Launay
Eoliennes en mer -St-Nazaire - sous-station électrique
Crédit : Yann Launay
Marc Chiron

Les règles de navigations dans la zone

Alors que le parc éolien de Saint-Nazaire prend sa vitesse de croisière, en termes de production et de maintenance, les autorités ont décidé d'assouplir les règles de navigations dans la zone. Les 80 éoliennes de 200 mètres de haut occupent près de 80 km², sur le banc de Guérande, et l'idée n'est pas d'en faire une zone interdite, comme l'explique Jean-Michel Chevalier, adjoint du Préfet maritime de l'Atlantique à Yann Launay : "la navigation de plaisance était déjà possible depuis janvier. On donne un signe d'ouverture en imposant l'AIS, un système d'identification automatique des navires de nuit ou par très mauvaise visibilité, mais par bonne visibilité nous n'imposons pas l'AIS.

Deux autres signes d'ouverture : la plongée encadrée dans un club qui pourra s'effectuer dans un champ éolien, et puis la possibilité pour des navires à passagers de réaliser des activités de tourisme industriel, si je puis dire. Alors il y a, semble-t'il, deux armateurs qui ont dû faire des études de marché et qui pensent qu'effectivement il y a possibilité d'embarquer des passagers curieux. Mais on va l'assortir d'un certain nombre de conditions. Ils devront se déclarer. Ils devront nous proposer plusieurs parcours de manière à ce que nous sachions où ils sont dans le champ éolien."

Jean-Michel Chevalier

Les pêcheurs semblent composer avec le parc éolien

Il faut dire que les pêcheurs sont peu nombreux à fréquenter le banc de Guérande, et la cohabitation démarre plus sereinement qu'ailleurs, comme le confirme Jean-Michel Chevalier : "les pêcheurs qui exercent aux arts dormants, c'est à dire qui posent des casiers, des lignes, mais il n'y a pas d'art traînant, il n'y a pas de chalutage sur le parc éolien du banc de Guérande, je pense qu'ils ont commencé à trouver leurs marques puisque pendant la phase du chantier, ils ont pu continuer à opérer par cadran, c'est à dire qu'il y avait des secteurs qui restaient ouverts pour leur permettre de maintenir une activité... Ils sont une petite dizaine de professionnels... et les choses se présentent plutôt bien."

Jean-Michel Chevalier

Le nouvel arrêté règlementant la navigation dans le parc éolien a été signé il y a quelques jours. L'utilisation du système de sécurité "AIS" ne sera pas obligatoire de jour et par bonne visibilité. La plongée sous-marine sera possible, si la palanquée appartient à un club, et sous réserve d'éviter les fondations des éoliennes.

Des bateaux à passagers seront autorisés à traverser le parc pour des visites guidées : deux armateurs de Loire-Atlantique seraient prêts à se lancer dans ce nouveau tourisme industriel.

Rappelons qu'il est interdit de s'approcher, et bien évidemment interdit de grimper sur une éolienne. Même en l'absence de bateau de patrouille, chaque éolienne reste surveillée par des caméras, tant aériennes que sous-marines.

Après le parc du Banc de Guérande, doivent entrer en service, dans les mois qui viennent : les parcs offshores de Fécamp, de Dieppe, de Saint-Brieuc, de Courseulles-sur-mer et Noirmoutier.