Le loup installé dans le Maine-et-Loire ? Possible...

Publié : 29 mars 2023 à 9h18 - Modifié : 29 mars 2023 à 14h47 par Emilie PLANTARD

Un loup
Crédit : @Pixabay

La présence du loup n’est pas officiellement reconnue sur le département du Maine-et-Loire. Pourtant, plusieurs indices laissent penser qu’il y est bien installé,plus particulièrement dans les Mauges. C’est en tout cas ce que pense un naturaliste amateur, qui recueille les témoignages sur une page Facebook.

Le loup est-il présent dans le Maine-et-Loire ? C’est une question qui divise les spécialistes. En 2021, l’Office Français de la Biodiversité comptabilisait 624 individus répartis sur quatre zones, le grand-est, les massifs alpins et provençaux, l’Occitanie et la Normandie. Dans l’ouest, il confirme son passage en Vendée en 2021, puis dans le Finistère en 2022, mais pas ailleurs. Or, dans le Maine-et-Loire, un naturaliste amateur est convaincu de sa présence régulière. Voire de l’installation d’un groupe.

Des indices nombreux

Il y a deux ans, il a créé une page Facebook pour rassembler les indices et ils sont nombreux. "Cela peut être des observations, des crottes, des cadavres d’animaux prédatés, des empreintes... Des indices comme ça, sur le Maine-et-Loire en 2022 j’en ai 70 ou 80, et là en 2023 depuis 3 moi j’en ai 20 ou 25. On n’est pas toujours sûr à 100% que ce sont des indices de loup mais si tu accumules les indices sur des mois, des années, tu les poses sur une carte et pour finir tu te rends compte que tu as plein d’indices qui sont dans le même secteur. Par contre tu n’as pas d’indice dans d’autres, ce qui fait dire que dans ces secteurs, le loup a installé son territoire."

Naturaliste amateur dans les Mauges
Crédit : Emilie Plantard

Des animaux sauvages dévorés

Les indices qui témoignent de son passage sont potentiellement nombreux donc, et ils ne peuvent pas être le fait de chiens divaguant. Eux laissent rarement des cadavres d’animaux entièrement dévorés par exemple. "Un chien est nourri à la maison, il va peut-être se servir sur un cadavre de chevreuil, il va  prendre 1 ou 2 kg mais il n’a pas trop faim donc il va en rester-là. Les cadavres qu’on retrouve en ce moment sur le nord Mauges et l’ouest de Cholet sont des cadavres de chevreuil, de moutons complètement mangés. Il reste la colonne vertébrale, quelques côtes, tout est consommé. J’ai eu un exemple d’un éleveur en décembre 2022 qui s’est fait prédaté une brebis de 60 kg... L’éleveur est parti le soir et il est revenu le lendemain il ne restait que la colonne vertébrale. Il faudrait une meute de chiens affamés pour faire ça."

Naturaliste amateur dans les Mauges
Crédit : Emilie Plantard

"Un terroir idéal"

Depuis deux ans, il a observé et recueilli de nombreux indices qui lui permettent d’y croire. Pas surprenant car pour lui, le territoire au sud du département s’y prête très bien et le loup, très présent dans les Alpes, s’est naturellement dispersé. "Le terroir des Mauges est fait de petits bois, de petits vallons et de prairies agricoles, c’est idéal pour le loup. J’entends souvent que le loup a besoin de grandes forêts mais c’est faux ! Un des principaux axes de dispersion en France, c’est la Loire : les loups remontent la Loire et se retrouvent dans le Maine-et-Loire, en Vendée, en Loire-Atlantique et ils remontent pour aller en Bretagne. Moi je ne suis pas étonné que le loup soit de passage dans le Maine-et-Loire, qui plus est installé et qui plus est reproducteur."

Bon pour la biodiversité

Pour lui, l’absence de validation des signalements par l’OFB ne veut pas dire que loup n’est pas là. Son arrivée est même assez positive, si on y est préparé. "Aujourd’hui la présence des loups a été authentifiée en Bretagne, mais par où est-il passé ? Il n’a pas volé depuis les Alpes ! Il est passé dans le coin, et s'il s'est installé en Bretagne c’est qu’il s'est aussi certainement installé dans le coin. C’est positif pour la biodiversité. C’est bien qu’un super prédateur soit dans le coin d’autant qu’il y a surpopulation de sangliers et de chevreuils. Tant qu’ils restent sur du gibier sauvage, tout va bien, le jour où ils vont taper dans un troupeau de mouton... C’est pour ça que j’essaie d’interpeller les chambres d’agriculture et les chasseurs, il faut se préparer dès maintenant.

Naturaliste amateur dans les Mauges
Crédit : Emilie Plantard

Les éleveurs peuvent se prémunir des attaques du loup en renforçant les clôtures, grâce également aux chiens de troupeau.

Dans le Finistère, une dizaine d’attaques ont pu confirmer la présence du loup, la préfecture a activé un plan loup 2023 pour accompagner les éleveurs dans les mesures de protection.