Lamballe : un internat ouvert pour loger les saisonniers
Publié : 20 juillet 2022 à 9h43 - Modifié : 20 juillet 2022 à 9h46 par Alexandra BRUNOIS
Se loger reste souvent un vrai casse-tête pour de nombreux saisonniers, surtout sur le littoral... La Région Bretagne propose une solution : mettre à disposition des internats de lycées. Une expérimentation vient de démarrer à Lamballe et Dinard. Reportage de Yann Launay
Dans l'internat fraîchement rénové du lycée Henri Avril, à Lamballe, dans les Côtes d'Armor, on peut croiser par exemple Marouane, qui démarre un job d'été tout près, à la Cooperl, dans le conditionnement de la viande :
"J'habite sur le secteur de Rennes, j'aurais pas travaillé cet été je pense si je n'avais pas le logement, parce que je suis en train de passer le permis, sans permis c'est un peu compliqué d'avoir un travail quand on vit en campagne, donc je suis très content de cette opportunité. Je suis du matin : je fais 5h-13h, je pars d'ici vers 4h20, j'y vais à vélo et ça se passe très bien. Dans les chambres d'internat ils sont plusieurs par chambre, mais nous comme on n'est pas beaucoup, on a chacun notre chambre. On paie un loyer de 10 euros par nuit, ça fait à peu près 300 euros le mois. On s'achète notre nourriture, on se fait à manger. Franchement c'est vraiment sympa. Les personnes qui surveillent les lieux sont sympas, discutent beaucoup avec nous."
Ewen sans permis y trouve son compte
Ewen lui non plus n'a pas hésité à accepter un poste à la Cooperl, en découvrant cette possibilité de logement. Lui qui vit chez ses parents à Plancoët cherchait un job d'été avant de démarrer une formation de gardien de la paix :
"Je n'avais pas de permis donc pour les déplacements, c'était plus compliqué. Donc là, pouvoir dormir ici, prendre le vélo et directement arriver à l'usine le matin c'est très intéressant. Je vais avoir 300 euros de loyer à payer, ça me fera à peu près 1050 ou 1100 euros de côté derrière donc c'est suffisant pour un étudiant comme moi qui vit chez ses parents. C'est le même règlement que pour les lycéens, donc pas d'alcool, pas copains ramenés dans l'appartement... Mais bon, on va essayer de négocier avec les surveillants..."
La Cooperl prend en charge une partie du loyer
Les saisonniers versent une participation aux frais de logement, prélevé sur leur salaire par l'employeur, comme l'explique Mathieu Pecqueur, responsable des relations extérieures de la Cooperl :
"On offre ici une solution d'hébergement avec un service : on a un gardiennage, on a du nettoyage... En termes financiers il fallait qu'on se retrouve sur quelque chose d'équilibré, qui ne coûte pas à la collectivité, et qui permette à Cooperl et au salarié d'avoir une solution optimale pour tout le monde. Il y a un coût pour le salarié qui est d'environ 10 euros par jour, pour le reste de la prise en charge, c'est assumé par Cooperl."
Une solution compliquée à mettre en place
Une solution qui semble idéale pour les saisonniers comme pour les employeurs : on peut alors se demander pourquoi cette solution n'a pas été mise en œuvre plus tôt... Mais en fait c'est tout de même un peu plus compliqué qu'il n'y paraît, comme l'explique Fanny Chappé, conseillère régionale en charge du logement
"Les internats de lycées ne sont pas tous disponibles, déjà, donc il fallait que la Région fasse un inventaire de son patrimoine. Il y a certains territoires où les internats de lycée l'été sont utilisés pour des renforts de gendarmerie ou pour accueillir des techniciens sur des festivals, etc... Il faut trouver un dispositif qui permette un équilibre économique : il ne s'agit pas d'être rentable, mais il faut éviter de perdre trop, l'entreprise s'engage aussi. Les autres freins, c'est sur des questions purement réglementaires : il faut que les choses soient carrées, il faut des gardiens, il faut sécuriser le site, mais avec une convention telle qu'elle a été rédigée, il n'y aura pas de problème."
Le lycée hôtelier de Dinard lui aussi accueille des saisonniers depuis début juillet. Un bilan de cette expérimentation sera tiré cet automne, avec comme objectif de déployer le dispositif beaucoup plus largement dès l'an prochain.