Prix du lait : cet éleveur près de Cholet "réalise son rêve" en ne travaillant pas avec Lactalis
Publié : 3 mars 2024 à 7h00 par Tom ROSSI
Alors que le 60e Salon de l'agriculture ferme ses portes ce dimanche 3 mars après une semaine très tendue dans un contexte de grogne des agriculteurs, Nous sommes allés à la rencontre d'un éleveur du Maine-et-Loire qui "vit bien" en travaillant avec la coopérative "C'est qui le patron ?!" et non Lactalis.
Clap de fin pour la 60e édition du Salon de l’agriculture, à Paris, ce dimanche 3 mars. Un salon très mouvementé, en pleine crise du monde agricole : échauffourées, Emmanuel Macron hué et le stand de Lactalis envahi par des agriculteurs de la Confédération paysanne. Comme le 21 février au siège de la multinationale à Laval, ils dénoncent l'attitude du numéro mondial des produits laitiers lors des négociations en cours sur le prix du lait. Lactalis propose 420 € les mille litres, et les éleveurs en demandent 440 €.
"On peut faire autrement"
Loin de Paris, à Chanteloup-les-Bois, près de Cholet, Antoine Beduneau vend son lait environ 535 € à la coopérative "C’est qui le patron ?!" et la Laiterie Saint-Denis-de-l'Hôtel (LSDH). Pas question pour ce jeune éleveur installé depuis janvier de travailler pour Lactalis. "On peut faire autrement. J'ai la chance d'avoir un patron de laiterie vraiment porté sur le bien-être du producteur et de ses salariés. Je ne pense pas que le patron de Lactalis ferait ça. Dans notre petite laiterie, on arrive à bien vivre. Ce n'est pas normal qu'une aussi grosse laiterie comme Lactalis, qui a une panoplie de produits, ne puisse pas rémunérer au juste prix ses producteurs. Je n'arrive pas à comprendre !"
Mais alors, quel est le bon prix du lait ?
Est-ce possible d'en acheter à moins d'un euro ? "Seulement si le client se rend directement chez le producteur, répond l'éleveur de 29 ans. Sinon, il faut rémunérer plusieurs intermédiaires, de préférence correctement. En supermarché, le lait demi-écrémé "C'est qui le patron ?!" est à 1,27 €. Environ 0,54 € me revient et ce prix est excellent. Il me permet de réaliser mon rêve et d'en vivre. Je peux investir parce que les banques ne prêtent plus facilement. Cela me permettra d'offrir une meilleure qualité de vie à mes animaux."
Une reconversion réussie
Loin de ce que propose Lactalis, avec "C'est qui le patron ?!", ce sont les consommateurs qui votent pour un cahier des charges. Cela convient parfaitement à cet ancien agent logistique, heureux de co-gérer une exploitation de cinquante vaches.
"Élevé sans OGM, sans huile de palme, les vaches pâturent un maximum, utilisation de fourrages locaux... Tout le cahier des charges correspond à l'éleveur que je veux être et nous sommes reconnus. J'ai été faire une animation récemment dans un magasin : les consommateurs étaient très contents de nous voir et nous soutenir. C'est une fierté de voir que les gens sont réceptifs, nous écoutent et nous comprennent. Voir sur la brique de lait "Je rémunère au juste prix le producteur" c'est vrait et très gratifiant et je sais pourquoi je me lève tous les matins et pourquoi j'ai changé de métier. Je n'ai aucun regret."
Voici la paye du lait d'Antoine Beduneau en janvier:
29,59% de son lait est acheté par "C'est qui le patron ?!" et 70,41% par la Laiterie Saint-Denis-de-l'Hôtel, partenaire de CQLP.